[États-Unis] Les instituts de sondage démocrates admettent des « erreurs majeures » dans les sondages de l’élection 2020

Par Tom Ozimek
15 avril 2021 16:31 Mis à jour: 15 avril 2021 16:31

Un groupe de grands instituts de sondage du Parti démocrate a publié une déclaration publique mardi reconnaissant des « erreurs majeures » dans leurs sondages de 2020, tout en osant plusieurs théories qui, selon eux, pourraient expliquer ces bévues.

« En 2020, notre secteur a commis des erreurs majeures et n’a pas été à la hauteur de nos propres attentes », indique la déclaration d’ALG Research, Garin-Hart-Yang Research Group, GBAO Strategies, Global Strategy Group et Normington Petts.

La plupart des sondages réalisés avant l’élection de novembre ont surestimé l’avance de Joe Biden, alors candidat à la présidence, sur Donald Trump, alors président, et ont, dans certains États, prédit à tort que Joe Biden l’emporterait ou que la course serait serrée. Cela a suscité des commentaires critiques dans les médias après l’élection, certains affirmant que « les sondages semblent être irrévocablement défectueux », tandis que d’autres soutenaient que « l’industrie des sondages est une épave et devrait être démolie ».

Un électeur arrive dans un bureau de vote à Minneapolis, dans le Minnesota, le 3 mars 2020. (Stephen Maturen/Getty Images)

Les sondages étaient sous les feux de la rampe avant l’élection de novembre, alors que les articles d’Epoch Times soulevaient la question du phénomène des « électeurs timides » qui aurait provoqué une sous-estimation du soutien à Donald Trump.

Une moyenne des sondages sur l’élection présidentielle de 2020 à la veille du 3 novembre, compilée par FiveThirtyEight, montrait que Joe Biden avait une avance de 8,4 points de pourcentage sur Donald Trump, les résultats réels s’avérant par la suite être d’environ 4,4 points. De plus, dans les États républicains, Donald Trump a fait mieux que ce que prévoyaient les sondages, avec un écart stupéfiant de 6,4 points.

« Chacun d’entre nous pensait que les démocrates auraient une meilleure journée électorale qu’ils ne l’ont fait », ont écrit les cinq instituts de sondage dans le mémo. « Alors qu’est-ce qui a mal tourné ? »

Ils ont émis l’idée que plusieurs facteurs peuvent avoir contribué aux erreurs de sondage de 2020, « et il n’y a pas de réponse unique et définitive – ce qui rend la résolution du problème particulièrement frustrante ».

De manière générale, ils blâment les erreurs de participation et d’estimation, l’estimation étant « probablement le plus grand coupable dans la plupart des endroits ».

Des électeurs remplissent leur bulletin de vote dans des isoloirs à Concord, dans le New Hampshire, le 3 novembre 2020. (Joseph Prezioso/AFP via Getty Images)

On parle d’erreur de participation lorsque les sondeurs se trompent sur la composition de l’électorat, ce qui entraîne un mauvais calibrage des personnes qui se présentent effectivement pour voter par rapport à celles que les sondages prédisent.

À la suite d’une enquête sur les erreurs de sondage en 2016, lorsque les sondages montraient l’ancienne secrétaire d’État Hillary Clinton avec une avance d’environ 4 points de pourcentage, les sondeurs ont affirmé qu’ils avaient tous ajusté leurs protocoles de pondération pour s’assurer qu’ils avaient suffisamment d’électeurs blancs non universitaires dans leurs statistiques de participation. Mais si les sondages se sont améliorés dans les États bleus et dans certains swing states* comme la Géorgie et l’Arizona, « dans les régions plus républicaines, les données étaient souvent erronées, parfois de manière flagrante ».

* swing state : littéralement « État pivot », « État balançoire » ou « État bascule », un swing state est un État américain où aucun des deux partis politiques américains, le Parti démocrate et le Parti républicain, ne domine le vote populaire.

Les sondeurs ont constaté que leurs modèles surestimaient la participation des démocrates par rapport à celle des républicains.

« Parmi les électeurs à faible propension, c’est-à-dire les personnes dont on s’attend à ce qu’elles votent rarement, la part républicaine de l’électorat a dépassé les attentes à un rythme 4 fois plus élevé que la part démocrate », ont-ils déclaré, ce qui signifie que, là encore, les sondeurs ont sous-estimé la participation des électeurs ruraux et blancs non universitaires.

Des agentes électorales comptent les bulletins de vote par procuration dans un bureau de vote situé dans la caserne de pompiers de la ville de Beloit, près de Beloit (Wisconsin), le 3 novembre 2020. (Scott Olson/Getty Images)

Tout en soutenant que l’erreur d’estimation était le facteur le plus important, elles ont déclaré que la source « pourrait être une seule ou pourrait s’étendre à plus d’un million de choses différentes, et de nombreuses théories ont déjà été discutées, en privé et en public ».

L’une des théories est que les électeurs qui se sont décidés tardivement se sont rabattus sur Donald Trump, ce qui, selon les entreprises, a été un phénomène majeur en 2016, mais en 2020, cela « n’a probablement pas joué un rôle majeur ».

Une autre explication possible est la pandémie de Covid-19, ce qui peut avoir conduit les personnes qui sont restées à la maison à répondre au téléphone lorsque les enquêteurs les ont appelées, et ce dans une plus grande proportion que les personnes qui ne sont pas restées chez elles. On peut ainsi penser que les supporters de Donald Trump sont sortis plus souvent, tandis que les électeurs de Joe Biden se sont peut-être isolés chez eux.

« Peut-être que les électeurs ayant des attitudes plus progressistes sur le Covid-19 étaient non seulement plus susceptibles de porter des masques et de rester à la maison, mais aussi plus susceptibles de répondre à nos appels de sondage alors que les conservateurs restaient plus difficiles à atteindre », ont-ils écrit.

Enfin, il y a la théorie selon laquelle le déclin de la confiance sociale et de la foi dans les institutions a joué un rôle, amplifié par la présence de Donald Trump sur le front.

« Des enquêtes de haute qualité en sciences sociales suggèrent que la confiance des Américains les uns envers les autres est en baisse depuis des décennies », écrivent-ils, ajoutant que « Donald Trump a peut-être contribué à transformer cette situation en un problème pour les sondeurs en suscitant la méfiance des électeurs et en rendant ses plus ardents supporteurs encore plus méfiants envers les autres, les médias et peut-être même les sondages eux-mêmes. » Cela aurait rendu les supporteurs de Donald Trump moins enclins à répondre aux sondages, ont-ils fait valoir.

Une étude réalisée en août 2020 a montré que près de 12 % des électeurs républicains entrent dans la catégorie des « électeurs timides », ce qui signifie qu’ils seraient réticents à dévoiler aux sondeurs leurs véritables préférences.

Après sa victoire en 2016, Donald Trump a déclaré que sa confiance dans les sondages en a pris un sacré coup.

« Je suis allé voir ma femme. Je lui ai dit : ‘Bébé, je vais te dire. Nous n’allons pas gagner ce soir' », a déclaré Donald Trump à West Allis, dans le Wisconsin, en décembre 2016. « Les sondages sortent – j’ai toujours eu l’habitude de croire en ces choses. Je ne les crois plus maintenant », a déclaré Donald Trump.

Depuis lors, Donald Trump a remis en question à plusieurs reprises l’exactitude des sondages, allant jusqu’à affirmer qu’ils étaient intentionnellement manipulés pour influencer les élections.

Les instituts de sondage ont déclaré que, même s’il existe des preuves que certaines des théories qu’ils ont mentionnées ont joué un rôle, « aucun consensus sur une solution n’a émergé ».

Ils ont déclaré qu’ils allaient « se lancer dans un certain nombre d’expériences au cours de l’année » pour aller au fond des choses et trouver une explication plus solide aux erreurs.

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