La Chine a enregistré moins de 10 millions de naissances en 2022 soit son chiffre le plus bas depuis l’arrivée au pouvoir du régime communiste

Par Sophia Lam
23 octobre 2023 07:41 Mis à jour: 23 octobre 2023 07:41

Le nombre de naissances en Chine a baissé pour la sixième année consécutive l’année dernière, à son plus bas depuis 1949, année où le Parti communiste chinois (PCC) a pris le pouvoir en Chine. L’abandon de la tristement célèbre politique de l’enfant unique en 2016 n’a pas permis d’enrayer la baisse du nombre de naissances.

Le 12 octobre, la Commission nationale de la santé (CNS) du régime communiste chinois a fait état de 9,56 millions de naissances en 2022, soit un peu plus de la moitié du nombre de naissances de l’année précédente.

Selon les données officielles, 46,1 % des bébés nés en Chine l’année dernière étaient des premiers-nés, 38,9 % des naissances étaient des deuxièmes enfants et 15 % des troisièmes enfants ou plus.

Le régime chinois redouble d’efforts pour enrayer la tendance à la baisse qu’accuse sa population. Après la suppression de la politique de l’enfant unique en 2016, Pékin a encore assoupli ses politiques de planification familiale en 2021 afin d’encourager les gens à avoir plus d’enfants.

La politique de l’enfant unique, mise en œuvre de 1979 à 2016, aurait, selon le régime communiste, empêché quelque 400 millions de naissances entre 1979 et 2011, dont des millions par stérilisation forcée et avortements contraints ou forcés.

Mrs. Liu fled China to escape a forced abortion. She gave birth to her baby in Los Angeles on Dec. 2, 2011. (Jenny Liu/The Epoch Times)
Mme Liu a fui la Chine pour échapper à un avortement forcé. Elle a donné naissance à son bébé à Los Angeles le 2 décembre 2011. (Jenny Liu/Epoch Times)

Selon Jiang Quanbao, professeur à l’Institut d’études sur la population et le développement de l’Université Xi’an Jiaotong, dans une interview accordée à Yicai, un média d’État chinois, deux raisons majeures qui expliquent la baisse des naissances sont l’âge relativement avancé auquel les Chinois se marient et le fait qu’un plus grand nombre de personnes souhaitent rester célibataires et sans enfant.

À l’inverse, la population chinoise des retraités connaît une véritable explosion.

Les Chinois âgés de plus de 65 ans – surnommés la « marée grise » dans les médias chinois – représenteront 14,9 % de la population en 2022, et la société chinoise vieillit rapidement.

Un média d’État chinois a rapporté l’année dernière qu’il fallait s’attendre à la « plus grande marée grise jamais enregistrée » au cours de la prochaine décennie. Les Chinois nés dans les années 1960 ont commencé à prendre leur retraite en 2022, et l’on prévoit que 20 millions de personnes de cette tranche d’âge prendront leur retraite chaque année.

Les jeunes ont peur d’avoir des enfants

Face à la baisse significative et continue des naissances au cours des dernières années, le régime communiste chinois a mis en œuvre diverses mesures qui visent à stimuler la fertilité des femmes et à promouvoir la procréation. Selon les médias chinois, les jeunes filles de 15 ans reçoivent des suppléments d’acide folique et les femmes qui ne dépassent pas la cinquantaine bénéficient de l’assistance d’équipes médicales locales spécialisées dans la procréation.

Après cette publication, un grand nombre de citoyens chinois ont pris la parole sur les réseaux sociaux du pays et ont exprimé leur réticence à avoir des enfants, craignant souvent de ne pas avoir les moyens de les élever.

Un internaute du nom de « Love China E5 » a écrit : « Les jeunes qui veulent avoir des enfants devraient y réfléchir à l’avance : Dans les conditions actuelles en Chine, que pouvez-vous donner à vos enfants : le bien-être ou la souffrance ? »

A child receives a COVID-19 coronavirus vaccine at a school in Handan in China's northern Hebei province, on Oct. 27, 2021. (AFP via Getty Images)
Un enfant reçoit un vaccin contre le Covid-19 dans une école du Hebei (nord de la Chine), le 27 octobre 2021. (AFP via Getty Images)

Un autre internaute, « Good Fortune », regrette d’avoir eu un deuxième enfant. « J’ai du mal à joindre les deux bouts ; je n’aurais vraiment pas dû les mettre au monde pour qu’ils souffrent [comme moi] ! Je regrette tellement d’avoir eu un deuxième enfant. Ma femme a perdu son emploi après la naissance du deuxième enfant. Les dépenses de la vie courante augmentent chaque année, mais nos revenus stagnent ! La vie est très dure ! »

Un autre utilisateur de Weibo est consterné par les perspectives économiques de la Chine : « Que pouvons-nous faire, nous les gens du peuple ? L’économie se dégrade et nous nous appauvrissons. Nous n’avons aucune chance de gagner notre vie et nous ne pouvons pas nous permettre d’élever un enfant ».

Dès 2021, un blogueur se faisant appelé « Les Misérables » a publié un article dans lequel il évoque la « crise démographique » chinoise imminente.

« En apparence, il semble que [les jeunes] ne veulent pas avoir d’enfants, mais en réalité, c’est surtout qu’ils n’osent pas, et donc ils n’en veulent pas. (…) La question est de savoir pourquoi. »

Outre le problème du vieillissement de la population en Chine, le régime chinois fait état d’un taux de chômage des jeunes record de 21,3 % en juin. Selon le rapport du Forum macroéconomique chinois (CMF), la crise actuelle du chômage des jeunes pourrait persister pendant les dix prochaines années et « s’aggraver à court terme ».

Les mesures draconiennes du régime communiste en faveur du « zéro Covid » ont renforcé la crainte de la jeunesse à l’idée de voir naître et grandir des enfants dans une société aussi totalitaire.

Lors de la crise du Covid à Shanghai, un homme qui aurait refusé de se rendre dans un lieu d’isolement s’est vu signifier par la police que son acte pourrait avoir des conséquences sur sa famille pendant « trois générations ». Sa réponse a été la phrase : « Nous sommes la dernière génération ». Ce sentiment de « dernière génération » est partagé par un grand nombre de jeunes qui réclament plus de dignité face au régime du PCC, de sa politique de « zéro Covid » entre autres politiques draconiennes.

Xia Song et Mary Hong ont contribué à cet article.

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