La course mondiale à la domination technologique : un « signal d’alarme » pour les démocraties

Par Henry Jom
16 avril 2023 02:27 Mis à jour: 16 avril 2023 06:16

Selon un groupe de réflexion australien, il est temps pour les nations démocratiques de « passer à la vitesse supérieure » dans le domaine des innovations technologiques et de la concurrence stratégique, afin de vraiment rivaliser avec la Chine et reprendre l’ascendant.

Selon une étude de l’Australian Strategic Policy Institute (ASPI), Pékin domine 37 des 44 technologies clés, dont celles qui ont trait à la défense, à l’espace, la robotique, l’énergie, l’environnement, la biotechnologie, l’intelligence artificielle, les matériaux avancés et la technologie quantique clé.

Le rapport de l’ASPI précise que les dix instituts de recherche les plus importants du monde sont basés en Chine et que le régime communiste dont dépendent ces instituts publie neuf fois plus d’articles de recherche à fort impact que le « pays classé deuxième » sur la liste.

« Nos données révèlent un écart important entre la Chine et les États-Unis d’une part, qui sont les deux premiers pays de la liste, et tous les autres pays », indique le rapport de l’ASPI.

Les États-Unis sont actuellement devancés par Pékin dans la majorité des 44 catégories identifiées.

Les sept catégories dans lesquelles les États-Unis occupent la première place sont notamment le calcul à haute performance, l’informatique quantique et les vaccins.

A titre d’exemple, l’Australie est classée parmi les cinq premiers pays dans neuf technologies : la cybersécurité, l’extraction et le traitement des minerais critiques, les batteries électriques, l’hydrogène et l’impression 3D.

Toutefois, il ressort du rapport qu’un cinquième des articles significatifs publiés par Pékin sont le fait de chercheurs ayant été formés dans un des cinq pays anglophones majeurs de la planète, les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande.

« Au cours des cinq dernières années, 48,49 % des articles scientifiques ayant eu un impact important dans le secteur de l’aviation viennent de Chine, et sept des dix plus grands instituts de recherche du secteur y sont hébergés », indique le rapport.

Pékin occupe également la première place mondiale dans les technologies liées à la défense et à l’espace, selon le groupe de réflexion.

Selon l’ASPI, Pékin risque de « contrôler » l’approvisionnement mondial de certaines technologies critiques si celles-ci venaient à être produites dans ses usines.
« Ces risques sont exacerbés par la volonté du Parti communiste chinois (PCC) d’utiliser des techniques de coercition qui vont à l’encontre des règles décidées par la communauté mondiale, et dont le but est de punir certains gouvernements et certaines entreprises, par exemple en bloquant l’approvisionnement de ces technologies essentielles », peut-on lire dans le rapport.

« Le leadership de la Chine est le fruit d’une stratégie mûrement réfléchie et de la planification politique à long terme voulue par Xi Jinping et ses prédécesseurs.  »

Le plan de Xi Jinping pour dominer la technologie

En 2018, le PCC a dévoilé son projet « Made in China 2025 », avec pour objectif l’autosuffisance du pays dans dix secteurs technologiques d’ici 2025. Ce projet a par la suite été remplacé par une nouvelle planification « Normes chinoises 2035 ».

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Le président chinois Xi Jinping lors de la deuxième session plénière de la cinquième session du 13e Congrès national du peuple au Grand Hall du peuple à Pékin, Chine, le 8 mars 2022. (Andrea Verdelli/Getty Images)

Dans le cadre de ces « normes », le PCC veut dominer les technologies de pointe telles que l’intelligence artificielle (IA), l’informatique en nuage, l’IdO (internet des objets) et le big data. Le PCC veut également intensifier ses efforts et développer ses propres normes techniques pour les exporter à terme sur le marché international.

Les États-Unis ont accusé Pékin de ne pas respecter les règles d’une concurrence honnête et réciproque, et de continuer à voler les technologies de pays étrangers afin de servir leurs propres intérêts nationaux, à savoir devenir une puissance manufacturière de haute technologie.

En 2021, Pékin a surpris les services de renseignement américains en testant un missile hypersonique à capacité nucléaire ayant effectué un tour du monde, démontrant ainsi ses capacités technologiques. Pékin a toutefois nié avoir testé des armes hypersoniques.

En septembre 2022, l’administration Biden a adopté le U.S. CHIPS Act qui bloque l’accès chinois aux semi-conducteurs avancés et aux technologies de fabrication de puces, ce qui a eu pour effet d’intensifier la concurrence stratégique entre les deux pays.

À la suite de l’adoption de cette loi, le ministère américain du commerce a publié une note intitulée « Strategy for the CHIPS for America Fund  » (pdf) qui annonce un investissement de 50 milliards de dollars destiné à l’industrie nationale des semi-conducteurs et qui a pour but de renforcer la sécurité nationale et économique des États-Unis.

« Les communautés du renseignement ont un rôle essentiel à jouer pour aider les décideurs à prendre des décisions et pour renforcer les capacités [du secteur] », indique le rapport de l’ASPI.

« Les gouvernements du monde entier doivent travailler à la fois en collaboration et individuellement et plus généralement, pour rattraper la Chine, ils doivent accorder plus d’attention à ce centre mondial de l’innovation technologique et de la concurrence stratégique qu’est la région indo-pacifique ».

Ce que les pays démocratiques peuvent faire

Pour que les nations démocratiques occidentales puissent rattraper la Chine, un « saut technologique stratégique critique » est nécessaire.

L’ASPI a formulé 23 recommandations politiques que les nations démocratiques et leurs alliés peuvent mettre en œuvre « en collaboration et individuellement » pour contrer l’agressivité de Pékin.

Parmi ces recommandations figurent des innovations telles que la proposition de fonds souverains destinés à fournir du capital-risque, mais également des visas technologiques et des subventions de R&D entre pays alliés, ainsi que la revitalisation du secteur universitaire via des bourses destinées aux étudiants et technologues qui travaillent dans la recherche de pointe.

« Les communautés du renseignement ont un rôle essentiel à jouer pour aider les décideurs à prendre des décisions et pour renforcer les capacités [du secteur]. Nous recommandons notamment aux pays alliés, dont le Japon, de créer un centre d’analyse du renseignement axé sur la Chine et la technologie », indique l’ASPI.

« Bien que la Chine soit en tête, il est important que les démocraties prennent conscience de la puissante longueur d’avance dont elles bénéficient collectivement et de l’importance de sa force collective […] (par exemple, l’UE, la Quadrilatérale et AUKUS, pour n’en citer que quelques-uns). »

« Mais cette avancée collective ne sera pleinement réalisée qu’au prix d’une collaboration beaucoup plus étroite entre les différents partenaires et alliés, avec des investissements plus importants dans des domaines tels que la R&D, les talents et la commercialisation, et avec des stratégies de renseignement plus ciblées ».

« Le coût du rattrapage sera élevé, mais le coût de l’inaction pourrait être bien pire », écrivent les auteurs.

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