Opinion
L’importance de la Chine pour l’Iran

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif (à dr.), et son homologue chinois, Wang Yi, signent un accord à Téhéran, la capitale iranienne, le 27 mars 2021. Il s’agit du pacte de coopération stratégique de 25 ans - un partenariat qui, selon plusieurs analystes, renforce la dépendance économique de l'Iran envers Pékin.
Photo: AFP via Getty Images
En 2021, la Chine a officiellement désigné l’Iran comme son principal partenaire au Moyen-Orient à la suite de la signature du pacte de coopération stratégique de 25 ans entre les deux pays. La Chine dépend fortement du pétrole iranien et, en cas d’effondrement du régime iranien, elle pourrait en être une grande perdante.
« ‘L’accord stratégique’ implique une coopération économique, militaire et sécuritaire, même si les deux pays sont soumis à des sanctions américaines de différents niveaux », rapportait à l’époque Al Jazeera.
Cet accord n’est pas tombé du ciel. Le dirigeant chinois, Xi Jinping, est arrivé au pouvoir en 2013 et, trois ans plus tard, la Chine et l’Iran ont entamé des discussions.
« L’accord serait en préparation depuis la visite du président chinois Xi Jinping en Iran en 2016, qui a également convenu de multiplier par plus de dix leur commerce bilatéral pour atteindre 600 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie », a rappelé Al Jazeera.
« Il s’agirait d’un accord stratégique de grande envergure, incluant d’importants investissements chinois dans des secteurs clés de l’Iran, tels que l’énergie et les infrastructures, ainsi que la coopération militaire. »
La coopération militaire en est essentielle. À part l’armement de ses propres forces armées et celles de ses acolytes au Moyen-Orient, l’Iran fournit à la Russie, alliée de Pékin, le matériel nécessaire pour la guerre qu’elle mène en Ukraine, comme des drones d’attaque bon marché. En même temps, la Chine finance l’Iran et son industrie d’armement en achetant la majeure partie des exportations de pétrole et de gaz iraniens, nécessaires non seulement à l’économie chinoise, mais aussi à son armée.
Pont aérien chinois vers l’Iran
Des informations font état d’avions-cargos Boeing 747 chinois qui faisaient la navette entre la Chine et l’Iran. Ces avions désactivent leurs transpondeurs à l’approche de l’espace aérien iranien, les dissimulant ainsi aux sites web de suivi des vols civils, mais pas aux radars israéliens.
Quel est le fret transporté par ces Boeing 747 ? Lors des vols à destination de l’Iran, « la Chine envoie quelque chose qu’elle ne veut pas que le monde sache […] Il pourrait s’agir de munitions, de drones et, ce qui est assez improbable, il pourrait aussi s’agir d’armes nucléaires », a indiqué Gordon Chang, expert sur la Chine, en juin dernier.
Un Boeing 747 peut transporter une quantité importante de fret, et Air China en possède environ dix. Comme cet avion est considéré comme ancien et est en cours de retrait, beaucoup sont disponibles à bas prix sur le marché et le nombre réel de Boeing 747 dont dispose la Chine n’est pas connu. Le transport aérien stratégique est un domaine où l’armée chinoise n’est pas encore assez avancée. La Chine possède environ 80 avions Y-20. Elle possède également une quarantaine d’IL-76, livrés par la Russie au début des années 2000.
Les achats chinois de produits énergétiques soutiennent l’Iran
Il est clair que le régime iranien est devenu dépendant de la consommation chinoise de ses produits énergétiques. D’après Kpler, société spécialisée sur l’analyse des marchés des matières premières, environ 90 % des exportations énergétiques iraniennes sont destinées à la Chine. Ce pétrole est considéré comme étant sous sanctions et est acheté par de petites raffineries chinoises, en violation des sanctions.
Le régime chinois a commencé à se concentrer sur les achats de pétrole iranien illicite en 2022, car il pouvait l’obtenir à des prix très réduits et le payer en yuans, ce qui pousse davantage l’Iran dans la consommation des produits chinois. Sans les achats de la Chine, l’économie iranienne, déjà fragile, aurait d’énormes problèmes, ce qui fragiliserait le régime iranien.
Une question logique se pose : si ce pétrole est sanctionné, pourquoi son transport n’est-il pas bloqué ?
En réalité, il y a une différence entre sanctions et application des sanctions. Un élément clé de cette application pourrait être la marine américaine, qui pourrait intercepter les pétroliers de la flotte fantôme utilisés par l’Iran à la sortie des détroits d’Ormuz ou de Malacca, près de Singapour. Cependant, la marine américaine est confrontée au manque de quantité adéquate de navires et à des missions mondiales trop lointaines.
Un autre problème réside dans le fait que de nombreuses sanctions s’appliquent à des pétroliers de la flotte fantôme individuels, qui peuvent facilement être revendus, renommés ou changer de pavillon par des sociétés-écrans. Une suggestion consisterait à reformuler les sanctions afin de cibler les prestataires de services, tels que les courtiers, les États du pavillon et les sociétés de classification.
Claire Jungman, analyste de l’ONG United Against a Nuclear Iran, a précisé : « Si on détermine l’ensemble de la flotte fantôme et d’agents impliqués, cela créerait un environnement où la capacité de l’Iran à contourner les sanctions deviendrait non viable. »
La Chine courrait de grands risques en cas d’effondrement du régime iranien
Le régime iranien se compose principalement du Guide suprême Ali Khamenei, du président Masoud Pezeshkian et du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI). On ignore qui dirige actuellement le CGRI vu la campagne israélienne incessante qui vise ses dirigeants.
Le mois dernier, des dizaines de membres restants de la haute direction du CGRI se sont rassemblés dans ce qu’ils pensaient être une réunion secrète dans une cachette en montagne, mais Israël a attendu leur rassemblement avant de frapper, les éliminant tous.
La Chine, de son côté, est considérée comme la grande perdante si le régime iranien s’effondre ou subit un soulèvement populaire. Le premier facteur est la perte de prestige. Depuis l’accord de 2021 avec l’Iran, Pékin a officiellement désigné l’Iran comme son partenaire dominant au Moyen-Orient. Si le triumvirat au pouvoir mène le régime iranien à sa chute, le régime du Parti communiste chinois (PCC) perdrait son allié régional clé.
La deuxième préoccupation est le fait que le PCC ne dispose plus d’un mandataire de confiance à la tête des acolytes iraniens du Hamas, du Hezbollah ou des Houthis. Les deux premiers sous-acolytes ont été largement éliminés, mais le troisième reste relativement viable et peut encore créer des problèmes dans le point d’étranglement maritime vital de la mer Rouge, ce qui pourrait être utilisé contre les pays européens dépendant de cette voie maritime.
La troisième, l’Iran, financé par la Chine, agit également comme fabricant d’armes pour le compte de Pékin, ce qui a joué un rôle important pour approvisionner la Russie en matériel de guerre tout en offrant un démenti plausible quant à l’implication du régime chinois dans la guerre en Ukraine.
Le dernier point est probablement le plus important pour l’État-parti chinois. Il a besoin du pétrole iranien et il n’aurait pas beaucoup de sources alternatives pour remplacer la totalité du pétrole bon marché fourni par l’actuel régime iranien.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

e colonel (retraité) John Mills a longtemps travaillé pour les services de sécurité nationale américains, sous cinq périodes : la guerre froide, les dividendes de la paix, la guerre globale contre la terreur, le monde de chaos, et maintenant la compétition entre les grandes puissances. Il est l'ancien directeur de la Politique de la cybersécurité, de la Stratégie et des Affaires internationales au Département de la Défense. ColonelRETJohn sur GETTR, Daily Missive sur Telegram
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