La directive « secret des affaires », dénoncée par Élise Lucet, votée hier au Parlement Européen (+vidéo)

17 juin 2015 08:34 Mis à jour: 18 octobre 2015 11:05

 

Avec comme prochain objectif d’atteindre les 500 000 signataires (elle en compte aujourd’hui 323 000), la pétition lancée le 4 juin par Élise Lucet contre la directive du « secret des affaires » n’a pu empêcher hier le vote du texte, par 19 voix pour, deux contre et trois abstentions. Son adoption plénière aura lieu dans les prochains mois à la Commission européenne.

De l’autre côté de la barre, il s’agit pour la Commission Européenne de mettre un cadre législatif afin de protéger les entreprises européennes de l’espionnage industriel.

« Aujourd’hui, nous avons posé la première pierre d’un socle juridique européen commun pour lutter contre l’espionnage industriel et protéger l’innovation, tout en préservant les libertés fondamentales, au premier rang desquelles la liberté d’expression et d’information » a indiqué l’eurodéputée française Constance Le Grip (PPE, droite) à l’origine du texte.

Mais pour Élise Lucet, journaliste à France 2 et rédactrice en chef de Cash Investigation, le texte pourra être détourné pour les patrons d’entreprise et utilisé contre le journalisme d’investigation.

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En effet selon la journaliste « sous couvert de lutte contre l’espionnage industriel, ce texte va considérablement freiner le travail d’investigation économique. ». Par exemple son enquête sur Philip Morris montrant le lobby très fort des cigarettiers dans les coulisses du monde politique, ne sera bientôt plus possible car elle sera considérée comme portant atteinte au secret des affaires – dans cette émission l’équipe de journalistes s’est procurée 650 pages de documents secrets pour en informer le grand public.

La journaliste et présentatrice cite également le cas de son confrère journaliste Edouard Perrin qui a fait les frais d’une loi semblable récemment, dans l’affaire LuxLeaks. Il a été mis en examen pour avoir dévoilé des « milliers de documents secrets montrant que le Luxembourg a mis en place un vaste système d’évasion fiscale en faisant du dumping pour attirer des grandes entreprises avec la complicité d’un grand cabinet d’audit international ».

D’où l’importance de ne pas censurer un journalisme d’investigation qui arrive encore à montrer les failles d’un système financier abusif, des failles à mettre à la connaissance du grand public mais aussi du monde politique, qui, quand il n’est pas impliqué, n’est pas plus au courant.

On notera que l’autre extrême peut aussi être condamnable, c’est à dire du journalisme abusif où tout ce qui fait la vie privée doit absolument être dévoilé au nom de la liberté de la presse.

Des sujets bien plus importants ont besoin de l’investigation de journalistes chevronnés, comme par exemple les prélèvements d’organes forcés en Chine, qu’Epoch Times rapporte depuis 2006. Des hôpitaux militaires chinois se servent des prisons ou des camps de travaux forcés comme banques d’organes vivantes au très lucratif marché mondial de transplantation d’organes. La collaboration médicale entre les hôpitaux français et chinois, entre les firmes pharmaceutiques, les entreprises de matériel médical, etc. a permis la formation et l’installation des chirurgiens chinois afin de pouvoir réaliser de telles opérations.

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Les prisons et camps de travaux forcés, pris comme banques d’organes sont pour la plupart remplis par des centaines de milliers de Chinois pratiquant une méthode bouddhiste appelée Falun Gong, et dont Jiang Zemin a décidé à titre personnel l’interdiction en 1999. Les corps après l’intervention chirurgicale seraient ensuite incinérés afin d’effacer toutes preuves du délit – comme le cas des 36 hôpitaux de type Sujiatun révélés en 2006 par l’avocat chinois des droits de l’homme Gao Zhisheng (en prison depuis). Une actualité peu connue et suivie en France, à cause notamment de l’interdiction de la liberté d’exercer le métier de journaliste en Chine… d’où l’importance de continuer de la défendre.

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