La guerre hybride de la coalition dirigée par la Chine

Par Antonio Graceffo
22 avril 2024 16:03 Mis à jour: 22 avril 2024 16:03

La récente découverte du soutien du régime chinois aux exportations illégales de fentanyl – la drogue qui tue chaque jour plus de 200 personnes seulement aux États-Unis – illustre clairement la guerre hybride menée par Pékin et son bloc d’alliés contre l’Occident, avant tout contre l’Amérique en tant que première puissance occidentale.

La guerre hybride implique l’utilisation d’armes non conventionnelles (biologiques, chimiques, nucléaires, etc.), de guerres par procuration, de tactiques de guérilla, du terrorisme, de « boucliers humains », de la guerre de l’information, incluant des campagnes de désinformation et de la cyberguerre qui visent à déstabiliser et à infliger différents dommages aux adversaires.

Outre la guerre hybride, la formation de coalitions est un autre outil de la compétition entre grandes puissances qui est aujourd’hui activement utilisée par la Chine. Depuis le début de la guerre russo-ukrainienne, les relations entre Pékin et Moscou se sont bien intensifiées. Pékin soutient la Russie sur le plan économique et lui fournit des fonds, des équipements militaires et à double usage.

Les autres alliés qui ont rejoint l’axe créé sous le patronage du Parti communiste chinois (PCC) sont l’Iran et la Corée du Nord, ainsi que des acteurs non étatiques tels que les talibans, dont Pékin a accepté les lettres de créance diplomatiques, ainsi que les groupements du Hamas, du Hezbollah et les houthis entraînés et soutenus par l’Iran. En outre, une multitude d’acteurs étatiques et non étatiques malfaisants, y compris des milices soutenues par la Russie, opèrent au Moyen-Orient et en Afrique.

Le PCC et ses alliés excellent dans la guerre hybride, chacun possédant un ensemble distinct de compétences. L’influence économique de la Chine et ses compétences en matière de cyberguerre peuvent potentiellement perturber les marchés et les infrastructures des pays occidentaux. La grande maîtrise des campagnes de désinformation par la Russie lui permet de semer la discorde au sein de la population de ces pays. En même temps, les capacités de l’Iran et de la Corée du Nord en matière de missiles constituent une menace persistante qui nécessite le détournement des ressources occidentales.

Toutes ces tactiques sont conçues pour infliger des dommages importants sans recourir à un conflit armé direct avec les puissances occidentales, ce qui représente un défi qu’elles pourraient avoir du mal à relever, compte tenu de leur suprématie en armements conventionnels.

Parmi les exemples concrets de guerre hybride, on peut citer le soutien apporté par l’Iran et la Russie aux armées de leurs acolytes en Syrie, en Irak, au Yémen et en Afrique. Des groupements comme le Hamas, le Hezbollah et les houthis emploient des tactiques de guérilla et de terrorisme tout en utilisant des boucliers humains. En outre, la Russie et le régime chinois se sont activement engagés dans la guerre de l’information, menant des campagnes de désinformation en ligne pour influencer l’opinion publique en faveur de l’agression de Moscou contre l’Ukraine et pour obtenir le soutien au Hamas dans la guerre à Gaza. En outre, tous les principaux membres de cet axe mènent des cyberattaques de plus en plus sophistiquées contre les États-Unis et autres pays occidentaux.

Pékin soutient l’Iran, l’un des principaux fournisseurs de pétrole de la Chine, et serait en train de fournir à Téhéran de la technologie en armement. À son tour, l’Iran soutient ses acolytes houthis qui perturbent la logistique du transport maritime en ciblant les navires marchands dans la mer Rouge. Les houthis ont conclu un accord avec la Chine et la Russie en s’engageant à ne pas prendre pour cible les navires de ces pays.

La guerre est déjà en cours, qu’elle soit officiellement reconnue ou non. Toutefois, elle n’est pas encore perdue pour l’Occident tandis que le bloc dirigé par le PCC est moins unifié que le bloc dirigé par l’Amérique. Les alliés des États-Unis, y compris l’Union européenne, le Royaume-Uni, l’Australie et le Canada, partagent des liens historiques profonds. Ils ont également des langues et des cultures similaires, ainsi qu’un héritage chrétien commun. En outre, des alliés tels qu’Israël, Taïwan, la Corée du Sud, le Japon et les Philippines entretiennent de bonnes relations avec les États-Unis et comptent souvent sur leur protection contre des agresseurs potentiels, en particulier la Chine ces derniers temps.

Plusieurs pays autocratiques figurent parmi les alliés de l’État-parti chinois. De par leur nature même, les régimes autocratiques sont généralement moins enclins à coopérer et à trouver un terrain d’entente que les États démocratiques. Si la Chine et la Corée du Nord partagent certaines similitudes, la Russie et l’Iran ont peu de points communs avec la Chine. Aucun de ces quatre pays ne partage une langue commune et leurs dirigeants n’ont pas les mêmes objectifs.

Xi Jinping cherche à remodeler l’ordre international conformément à sa vision – et ce, en accordant à la Chine le rôle dominant dans le monde. Vladimir Poutine, quant à lui, cherche à consolider son pouvoir au sein de l’espace qu’il considère sous son contrôle, aspirant probablement à l’étendre en réabsorbant des territoires qui faisaient autrefois partie de l’Union soviétique et de l’ancien empire russe. La Corée du Nord nourrit l’ambition d’envahir la Corée du Sud. Bien que le PCC puisse pencher en faveur d’une péninsule coréenne unifiée sous la domination de Pyongyang, il est également possible que ce scénario n’arrange pas tellement Xi Jinping. Le soutien de Pékin aux sanctions contre le programme d’armes nucléaires de Pyongyang témoigne de son intention probable d’empêcher l’émergence à sa frontière d’une Corée du Nord puissante et dotée de l’arme nucléaire.

Enfin, l’Iran, cette théocratie musulmane, cherche à propager sa révolution islamique dans tout le Moyen-Orient. Cependant, étant donné que la Chine et la Russie ont brutalement réprimé leurs propres populations musulmanes – les Ouïghours au Xinjiang et les wahhabites en Tchétchénie – il semble peu probable que Xi ou Poutine soient prêts à entrer en guerre pour réaliser les ambitions de l’ayatollah Khomeini.

La cohésion du bloc dirigé par Pékin pourrait vaciller en cas de guerre, surtout si cette guerre implique l’Amérique et ses alliés. Le seul accord de défense mutuelle que la Chine a conclu est celui avec la Corée du Nord, tandis que Pékin retient généralement Pyongyang de provoquer des conflits avec la Corée du Sud et le Japon. La Russie, occupée par la guerre qu’elle mène en Ukraine, risque de provoquer l’intervention de l’OTAN si elle agresse la Pologne ou les pays baltes. Bien que cela ne doive pas arranger Moscou, un conflit direct entre la Russie et l’OTAN offrirait à Téhéran et à Pékin des opportunités stratégiques pour faire avancer leurs objectifs respectifs.

Il n’est pas encore certain que les conflits actuels dégénèrent en une confrontation militaire de grande ampleur. Toutefois, une chose est claire : le bloc dirigé par le PCC persistera dans sa guerre hybride, ses campagnes de désinformation, ses guerres par procuration et son harcèlement général – et ce, dans le but de déstabiliser, de diviser et d’affaiblir l’Occident sans provoquer une grande guerre directe.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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