TRADITIONS CHINOISES

La méthode de lutte contre la corruption laissée en exemple par un Empereur chinois

mars 23, 2017 6:25, Last Updated: mars 24, 2017 4:29
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Xi Jinping, le président chinois, a fait la une des journaux ces deux dernières années pour sa campagne drastique de lutte anti-corruption qui a discipliné des dizaines de milliers de fonctionnaires chinois comptant parmi eux des dizaines de cadres supérieurs du Parti.

Mais même si le Parti accumule aveux sur aveux soustraits à d’anciens fonctionnaires en larmes, les arrestations de masse et la torture arbitraire sont des solutions loin d’être pérennes pour résoudre les profonds problèmes de culture politique.

La méthode donnée en exemple par Yongzheng dans la dynastie Qing (1644-1911) entre 1722 et 1735 était plus complète et organique, prenant en compte une approche globale de la société par rapport au problème et mettant en place des réformes de grande portée qui épurèrent les politiques à chaque niveau.

Quand Yongzheng arriva au pouvoir, il hérita de l’empereur précédent, Kangxi, un empire puissant- mais miné par les factions et des privilèges excessifs, surtout chez les Mandchous, qui avaient conquis la Chine, instauré la dynastie Qing, et formé leur propre élite impériale.

Alors que Kangxi lui-même avait été un dirigeant hautement capable, ayant mis en œuvre de nombreuses politiques efficaces au cours de ses 60 années de règne, les nobles ne respectaient pas ses tentatives de centralisation du pouvoir. Il aurait fallu les mettre au pas pour éviter qu’ils ne se partagent le pouvoir et fomentent des rébellions. Yongzheng fut à même de poursuivre l’œuvre de Kangxi, et géra cette situation en appliquant dans sa politique les traditions philosophiques.

Une diligence de principe

En tant que prince, Yongzheng avait été travailleur, cultivé, et très préoccupé par la moralité de l’empire. Il portait un intérêt profond aux traditions philosophiques et religieuses de la Chine, ce qui allait façonner sa politique impériale.

S’établir en tant qu’homme de principes et de foi n’était pas pour Yongzheng juste une question de préférence personnelle, mais aussi une nécessité politique. Yongzheng n’était que l’un des 24 fils de Kangxi, et son ascension sur le trône était controversée au sein de la noblesse mandchoue. Par ailleurs, les Han Chinois qui dépassaient largement en nombre toutes les autres ethnies y compris les Mandchous ne faisaient pas confiance à la dynastie étrangère tandis que les enseignements de Confucius à propos de la famille, l’éthique, et l’art de gouverner étaient équivalents à la nation chinoise elle-même. De plus, l’intérêt de Yongzheng pour le bouddhisme était très conforme à la culture spirituelle chinoise.

« Portrait de l’empereur Yongzheng en habit de Cour » peint par des artistes anonymes, règne de Yongzheng (1723—1735). (Domaine public)

En respectant ces systèmes traditionnels, Yongzheng fut capable de combler les différences entre Mandchous et Hans. Durant ses 13 années de règne, il écrivit en grand nombre de longs commentaires mettant l’accent sur l’importance de l’enseignement confucéen et de la moralité tels qu’énoncés dans le livre «Réorienter les Mandchous » de Pei Huang. Les écrits de Yongzheng furent condensés dans « Instructions Amplifiées sur le Décret Sacré », qui devint le matériau d’étude requis pour les nobles et les fonctionnaires du gouvernement tous groupes ethniques confondus.

Assainir les finances de la Chine

Yongzheng n’en restait pas à des paroles, il savait les traduire en actes. Pour assainir l’administration et la noblesse, il épura leurs comptabilité en faisant respecter des règlements fiscaux afin de mettre fin aux déficits et de s’assurer que les dettes seraient payées en temps opportun. A la fin de son règne, les ressources nationales en argent s’élevaient à 60 millions de taels.

De façon peut-être un peu moins admirable, Yongzheng poursuivit ses frères, mécontents de le voir sur le trône, en confisquant leurs biens et en les envoyant en exil ou en prison. Parallèlement toutefois, Yongzheng se fit largement connaître pour avoir assaini l’administration et puni les corrompus, ce qui contribua à améliorer la vie du Chinois moyen.

Améliorer le sort du paysan

L’amélioration des politiques fiscales aidèrent Yongzheng à faire prospérer la société en général. À la campagne, il changea un système fiscal millénaire qui tenait compte des personnes et non des terres. En basant les nouveaux taux d’imposition sur la valeur des terres, il facilita la vie des pauvres agriculteurs qui possédaient peu ou pas du tout de terres. Parallèlement, l’empereur investit des fonds pour reconstruire des zones rurales appauvries qui avaient été endommagées par les rébellions survenues au cours de la dynastie précédente.

Yongzheng abolit également une caste de bas niveau comparable aux « Intouchables » de l’Inde. Autrefois considérés comme des citoyens de seconde zone, ces gens appelés les « indignes » acquirent le même statut que les autres sujets de l’empire. Bien qu’en réalité il fallut beaucoup plus de temps pour éliminer la discrimination, la législation de Yongzheng offrit à ceux qui étaient autrefois appelés les indignes, des opportunités dans le monde du travail et dans la société, chose jusque là impensable.

Mise en place d’une bureaucratie puissante et juste

La noblesse mandchoue à laquelle Yongzheng et son père Kangxi appartenaient jouissait de nombreux privilèges. A l’époque de Yongzheng, la dynastie Qing avait à peu près 80 ans d’existence et l’aristocratie elle-même était devenue plus complexe que jamais – la rivalité entre Yongzheng et ses nombreux frères pour le trône démontrait la gravité de cette crise imminente.

Le nouvel empereur institua une bureaucratie forte, assurant que les nobles suivraient les mêmes normes. Ainsi donc, l’empire pouvait être gouverné efficacement. La bureaucratie consolidée, la primauté du droit fût dès lors assurée par les fonctionnaires qui obtenaient leurs postes grâce au système des examens contrairement aux aristocrates.

Un aspect important des réformes de Yongzheng est que Mandchous et Chinois Han devinrent égaux devant la loi. Comme l’énonça Pei Huang : « Yongzheng a discipliné les aristocrates, bureaucratisé le système de bannières, restreint les privilèges judiciaires des Mandchous, et a ordonné aux administrateurs provinciaux de sanctionner les contrevenants quelle que soit leur ethnie d’origine. »

En même temps, l’intégration continue des Mandchous, y compris leur contact accru avec le confucianisme encouragé par Yongzheng, leur a permis de garder leur place de minorité dirigeante de l’empire Qing encore près de deux cents ans après la mort de Yongzheng.

Éradiquer la corruption et établir une vraie stabilité demande un effort authentique de réforme globale de la société. Comme nous l’avons vu précédemment, c’est précisément ce que fit Yongzheng. Il a régné entre deux des plus grands empereurs de la Chine, Kangxi, qui prit le trône en 1662, et Qianlong, qui gouverna 64 ans jusqu’à sa mort en 1799. Ces 140 et quelques années furent considérées comme l’âge d’or de la dynastie Qing.

 

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