Mélanie, surveillante tuée au couteau à Nogent : ce que l’on sait

Par Epoch Times avec AFP
10 juin 2025 17:16 Mis à jour: 13 juin 2025 18:17

Mélanie, surveillante, est décédée mardi peu après avoir été poignardée par un élève de 14 ans lors d’un contrôle des sacs devant un collège à Nogent (Haute-Marne), suscitant une émotion immense dans les sphères éducatives et politiques.

Le Président Emmanuel Macron a évoqué « un déferlement de violence insensé ». « La Nation est en deuil et le gouvernement mobilisé pour faire reculer le crime », écrit le chef de l’État sur X.

La victime, Mélanie, assistante d’éducation au collège Françoise-Dolto de Nogent, âgée de 31 ans, a été touchée « par plusieurs coups de couteau » vers 08h00, « à l’arrivée des élèves, au moment d’un contrôle visuel des sacs en présence de la gendarmerie », a précisé le rectorat dans un communiqué. Elle n’a « malheureusement pas survécu à ses blessures ».

« Ambassadeur harcèlement » au collège, il a été exclu deux fois pour violences

L’adolescent, « un collégien de 14 ans qui n’avait pas d’antécédents judiciaires », a été immédiatement maîtrisé par les gendarmes présents, a rapporté le procureur de Chaumont Denis Devallois, précisant qu’un gendarme a été légèrement blessé.

Le suspect a été placé en garde à vue.

« C’est un jeune d’une famille dont les deux parents travaillent, qui ne présente pas de difficultés particulières, qui était ambassadeur harcèlement », a déclaré sur place la ministre de l’Éducation Élisabeth Borne, soulignant que « ses professeurs sont totalement sidérés de ce qui a pu se produire ».

L’adolescent avait tout de même été « l’objet en début d’année de deux exclusions temporaires pour perturbation de la classe », a-t-elle précisé après avoir rencontré des enseignants et élèves. D’après Le Figaro, le jeune avait été exclu en début d’année scolaire suite à des violences commises au sein de l’établissement en novembre 2024. Il aurait porté un coup de poing sur un camarade et fait une tentative d’étranglement sur un autre.

La ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Élisabeth Borne (à dr.), s’entretient avec une adolescente et sa mère, proches de la victime, après son arrivée au collège où une surveillante a été tuée par un élève lors d’une fouille de sac à Nogent, le 10 juin 2025. (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN/AFP via Getty Images)

L’académie de Reims a déployé une équipe mobile de sécurité et mis en place une cellule de soutien psychologique. Les cours ont été suspendus mardi et mercredi.

De nombreux véhicules des secours et de la gendarmerie stationnent toujours devant le collège à la mi-journée, ont constaté des journalistes de l’AFP, qui ont vu des élèves sortir des bâtiments où ils étaient confinés.

« Quelqu’un de très souriant, très gentil » et maman d’un petit garçon

La surveillante, ancienne coiffeuse qui travaillait au collège depuis septembre, était maman d’un petit garçon, selon Aurore, l’une de ses cousines. « C’était quelqu’un de très souriant, très gentil, la douceur incarnée, Mélanie », a-t-elle témoigné, déposant une rose.

Nora, une voisine de l’établissement qui connaissait la victime, a confié à l’AFP être « très peinée ». « Aujourd’hui, ça arrive à Nogent, mais ça peut arriver n’importe où ».

Ce contrôle de sacs était « prévu de longue date » conjointement avec la gendarmerie, « dans le cadre de la circulaire Retailleau-Borne », a précisé le rectorat à l’AFP.

Des contrôles aléatoires ont été mis en place après une rixe en mars qui avait provoqué la mort d’un jeune devant un lycée en Essonne. Le ministre de l’Intérieur avait alors promis davantage de « dissuasion et de sanctions » aux abords des établissements scolaires.

Mme Borne a évoqué « des annonces que le Premier ministre pourra faire dans les prochaines heures », « notamment sur une meilleure régulation de la vente de ces armes blanches ».

« Une dérive de la société »

Les députés ont observé mardi une minute de silence dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale en hommage à la surveillante décédée à Nogent et aux deux pompiers morts ensevelis sous les décombres d’un immeuble dans l’Aisne.

Ces deux drames illustrent « le dévouement des uns, au mépris de tous les risques, et l’évolution de la société dans laquelle nous vivons », a déclaré ensuite le Premier ministre François Bayrou. Le drame de Nogent « n’est pas seulement un fait isolé, c’est une dérive de la société », a-t-il ajouté.

Les députés observent une minute de silence en mémoire de la victime après qu’un élève de 14 ans a mortellement poignardé une surveillante au collège Françoise-Dolto de Nogent, le 10 juin 2025. (GEOFFROY VAN DER HASSELT/AFP via Getty Images)

François Bayrou avait assuré vouloir faire un « ennemi public » du fléau « des armes blanches chez nos enfants ».

Fin mai, la vice-présidente de l’Assemblée Naïma Moutchou, qui a remis à M. Bayrou un rapport sur la détention d’armes blanches par des mineurs, estimait qu’elle est devenue « un phénomène » concernant « n’importe quel territoire » et des profils variés.  Elle évoquait notamment des élèves souhaitant « se défendre » lorsqu’ils sont harcelés, mais aussi ceux qui sont « dans une logique de rixes, de bandes » ou ceux qui ont « des terrains psychologiques fragiles ».

Marine Le Pen a déploré sur X la « banalisation de l’ultraviolence, encouragée par l’apathie des pouvoirs publics à y mettre fin ». « Pas une semaine sans qu’un drame frappe l’école », a écrit la dirigeante du parti à la flamme, réclamant sur X « une réponse politique ferme, implacable et déterminée face au fléau de la violence des mineurs ».

À gauche, entre autres réactions, le député François Ruffin a fait part de son émotion et estimé que « le fléau des armes blanches entre à l’école, il y a urgence ».

L’agression a également choqué au sein de la communauté éducative.

Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées, a exprimé son émotion mais aussi sa « colère de penser qu’une AED (assistante d’éducation, NDLR) était ainsi exposée, alors même que les AED ont une mission éducative et non pas de vigiles devant les établissements ».

« Notre collègue (…) faisait simplement son métier en accueillant les élèves à l’entrée de l’établissement », a souligné Élisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du syndicat SE-Unsa, estimant que « tout ne sera jamais sécurisable et c’est bien sur la prévention que la réflexion doit être menée ».

Le ministère de l’Éducation nationale a indiqué mardi qu’entre le 26 mars et le 23 mai, 6000 contrôles ont entraîné la saisie de 186 couteaux, et 587 conseils de discipline ont eu lieu au total pour détention de couteaux.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.