Alors que les voitures électriques patinent déjà, les camionnettes électriques se vendent aussi très mal, a alerté mercredi le patron européen du groupe Stellantis en appelant l’Europe à assouplir ses objectifs de verdissement des flottes d’entreprises.
« Nous sommes à quelques mois d’un drame », a prévenu Jean-Philippe Imparato, agitant le spectre de fermetures de sites lors d’une visite de l’usine de son groupe à Hordain (Nord).
« Si je paie ce malus, je crashe des usines »
Stellantis dit risquer 2,6 milliards d’euros d’amende sur trois ans, d’ici fin 2027, si le marché reste à son niveau actuel de 9% d’utilitaires électriques. L’objectif fixé par l’Europe est d’environ 13% en 2025 et 24% en 2027, selon Stellantis.
« Tout le monde me dit ‘t’inquiètes, tu ne les paieras pas’. Mais jusqu’ici j’ai juste des déclarations. Le sentiment d’urgence n’est pas là », a poursuivi Jean-Philippe Imparato. « Si je paie ce malus, je crashe des usines, c’est écrit », car il faudra in fine limiter la production de véhicules diesel, a-t-il expliqué.
La règlementation de l’UE néfaste à la production de voitures bon marché
Vieux loup de l’industrie automobile, ex-dirigeant de Peugeot et d’Alfa Romeo, Jean-Philippe Imparato emboîte le pas de John Elkann et de Luca de Meo : début mai, le président de Stellantis et le patron de Renault ont demandé à l’UE de simplifier en urgence sa réglementation.
Ils estiment qu’elle l’empêche de proposer des voitures bon marché et menace à moyen terme leur production sur le sol européen.
L’UE fait un pas pour éviter aux constructeurs des amendes en 2025
L’Europe a déjà fait un pas en confirmant fin mai un délai accordée aux constructeurs pour atteindre plus progressivement leurs objectifs d’électrification, afin de leur éviter des amendes en 2025.
À Hordain, une grande usine lancée en 1994, 2600 salariés fabriquent des centaines de petits utilitaires chaque jour sur une base unique pour les marques du groupe, Citroën, Peugeot, Fiat ou Opel, mais aussi pour Toyota.
Stellantis domine le marché européen des utilitaires, ces véhicules basiques et très rentables.
La demande reste « forte » selon le groupe et Hordain tourne aujourd’hui en trois équipes avec des samedis travaillés en période de forte activité. Stellantis compte y accélérer sa production en 2025 et atteindre 155.000 unités.

Les autres usines d’utilitaires du groupe sont à Atessa (Italie), Vigo (Espagne), Ellesmere Port (Royaume-Uni, concerné par ses propres objectifs CO2), Rüsselsheim (Allemagne) et Gliwice (Pologne).
UE : objectif de ventes 100% électriques en 2035
La Commission européenne a fixé un ambitieux objectif de ventes 100% électriques en 2035 pour les voitures neuves mais aussi pour les camionnettes des professionnels, petites et grandes.
Gourmandes en diesel, celles-ci représentent 3% des émissions européennes de CO2.
Les utilitaires électriques et hybrides rechargeables ont connu une forte progression au premier trimestre (+32,6%) en Europe, selon l’association des constructeurs européennes (ACEA).
Mais cette hausse ne profite qu’à des pays avec un fort pouvoir d’achat comme le Danemark ou l’Autriche, ou à la France, où la fiscalité leur est avantageuse.
Les PME hésitent à franchir le pas
Et les ventes d’électriques restent limitées : ces modèles ne représentaient que 8,7% des ventes européennes au premier trimestre.
Les professionnels, surtout les PME, hésitent à franchir le pas. Les incertitudes économiques ont globalement déprimé le marché des utilitaires (-12,2% sur un an au premier trimestre), les modèles électriques restent chers à l’achat même s’ils sont vite rentabilisés, et les bonus à l’achat sont instables.
Le souhait de nouvelles mesures
Jean-Philippe Imparato ne remet pas en cause l’échéance de 2035 mais il souhaite notamment le regroupement de la comptabilité CO2 des voitures et des utilitaires, pour qu’ils se compensent.
Il réclame aussi une prime à la casse de nouvelle génération, qui permettrait de récompenser les constructeurs qui remplacent des véhicules de plus de 10 ans par un véhicule neuf et moins polluant, même s’il n’est pas électrique.
Stellantis effectue une volte-face par rapport aux positions de son ancien directeur général Carlos Tavares. Et il tire le premier : les constructeurs allemands n’ont pas pris position sur le sujet.
Pour Xavier Bertrand, le président (LR) de la région Hauts-de-France, en visite à Hordain, « pendant des années, Bruxelles a mis des bâtons dans les roues de l’industrie automobile, il est temps que ça change ».
M. Imparato a donné rendez-vous en novembre pour une mise à jour sur les prévisions de production des usines européennes pour 2026.
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