Paris : une journaliste agressée lors d’une manifestation en soutien aux militants propalestiniens du navire « Madleen »

Par Emmanuelle Bourdy
10 juin 2025 18:16 Mis à jour: 10 juin 2025 18:25

Éléonore Bailly, journaliste de France Info, a été agressée en plein direct ce lundi 9 juin en fin d’après-midi à Paris. Elle couvrait la manifestation soutenant les douze militants propalestiniens de la « Flottille de la liberté », bateau qui a été intercepté par Israël. Condamnant l’incident, la direction de France Info a décidé de « débrancher l’équipe du terrain ».

Le Madleen, qui transportait notamment l’eurodéputée LFI Rima Hassan et l’activiste suédoise Greta Thunberg, a été intercepté ce lundi par Israël alors qu’il tentait de rallier le territoire palestinien assiégé. Une manifestation de soutien au navire humanitaire a été organisée le même jour sur la place de la République à Paris. Mais vers 18 heures, la journaliste Éléonore Bailly qui couvrait l’événement a été prise à partie par l’un des manifestants.

« Facho », « France Info désinformation »

Alors qu’elle décrivait l’ambiance de la manifestation organisée par La France insoumise (LFI), un homme a commencé à invectiver la journaliste, la traitant de « facho » et criant « France Info désinformation ».

Malgré tout, la reporter a tenté de poursuivre sa mission, indiquant la présence de « beaucoup de drapeaux palestiniens, beaucoup de keffiehs » lors de cette manifestation et soulignant par ailleurs une « présence policière discrète ». Tout en parlant, elle a tenté d’éloigner d’un bras l’individu qui continuait de l’invectiver.

Puis Éléonore Bailly a disparu du champ de la caméra, l’individu en question lui ayant saisi le bras pour la tirer violemment de côté. Alors qu’elle n’était plus face à la caméra, on l’entendait crier à son agresseur : « Non mais ça va bien oui ! »

Juste après l’incident, la direction de France Info a décidé de « débrancher l’équipe du terrain ». « Bien heureusement, les personnes en charge de la sécurité sur place sont intervenues rapidement, ce qui a permis d’éviter que l’agression ne dégénère davantage », a précisé dans un communiqué publié ce 10 juin sur X la Société des journalistes de France Info (SDJ), ajoutant que l’équipe a été raccompagnée jusqu’à son véhicule.

« Une grave atteinte à la liberté de la presse »

France Télévisions a indiqué que sa reporter allait « porter plainte ». « Elle a été agrippée, insultée, bousculée, et empêchée d’exercer son métier. L’agresseur a ensuite continué à menacer de la frapper », a détaillé le communiqué de la SDJ, dénonçant : « S’en prendre à une journaliste dans l’exercice de ses fonctions est inadmissible. C’est une grave atteinte à la liberté de la presse. »

« Nous nous interrogeons sur le climat qui rend possible de tels actes. Sur la manière dont certains discours politiques entretiennent une défiance envers les journalistes, jusqu’à faire d’eux des cibles », a-t-elle encore pointé. Réalisant combien cette « hostilité » se « banalise », la SDJ a qualifié cet environnement d’« anxiogène ». « Il est urgent que cette dérive soit reconnue et combattue collectivement », a-t-elle conclu dans son communiqué.

La journaliste profondément choquée

Muriel Pleynet, la directrice de France Info, a de son côté confirmé auprès du Figaro que la journaliste avait bel et bien été « attrapée par le bras ». « Heureusement cela en est resté là, mais elle est choquée, ainsi que le reste de l’équipe », a-t-elle ajouté.

De prime abord, France Info avait estimé que cette manifestation ne présentait pas de risque et de ce fait, aucun « dispositif de sécurité » n’avait été prévu. « Mais cela va devenir une vraie interrogation. On va devoir y réfléchir avant chaque rassemblement », a encore signifié Muriel Pleynet, mentionnant qu’habituellement, un tel dispositif est mis en place lors « de manifestations avec des risques de débordements, de présence de black blocks ou de personnes alcoolisées ».

Sur X, de nombreux internautes ont réagi à cette agression. C’est le cas de la journaliste Jeanne Baron. « Soutien à ma consœur », a-t-elle écrit sur le réseau social, poursuivant : « Subir des invectives et des agressions alors que nous faisons notre travail ne devrait pas être toléré. C’est absolument scandaleux. »

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