Attentat de la rue des Rosiers : un deuxième suspect mis en examen, plus de 40 ans après les faits

Par Epoch Times avec AFP
4 juillet 2025 16:40 Mis à jour: 4 juillet 2025 18:24

Le deuxième suspect mis en examen en avril dans l’enquête sur l’attentat de la rue des Rosiers, qui avait fait six morts en 1982 à Paris, est suspecté d’avoir caché des armes pour le commando.

Cet homme, H. T., né en février 1960 à Qalqilya (aujourd’hui en Cisjordanie occupée), vit en France depuis le début des années 1980.

Sous surveillance depuis de longues années

D’après des éléments de l’enquête obtenus par l’AFP, il est dans le radar des services de renseignement depuis de longues années, mis en cause par des témoins.

Le 10 avril, H. T a été mis en examen par le juge antiterroriste pour complicité, par fourniture de moyens, d’assassinats et de tentatives d’assassinats, puis placé sous contrôle judiciaire.

Le 9 août 1982, six personnes tuées et 22 blessées

Le 9 août 1982, six personnes ont été tuées et 22 blessées dans l’explosion d’une grenade dans le restaurant Jo Goldenberg puis dans une fusillade dans le quartier du Marais, perpétrée par un commando de trois à cinq hommes.

Mais les auteurs de l’attentat ont disparu, dissimulés au Proche-Orient et en Europe sous de fausses identités, selon La Croix. Les principaux suspects se sont réfugiés en Jordanie et en Syrie, deux pays qui refusent de collaborer avec la justice française, dans un contexte régional particulièrement tendu. Dès 1983, le juge Jean-Louis Bruguière, chargé de l’enquête, se heurte ainsi à de nombreux blocages diplomatiques.

L’ancien juge d’instruction chargé des affaires antiterroristes Jean-Louis Bruguière à Paris, le 30 juin 2014. (BERTRAND GUAY/AFP via Getty Images)

L’attentat a depuis été attribué au Fatah-Conseil révolutionnaire (Fatah-CR) d’Abou Nidal, groupe palestinien terroriste dissident du mouvement terroriste Organisation de libération de la Palestine (OLP).

« Envoyé à Paris » par le groupe terroriste palestinien Abou Nidal

Lors d’un interrogatoire le 6 mai, le juge a indiqué à H. T. : « Vous apparaissez comme un ancien membre (…) d’Abou Nidal, ayant été envoyé à Paris par l’organisation, en 1980, comme étudiant, en réalité en charge de la gestion des caches d’armes que le groupe terroriste avait constituées », à Paris et en périphérie.

Ces charges « émanent de sources différentes », « échelonnées dans le temps » et « apparues dès 2008 », a précisé le magistrat instructeur.

« Sur la base de vagues témoignages »

« Personne ne m’a envoyé, je suis venu tout seul ici », a répondu H. T., ajoutant : « Je n’ai rien caché, Monsieur. »

« La mise en examen de H. T., plus de 40 ans après les faits et à moins de quatre mois de la clôture de l’information judiciaire, est une illustration parfaite des dérives de la justice antiterroriste », ont commenté auprès de l’AFP ses avocats, Me Juliette Triquet et Florian Godest Le Gall.

« Il fait office de voiture-balai et clame son innocence. L’institution, craignant un procès sans accusé, s’est montrée prête à (l’)impliquer – au dernier moment – sans le moindre élément matériel, sur la base de vagues témoignages », ont-ils dénoncé.

Le principal suspect Abou Zayed mis en examen fin 2020

En 2015, la justice française franchit une étape décisive en émettant des mandats d’arrêt internationaux à l’encontre de trois membres présumés du commando, selon nos confrères de La Croix. Il s’agit de Mouhamad Souhair Al-Abassi, considéré comme le chef de l’opération et réfugié en Jordanie ; de Mahmoud Khader Abed Adra, logisticien et instructeur au tir, localisé en Cisjordanie ; et de Walid Abdulrahman Abou Zayed, suspecté d’être l’un des tireurs, établi en Norvège.

En juin 2015, la Jordanie procède à l’arrestation de l’un des suspects, mais refuse son extradition en octobre, estimant que les faits sont prescrits après 34 ans. La Norvège, en revanche, accepte en 2020 d’extrader Walid Abdulrahman Abou Zayed, devenu citoyen norvégien, précise encore La Croix.

Dans ce dossier, le principal suspect, surnommé Abou Zayed placé en détention provissoire, a été mis en examen fin 2020 pour assassinats et tentatives d’assassinats. Il est soupçonné d’être l’un des tireurs de l’attentat, ce qu’il conteste.

Enfin un procès

L’avis de fin des investigations a été signé mardi 10 juin par un juge d’instruction antiterroriste du tribunal judiciaire de Paris. Cet acte de procédure ouvrait un délai d’un mois pour le Parquet national antiterroriste (Pnat) pour prendre ses réquisitions et pour les observations des parties, avant la décision finale du magistrat instructeur sur la tenue ou non d’un procès, devant la cour d’assises spéciale.

Le Parquet national antiterroriste doit faire connaître ses réquisitions prochainement.

Cette étape, quatre décennies après les faits, était très attendue des victimes et leurs familles.

« Quarante-trois ans après les faits, les familles des victimes peuvent enfin espérer un procès », s’est félicité Me Alain Jakubowicz, qui défend certaines parties civiles.

« Les parties civiles se réjouissent de l’aboutissement de cette information judiciaire qui n’a que trop duré », a ajouté Me Romain Boulet, autre avocat en partie civile. « Elles regrettent néanmoins un procès imparfait », a-t-il ajouté, rappelant que d’autres « mis en cause restent libres à l’étranger et risquent d’échapper à toute poursuite ».

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