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Le « moine PDG » de Shaolin, berceau du kung-fu, fait l’objet d’une enquête criminelle

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Shi Yongxin (à dr.), abbé du temple Shaolin, vice-président de l'Association bouddhiste de Chine et président de l'Association des bouddhistes de la province du Henan, quitte le Grand Palais du Peuple après avoir assisté à l'Assemblée nationale populaire à Pékin, en Chine, le 8 mars 2017.

Photo: Lintao Zhang/Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Le chef du temple Shaolin en Chine, berceau légendaire du kung-fu et du bouddhisme zen, a été placé sous enquête pour des délits criminels présumés, selon le monastère.
Shi Yongxin, qui a occupé le poste d’abbé pendant plus de 25 ans, est soupçonné d’avoir « détourné des fonds destinés à des projets et des biens du temple », a indiqué l’autorité du temple dans un communiqué publié le 27 juillet sur son compte officiel WeChat.
Le moine de 60 ans est également accusé d’avoir enfreint les préceptes bouddhistes en « entretenant des relations inappropriées avec plusieurs femmes sur une longue période » et en étant le père d’au moins un enfant illégitime, selon l’avis.
Dans un communiqué daté du 28 juillet, l’Association bouddhiste chinoise, un organisme contrôlé par l’État qui supervise les activités bouddhistes, a annoncé avoir approuvé une décision de révoquer le certificat d’ordination de M. Shi, un document officiel de son statut monastique.
« Les actions de Shi Yongxin sont extrêmement mauvaises, portant gravement atteinte à la réputation du bouddhisme et à l’image des moines », a déclaré la plus haute autorité bouddhiste du pays.
M. Shi était vice-président de l’association depuis 1998.
Le temple Shaolin, situé à Zhengzhou, au centre de la Chine, est l’un des monastères bouddhistes les plus réputés du pays et du monde. À l’origine lieu de pratique spirituelle, cet ancien temple a subi d’importantes transformations sous le règne du Parti communiste chinois (PCC).
Aujourd’hui, le temple Shaolin est une entreprise mondiale, qui compte de multiples entreprises, dont une société de cinéma et de télévision, une académie de peinture, une maison d’édition et une troupe d’arts du spectacle, toutes créées par M. Shi, qui a acquis la réputation de « moine PDG ».
Outre ses activités commerciales, M. Shi a occupé plusieurs postes administratifs en Chine. En 1998, il a été nommé à l’Assemblée populaire nationale, un organe législatif contrôlé par le Parti, dont notamment Jiang Zemin, alors président de la République populaire de Chine, poste qu’il a occupé pendant 20 ans.
Selon un article publié en 2015 dans le magazine économique chinois Caixin, M. Shi entretenait des relations étroites avec Jiang Zemin, Li Changchun, chef du Parti du Henan, et Zhao Puchu, président de l’Association bouddhiste. C’est sous les ordres de M. Zhao que M. Shi a transformé le temple Shaolin en un empire commercial, précise le rapport.
En août 2018, le sanctuaire bouddhiste a organisé sa toute première cérémonie de lever du drapeau, suite à l’ordre du PCC d’arborer le drapeau national rouge sur les lieux de culte. C’est la première fois en quelque 1500 ans d’histoire que le temple affichait officiellement une position politique.
Sous la direction de M. Shi, le temple Shaolin a établi des centres culturels aux États-Unis, en Australie et dans plusieurs pays européens. Selon un rapport de juillet 2024 du Global Times, un média d’État, le nombre total de centres culturels Shaolin à l’étranger a dépassé les 200 entités.

Shi Yongxin, abbé du temple Shaolin, rencontre des visiteurs à Dengfeng, province du Henan, Chine, le 24 août 2006. (China Photos/Getty Images)

Initialement nommé Liu Yingcheng, M. Shi est entré au temple Shaolin en 1981 et en est devenu l’abbé à la fin des années 1990, selon le site officiel du temple.
Au cours de la dernière décennie, M. Shi a été impliqué dans de multiples scandales de détournement de fonds et d’activités sexuelles illicites. En 2015, par exemple, il aurait entretenu des relations avec plusieurs femmes, dont des religieuses et des croyantes, et aurait engendré deux enfants illégitimes.
Le 27 juillet, la nouvelle selon laquelle M. Shi était sous enquête est rapidement devenue un sujet tendance sur Weibo, la version chinoise de X.
Quelques heures avant l’annonce de l’autorité du temple, un message intitulé « avis de police » a circulé sur Weibo, affirmant que les autorités locales avaient intercepté M. Shi alors qu’il tentait de fuir aux États-Unis avec ses maîtresses et ses enfants. Les responsables de la police locale ont alors démenti cette information, la qualifiant de « fausses nouvelles ».
Le dernier message de M. Shi sur son compte officiel Weibo, mis à jour quotidiennement et comptant plus de 880.000 abonnés, date du 23 juillet, message dans lequel il partage son interprétation des enseignements bouddhistes.
Nichole Hao et Annie Wu ont contribué à la rédaction de cet article.