La politique identitaire : le nouveau totalitarisme

7 novembre 2018 22:31 Mis à jour: 7 novembre 2018 22:33

Par RICHARD M. EBELING

Tyran de votre esprit, le « politiquement correct » vous impose une police de la pensée pour vous surveiller, vous avertir et éventuellement vous punir pour les mots que vous utilisez, ainsi que les idées que vous véhiculez et mettez en application.

Alors que de nombreuses personnes se concentrent sur les prochaines élections américaines et sur le parti politique qui détiendra la majorité au Congrès, il y a une lutte politique beaucoup plus dangereuse et profonde qui se déroule aux États-Unis. On l’appelle « la politique identitaire », basée sur l’identité ethnique et autres, et si ses partisans réussissent, elle menacera le fondement même de la liberté en Amérique.

Aussi imprévisible et incomplète soit-elle, l’histoire de l’Amérique est l’histoire d’une grande expérience de liberté humaine. Les pères fondateurs ont jeté les bases de la Déclaration d’indépendance, qui accorde à toute personne le droit à la vie, à la liberté et à la recherche du bonheur.

Tout au long de l’histoire, l’humanité a vécu sous diverses formes de commandement et de contrôle gouvernementaux, sous lesquels le citoyen ordinaire vivait un statut d’esclave, de serf ou sous une certaine forme de coercition du pouvoir politique.

Cependant, la Révolution américaine a contesté toutes ces prémisses et présomptions. Le gouvernement devait garantir le droit de chacun à la vie, à la liberté et à la propriété acquise honnêtement, et la protection contre la violence, la fraude ou le vol d’autrui.

Le gouvernement devait être le protecteur de la liberté personnelle et non un facilitateur du pillage par ceux qui détiennent le pouvoir politique ou qui vivent des dépenses et du favoritisme du gouvernement.

Le marxisme et le rejet des leçons de l’histoire par la gauche

Au XXe siècle, cet idéal individualiste a été remis en question par diverses formes de collectivisme – la principale, qui dominait, étant le marxisme socialiste. Dans la mentalité marxiste, les individus étaient submergés dans des catégories arbitrairement délimitées, soit les « capitalistes » et les « ouvriers », et cela les inscrivait inévitablement dans le « conflit des classes ».

Une grande partie de cette vision du monde a perdu sa pertinence et sa légitimité avec la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’Union soviétique au début des années 1990.

Cependant, beaucoup de partisans de la gauche politique n’ont pas pu se réconcilier avec une réalité qui a démontré que les sociétés capitalistes de marché libre donnent avec succès à l’humanité des degrés de liberté et de prospérité plus élevés que jamais dans l’histoire humaine. En outre, ce socialisme soviétique en pratique n’a conduit qu’à la tyrannie, à la terreur et à la stagnation.

Plutôt que d’accepter ces leçons historiques, ils ont boudé dans les couloirs de l’enseignement supérieur et ont conçu un nouveau collectivisme pour essayer de refaire la société. Il était difficile de continuer à chanter « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » pour renverser le système capitaliste quand tant de « travailleurs » étaient devenus depuis longtemps des membres prospères de la classe moyenne et jouissaient de l’utilisation et de la possession de divers types de propriété privée.

Ceux qui étaient encore considérés comme pauvres ne voulaient rien d’autre que devenir eux-mêmes de la classe moyenne, et peut-être qu’avec un peu d’industrie, de talent et un peu de chance, ils deviendront eux-mêmes riches – membres du fameux « un pour cent » de la population.

La recherche par la gauche de nouvelles identifications de « l’oppression » et « l’abus »

Où étaient donc « l’oppression » et « l’exploitation » ? Qui sont donc les oppresseurs privilégiés, et qui sont les victimes et les pénalisés ? C’est ainsi que la politique identitaire a vu le jour…

Comme les marxistes avant eux, les pratiquants de ce nouveau collectivisme et esprit de clan ont insisté sur le fait que trop de personnes dans la société pensent à tort qu’elles sont libres alors qu’en fait, elles sont opprimées et « marginalisées ». Les victimes de « l’ordre établi » (« l’establishment ») ne savaient pas, selon les marxistes, à quel point elles étaient réellement non-libres et défavorisées.

Cette idée a pu se perpétuer grâce à leur vision d’une terre de liberté peuplée d’individus. Ainsi, selon cette doctrine, la liberté individuelle n’existerait pas vraiment puisqu’il y a une classe dirigeante raciste et sexiste d’hommes blancs de sexe masculin qui ont utilisé le système capitaliste pour exploiter et abuser des « personnes de couleur », des femmes et des personnes d’orientation sexuelle non traditionnelle.

Votre vie, ont insisté les partisans de la politique identitaire, est inséparable et n’a pas de sens réel, si ce n’est un sens conscient de qui vous êtes, fondé sur votre identité raciale et ethnique, votre choix d’identité sexuelle et votre sentiment sexuel d’être gai ou hétérosexuel, ou un peu des deux.

Les individus se définissent comme devant vivre dans une société libre et entreprennent de bâtir celle-ci

Aujourd’hui, nous sommes tous des individus qui, dès la naissance, ont un bagage biologique de race et de sexe. Nous avons tous grandi dans des familles et des communautés reflétant les cultures, les coutumes, les valeurs et les croyances qui ont entouré et influencé nos années de formation et qui ont continué de nous influencer durant tout le reste de notre vie. Il serait stupide d’ignorer ou de nier cela.

Au cours de l’histoire de l’humanité, ces choses sont trop souvent devenues des étiquettes qui nous ont conditionnés pendant une grande partie – sinon la totalité – de notre vie. Elles ont fini par nous définir et nous limiter par le pouvoir politique et la législation.

La caractéristique des principes fondateurs américains était qu’en dépit des incohérences, des contradictions et des hypocrisies de l’histoire du pays, l’individu était considéré et souvent traité et respecté comme étant libre de se définir et de s’identifier de manière à donner une valeur et un sens à son séjour sur cette terre. Le système politique était destiné à garantir – et il l’a souvent fait – la liberté individuelle qui lui permettrait de vivre sa vie comme il l’entendait.

Tout au long de l’histoire de l’Amérique, sa philosophie politique de l’individualisme a servi d’idéal et de référence pour guider les paroles et les actions du peuple. Elle a servi de miroir moral pour jeter régulièrement un regard en arrière et leur indiquer, au fur et à mesure de leur évolution, où et comment leur réalité dérogeait de leur propre norme de liberté et de justice. Cette philosophie politique de l’individualisme les a poussés à s’amender continuellement et à pratiquer plus pleinement ce qu’ils prêchaient. Et c’est ainsi qu’au cours des nombreuses années et décennies de l’histoire du pays, l’aspiration à l’individualité a forgé la culture américaine.

La politique identitaire en tant que groupements tribaux pour le contrôle politique

Au lieu de cela, les partisans de la politique identitaire ont insisté sur le fait que les principes de l’individualisme politique n’ont pas été pleinement mis en œuvre et pratiqués. Cela démontre que c’était une ruse, un mensonge, une fausse conscience pour amener les victimes d’abus et les défavorisés à accepter leur oppression et leur victimisation aux mains des hommes blancs, de la classe dominante.

Il ne s’agit pas de suivre et de mettre en œuvre l’idéal individualiste dans une plus grande mesure et de manière plus complète. Non, la leçon, selon eux, est de rejeter l’idée même comme fausse et corrompue. Le nouveau monde que les partisans de la politique identitaire veulent créer et nous contraindre à adopter, nous confinerait et nous obligerait à nous conformer à leurs catégories de race, de sexe et d’orientation sexuelle.

Dans son essence fondamentale, il s’agit d’un appel au retour à un tribalisme grossier et contraignant. Êtes-vous blanc, noir, hispanique, asiatique ou amérindien ? Êtes-vous un homme ou une femme, non pas sur la base de la biologie, mais sur la base d’une préférence subjective et d’une identification collective, ou êtes-vous les deux ? Êtes-vous homosexuel ou hétérosexuel, ou ni l’un ni l’autre, ou les deux ?

Aujourd’hui, dans une société libre, un individu, bien qu’il soit incapable d’échapper complètement à sa biologie et à son histoire familiale et communautaire personnelle, jouit d’une assez grande latitude et liberté pour déterminer qui il est en termes de sens, de valeur, de but et de sens de soi.

Les autres membres de cette société libre peuvent ou non toujours accepter ou comprendre qui et comment vous vous voyez vous-même. Cependant, l’individu dispose d’un « espace » pour en déterminer une bonne partie par lui-même. Dans une société vraiment libre, vous pouvez essayer d’être qui vous voulez avec peu ou pas d’ingérence ou d’interdictions de la part d’un gouvernement limité qui est régi par cette philosophie politique de liberté personnelle.

Les nouveaux totalitaires sur nos esprits, nos corps et nos actions

Ce n’est pas le type de « politique identitaire » que ses partisans ont à l’esprit. Ils veulent vous imposer leurs notions de ces catégories et classifications, à vous et à tous les autres membres de la société. Leur étiquetage sera donc utilisé dans le cadre d’un processus politique pour déterminer vos possibilités d’éducation et d’emploi, les revenus et les parts redistributives que les classificateurs politiques de l’identité considèrent comme étant les récompenses justes et « de justice sociale » que vous méritez ou non.

Ils menacent aussi d’être les tyrans de votre esprit. Le « politiquement correct » de la politique identitaire insiste sur l’imposition d’une police de la pensée pour vous surveiller, vous avertir et potentiellement vous punir pour les mots que vous utilisez, les formulations et les connotations exprimées et les idées articulées et appliquées lorsque vous discutez au sujet de personnes, de lieux, d’actions et d’événements.

Le test décisif utilisé est un lexique linguistique évolutif qui définit les mots ou les idées racistes, sexistes et homophobes qui doivent être purgés et épurés afin que le langage soit conforme au monde considéré par le partisan de la politique identitaire comme étant exempt de préjugés et de « privilèges ».

Nous le constatons déjà dans la société américaine, où les gens parlent souvent comme s’ils « marchaient sur des œufs », craignant qu’un mot ou une phrase, une plaisanterie ou un double sens ne soit considéré comme raciste ou sexuellement abusif, oppressif ou « marginalisateur » d’un groupe minoritaire désigné comme « opprimé ».

Si la politique identitaire triomphe en Amérique, si ceux qui l’épousent peuvent dominer et finalement contrôler la vie, la langue, les actions et les associations humaines par lesquelles les gens mènent leur existence sociale, le résultat final sera un nouveau totalitarisme tribal sur notre esprit, notre corps et nos êtres mêmes. Cette idéologie politique sera comparable en fait de tyrannie et de terreur à celles vécues au cours des 100 dernières années sous le communisme soviétique et le nazisme.

Aussi important et pertinent que puisse être le résultat de la prochaine élection politique en Amérique, il ne s’agit que d’un aspect et d’un élément de cette bataille plus vaste pour les esprits, les âmes et la liberté future de chacun dans notre société.

Richard M. Ebeling est professeur émérite de BB&T en éthique et en leadership de la libre entreprise au Collège militaire The Citadel, à Charleston, en Caroline du Sud.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles dEpoch Times.

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