L’affaire Bétharram « difficile » pour François Bayrou : « rien n’a été fait », accusent les victimes

Une statue de la Vierge Marie tenant l'enfant Jésus exposée près du « beau rameau », un collège et lycée catholique français à Lestelle-Bétharram, dans le sud-ouest de la France, le 21 février 2025.
Photo: GAIZKA IROZ/AFP via Getty Image
Le collectif des victimes de violences à Notre-Dame-de-Bétharram reproche vivement au Premier ministre François Bayrou son manque d’action concrète, malgré ses engagements publics.
Cette réaction fait suite aux propos tenus samedi par le chef du gouvernement, qui a qualifié cette affaire d’épisode « difficile » et « dégueulasse » pour sa famille.
Alain Esquerre, porte-parole du collectif et auteur d’un ouvrage sur ce scandale, a publié dimanche un communiqué cinglant : « Il est surtout dégueulasse que, malgré les engagements pris, rien n’ait été fait. » Le collectif dénonce l’absence de mesures effectives depuis les révélations concernant cet établissement catholique des Pyrénées-Atlantiques.

Le porte-parole des victimes de l’école Bétharram, Alain Esquerre, s’adresse à la presse après une réunion avec le procureur de la République de Pau au palais de justice de Pau, le 27 février 2025. (GAIZKA IROZ/AFP via Getty Images)
Un dossier sensible pour François Bayrou
François Bayrou entretient des liens personnels étroits avec Notre-Dame-de-Bétharram : plusieurs de ses enfants y ont été scolarisés et son épouse y a dispensé des cours de catéchisme. Cette proximité a alimenté les accusations, qui lui reproche d’avoir dissimulé sa connaissance des violences sexuelles perpétrées pendant des décennies dans l’établissement.
La commission d’enquête parlementaire qui l’a auditionné le 14 mai dernier a pointé un « défaut d’action » de sa part lorsqu’il occupait le poste de ministre de l’Éducation nationale dans les années 1990.
Des promesses non tenues selon les victimes
Interrogé samedi dans l’émission « C à vous », François Bayrou a dénoncé ce qu’il considère comme un « tribunal politique ». Il a affirmé que cette affaire constituait « la seule chose difficile » vécue durant ses neuf mois à Matignon, alors qu’il fait face à un vote de confiance décisif lundi à l’Assemblée nationale.
Suite aux révélations, le gouvernement avait annoncé plusieurs mesures : un plan de lutte contre les violences dans les établissements privés sous contrat et un renforcement des contrôles. Les victimes, reçues par le Premier ministre en février, jugent toutefois ces promesses « lettre morte ».
Le collectif déplore notamment l’absence de création d’un fonds d’indemnisation et l’inexistence du « conseil des victimes » évoqué lors de l’audition parlementaire. Concernant le plan gouvernemental annoncé, les victimes estiment qu’il « doit encore être évalué pour en mesurer l’efficacité ».
L’ampleur du scandale : 217 plaintes pénales
« Alors que François Bayrou insiste sur les souffrances vécues par sa famille, le collectif rappelle que la véritable urgence reste celle des victimes, toujours en attente de reconnaissance, de réparation et de soutien psychologique », souligne le communiqué.
À la fin du mois de juillet, le collectif avait recensé 217 plaintes pénales liées à l’affaire Bétharram, dont une centaine concernent des faits à caractère sexuel.
Avec Afp

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