L’agence Fitch sanctionne l’étatisme et l’absence de réformes en France

Par Nicolas Lecaussin
2 mai 2023 18:55 Mis à jour: 2 mai 2023 18:55

C’était prévisible. L’agence de notation financière internationale Fitch a annoncé avoir abaissé la note de la France à « AA- ». Nombreux sont les médias et les commentateurs qui voient dans cette dégradation la conséquence des manifestations contre la réforme des retraites ou tout simplement le résultat direct de cette réforme.

En réalité, Fitch sanctionne l’absence de réformes en France et le poids de l’État. Ses constats sont évidents. Fitch s’attend à ce que la dette des administrations publiques rapportée au PIB reste sur une tendance à la hausse, reflétant des déficits budgétaires relativement importants et des progrès modestes en matière d’assainissement budgétaire. Elle prévoit un déficit budgétaire de 5,0% du PIB cette année, supérieur au niveau de 4,7% de 2022 en raison d’une « croissance économique plus faible et d’une hausse des dépenses indexées sur l’inflation ». Il devrait retomber à 4,7% l’an prochain avec la suppression progressive des mesures de soutien à l’énergie. L’assainissement budgétaire au cours des années précédant la pandémie a été faible, malgré une période de croissance plus forte, et « la plupart des mesures d’assainissement visant à atteindre les objectifs de dépenses réelles à moyen terme restent à préciser ». Autrement dit, le gouvernement a été incapable de mettre en place un vrai programme de réformes.

Hausse des dépenses et trajectoire incertaine des revenus à court terme. À moyen et long terme, l’adoption récente de la réforme des retraites sera modérément positive, générant des économies brutes annuelles de 17,7 milliards d’euros d’ici 2030 (0,6% du PIB). La dette publique générale s’élevait à 111,6% du PIB à la fin de 2022, la plus élevée des pays notés « AA » et plus du double de la médiane « AA » de 48,4%. Les prévisions de Fitch concernant la dette publique de la France la place sur une trajectoire ascendante régulière à 114,3% du PIB d’ici fin 2027, soit environ 17 points au-dessus du niveau d’avant la pandémie. L’augmentation des charges d’intérêts rendra l’assainissement budgétaire plus difficile. Ces charges ont déjà fortement augmenté l’an dernier, de 15,2 milliards d’euros ou 0,6% du PIB. La réforme des retraites est largement insuffisante et aucune réforme de l’État, aucune baisse des dépenses publiques n’est en vue.

Il y a quelques jours, selon Eurostat, la France a confirmé son statut de championne des dépenses publiques : 58,1% du PIB, alors que ces dépenses s’élèvent en moyenne (en 2022) à 50,8% du PIB dans la zone euro et à 49,8% du PIB dans l’Union européenne. En Allemagne, ces dépenses représentent 49.7% du PIB, soit 8.4 points de moins que dans notre pays. La dégradation de la France n’est donc pas du tout une surprise. La seule façon d’y remédier, c’est d’appliquer la devise « moins d’État et moins de dépenses publiques. »

Article écrit par Nicolas Lecaussin. Publié avec l’aimable autorisation de l’IREF.

L’IREF est un « think tank » libéral et européen fondé en 2002 par des membres de la société civile issus de milieux académiques et professionnels dans le but de développer la recherche indépendante sur des sujets économiques et fiscaux. L’institut est indépendant de tout parti ou organisation politique. Il refuse le financement public.

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