L’Arabie saoudite se rapproche de la Chine tout en s’éloignant des États-Unis: expert

Par Hannah Ng et Tiffany Meier
24 décembre 2022 10:53 Mis à jour: 24 décembre 2022 19:49

Alors qu’une proximité croissante s’installe entre la Chine et l’Arabie saoudite, les États‑Unis eux, voient la détérioration de leurs relations avec le pays du Golfe, selon le président de l’International Strategic Studies Association, Gregory Copley.

« C’est le recul le plus important que les États‑Unis et l’Occident ont connu depuis peut‑être le milieu de la guerre froide », explique M. Copley lors de l’émission China in Focus de NTD news.

Il évoque les relations entre l’Occident et le Moyen‑Orient sous l’administration Nixon.

« Au début des années 1970, sous le président Nixon, les États‑Unis et l’Occident ont réalisé une grande amitié avec tous les États du Moyen‑Orient, y compris Israël, les États arabes et l’Iran. »

« Il n’y avait pas de réelle menace d’hostilités mutuelles, il y avait beaucoup plus de progrès positifs et de stabilité dans la région. »

En 1973, l’administration Nixon a réussi à obtenir un cessez‑le‑feu entre Israël, l’Égypte, et la Syrie.

« Et fondamentalement, ce que nous avons vu sous le président [Joe] Biden était, comme sous le président [Barack] Obama durant son mandat précédent, la destruction complète de l’équilibre au Moyen‑Orient. »

Il cite en exemple la visite du dirigeant chinois Xi Jinping en Arabie saoudite au début du mois de décembre.

« L’objectif de la République populaire de Chine était d’aller sur place et de dire : ‘Nous sommes les amis de tous et nous allons garantir la paix dans la région’, ce que seuls les États‑Unis ont été capables de faire au cours des dernières décennies. »

Mao Ning, porte‑parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a qualifié la visite de Xi Jinping d’ « événement diplomatique le plus important et du plus haut niveau entre la Chine et le monde arabe depuis la fondation de la République populaire de Chine ».

« Nous avons donc le président Xi qui obtient quelque chose qui n’avait jamais été atteint depuis les réalisations du président Nixon au début des années 1970, jusqu’en 1974. »

Réceptions différentes

Selon Gregory Copley, il y avait une énorme différence entre l’accueil somptueux du dirigeant chinois Xi Jinping en Arabie saoudite et l’accueil froid de Biden lors de sa visite à Riyad en juillet.

« Il n’y avait aucun ministre à l’aéroport pour l’accueillir. Il n’y avait rien de spécial dans son accueil, les discussions portaient sur des détails très, très mineurs et en cours. »

« Alors que lorsque… Xi Jinping est arrivé à Riyad, il a été accueilli avec tous les ornements d’une visite d’État complète, y compris des défilés aériens, des avions de chasse et d’entraînement de l’armée de l’air royale saoudienne, tous aux couleurs du drapeau de la République populaire de Chine, etc. »

M. Copley attribue le déclin des relations entre les États‑Unis et l’Arabie saoudite aux critiques de Biden à l’égard du prince héritier saoudien Mohammed bin Salman, accusé d’avoir orchestré le meurtre du chroniqueur du Washington Post Jamal Khashoggi en 2018 après que Khashoggi se soit rendu dans une ambassade saoudienne en Turquie.

« Vous avez une situation où une grande partie du Moyen‑Orient, y compris l’Arabie saoudite, devenait aliénée à l’égard de l’administration américaine de Biden, en raison de la perturbation essentiellement des accords de paix [d’Abraham], qui avaient été obtenus avec tant de difficultés et de travail acharné », explique‑t‑il, se réferrant à l’accord de paix conclu entre Israël, Bahreïn et les Émirats arabes unis en 2020, sous la médiation de Donald Trump.

Epoch Times a contacté la Maison‑Blanche pour une demande de commentaire.

Progrès entre la Chine et l’Arabie saoudite

M. Copley a également souligné les progrès réalisés par Pékin au niveau économique avec la nation du Golfe, qui ont été marqués lors de la dernière visite de Xi Jinping en Arabie saoudite.

« La République populaire de Chine a fait des progrès importants dans la négociation de ventes de pétrole en provenance du Moyen‑Orient, dans des devises autres que le dollar américain, le pétrodollar. »

« L’Arabie saoudite a réfléchi à l’idée de vendre du pétrole et du gaz à la RPC en yuan également. »

Au cours de sa visite, Xi Jinping aurait mis l’accent sur les efforts continus de la Chine pour que le yuan soit utilisé à la place du dollar comme dénomination monétaire pour le commerce pétrolier sino‑saoudien en utilisant le Shanghai Petroleum and National Gas Exchange comme plateforme de paiement.

« Ce que nous avons vu, c’est cette grande rupture dans la domination du dollar américain au Moyen‑Orient, mais ce n’est en aucun cas terminé. »

La visite de Xi Jinping comprenait des négociations entre l’Arabie saoudite et la Chine, une réunion entre les pays et un sommet Chine‑Conseil de coopération du Golfe (CCG).

« Les accords conclus par Xi Jinping au Moyen‑Orient sont très importants sur le plan géopolitique, car ils relient également le bloc d’États eurasien dominé par Pékin ‑ une alliance stratégique entre l’Arabie saoudite, la Russie et l’Iran. »

« En particulier, cela leur permet de relier l’Arabie saoudite à l’Afrique. »

Selon l’expert, ce lien aiderait Pékin à éviter de faire passer ses cargaisons de marchandises « par l’océan Indien, la mer de Chine méridionale jusqu’aux ports chinois », qui, selon lui, peuvent être « vulnérables aux interdictions des puissances occidentales, qu’il s’agisse des États‑Unis, des Européens, des Japonais ou des Australiens ».

Aucun remède à long terme

Selon M. Copley, l’économie chinoise continue de décliner, de ce fait les accords conclus entre Pékin et le Moyen‑Orient ne constituent en aucun cas un remède à long terme pour le régime.

En raison de la politique zéro Covid de Pékin, l’économie chinoise est frappée par la faiblesse de la demande des consommateurs, notamment dans le secteur immobilier. La stagnation du marché immobilier a provoqué une baisse importante des recettes fiscales des gouvernements locaux et une nette augmentation des dépenses, ce qui a entraîné un grave déficit budgétaire.

Selon lui, « c’est vraiment un point de changement dramatique pour Pékin. Soit, ils feront une rupture dramatique, et l’Occident reculera, soit ils échoueront et s’effondreront au cours de la prochaine décennie. »

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