L’axe Pékin-Moscou favorise l’émergence de l’UE comme prochaine superpuissance

En soutenant l'invasion de l'Ukraine par Moscou, Pékin risque de faire de l'Union européenne son principal adversaire géopolitique

Par James Gorrie
25 avril 2022 17:40 Mis à jour: 26 avril 2022 16:06

Il semble que l’impunité de Pékin dans sa volonté de dominer le monde touche à sa fin. La Chine a sous‑estimé les conséquences de son mépris envers l’Union Européenne. Condamner le monde à jouer à la roulette russe finit par se retourner contre elle, et l’addition sera salée.

En substance, le soutien implicite et explicite de Pékin de l’invasion russe en Ukraine a considérablement modifié la relation entre la RPC (République populaire de Chine) et l’UE, qui autrefois concurrentes sont désormais des adversaires. Ce fait est devenu évident dans plusieurs domaines importants

Repenser la Chine

Premièrement, la guerre de la Russie contre l’Ukraine oblige les nations de l’UE à repenser leurs relations avec la Russie et la Chine.

En ce qui concerne la Russie, les leaders européens, comme l’Allemagne, ont pris conscience de l’erreur qu’ils avaient commise en dépendant si fortement des approvisionnements énergétiques russes. À court terme, tout va bien pour la Russie qui continue à vendre son gaz naturel à un prix élevé à l’Europe. Mais l’Allemagne se tourne déjà vers d’autres fournisseurs. Le résultat de ce changement aura un fort impact sur le long terme, ce qui n’est pas de bon augure pour la Russie.

En ce qui concerne la Chine, l’UE commencent à remettre en question les motivations de Pékin. L’implication et la réponse de la Chine dans la pandémie ont montré au monde (et en particulier à l’UE) la véritable nature et les ambitions géopolitiques du Parti communiste chinois (PCC).

L’UE sait parfaitement qu’au début de la pandémie, Pékin a totalement menti sur la propagation du coronavirus, ce qui a eu de graves conséquences en termes de mortalité. Par ailleurs, il devient chaque jour plus crédible que le virus se soit échappé du laboratoire de virologie de Wuhan (WIV).

Aujourd’hui, la façon dont la Chine soutien l’agression russe renforce le fait que l’UE n’a d’autre choix que de se positionner en adversaire tant sur un plan commercial que militaire. Ce qui oblige les Européens à réévaluer l’ensemble de leurs relations à l’international.

Le Premier ministre japonais Fumio Kishida, le premier ministre canadien Justin Trudeau, le président américain Joe Biden, le chancelier allemand Olaf Scholz, le premier ministre britannique Boris Johnson, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre italien Mario Draghi posent pour une photo de famille des dirigeants du G7 pendant un sommet de l’OTAN sur l’invasion de l’Ukraine par la Russie, au siège de l’alliance à Bruxelles, le 24 mars 2022 à Bruxelles, en Belgique. Les chefs d’État ont discuté des conséquences de l’invasion de l’Ukraine par le président Poutine et du rôle de la Chine dans la crise. (Photo Henry Nicholls – Pool/Getty Images)

L’émergence de l’UE en tant que puissance militaire

Deuxièmement, face à l’imminence de la situation, l’OTAN est en train de devenir une force militaire dirigée par l’Europe. C’est déjà une des plus grandes forces militaires de la planète. Elle est bien coordonnée et positionnée pour dominer le continent, y compris la Russie, et Vladimir Poutine le sait. La médiocrité et la mollesse du leadership américain sous l’administration Biden plombe l’influence américaine.

L’incapacité des États‑Unis à faire face à ce que les membres européens de l’OTAN ont qualifié de « menace existentielle », implique de facto que les États‑Unis ont une responsabilité quasi nulle en tant que soutien dans le conflit. Lors du 23e sommet UE‑Chine, le 1er avril, les dirigeants européens ont mis en garde la Chine contre toute ingérence dans les efforts déployés par l’Occident pour sanctionner la Russie. Ils ont également essayé de pousser Pékin à coopérer pour faire pression sur Moscou. Tout cela s’est soldé en un « dialogue de sourds », selon les propos du représentant de la politique étrangère Josep Borell qui a ajouté que les dirigeants chinois « ne voulaient pas parler de l’Ukraine ». Les discussions ont donc révélé un climat tendu où il ne manquait plus qu’à la Chine de taper du poing sur la table et de menacer franchement d’écraser l’Europe.

L’UE a une influence sur l’avenir économique de la Chine

Troisièmement, en tant que premier partenaire commercial de la Chine, l’UE a une réelle influence sur son avenir économique. Le soutien continu de Pékin à la Russie pourrait devenir un véritable obstacle économique et commercial.

À l’avenir, la politique commerciale européenne pourrait suivre la politique de découplage de l’administration Trump, qui comprenait un effort délibéré de relocalisation et de délocalisation nearshore, ainsi que le rejet des organisations chinoises impliquées dans le vol de propriété intellectuelle.

Des décennies d’espionnage industriel et de vol de propriété intellectuelle par ses partenaires chinois deviennent beaucoup moins tolérables pour l’UE en proie à d’énormes pressions économiques en interne. L’intention de la Chine de vider les secteurs manufacturiers et technologiques européens n’est plus tolérée.

Une confluence d’agressivité et de faiblesse qui façonne la nouvelle superpuissance européenne

Enfin, deux forces géopolitiques massives ont un impact sur l’Europe. L’agression de la Russie contre l’Ukraine a révélé la vulnérabilité de l’Europe, qui s’appuie sur la puissance et l’influence des États‑Unis.

Le fait que l’Ukraine ne soit pas membre de l’OTAN importe moins aux Européens que la réalité de la Russie initiant une nouvelle guerre sur le continent. Le premier est un fait politique, qui fait pâle figure en comparaison du second, qui est la dure réalité : la Russie est pleinement engagée dans une guerre agressive en Ukraine et menace potentiellement toute l’Europe.

Qui plus est, les Européens ont pris conscience que la Chine est plus que satisfaite de permettre à la Russie de mener sa guerre. Plus amère est l’impression que Pékin mène une guerre contre l’Ukraine et le continent européen – et en tire profit – par l’intermédiaire de la Russie.

Et pourquoi les Européens ne penseraient‑ils pas une telle chose ?

Pékin mène une guerre économique contre l’Occident, y compris l’UE, depuis des décennies. En bref, la bévue stratégique de Pékin consistant à soutenir la guerre russe en Ukraine transforme rapidement l’UE – la plus grande superpuissance potentielle du monde – en un adversaire économique et peut‑être même militaire.

Cette réalité émergente devrait vraiment inquiéter les dirigeants du PCC.

Le dispositif militaire de l’UE est important à tous égards. Elle dispose, par l’intermédiaire de l’OTAN, d’une force militaire multinationale terrestre, maritime et aérienne de 3,5 millions de membres, pleinement opérationnelle et dotée d’une infrastructure de commandement et de contrôle en Europe. Cette force comprend un matériel militaire inégalé tel que des chars d’assaut, des avions de chasse, des bombardiers à longue portée, des satellites, des armes nucléaires, etc.

Et, comme indiqué précédemment, la diplomatie américaine ne parvenant pas à empêcher l’agression de Moscou, son leadership est déjà sérieusement remis en question par les membres européens. Si les États‑Unis sont incapables de dissuader la guerre en Europe, l’argument en faveur de leur leadership au sein de l’OTAN tombe à plat.

Quant à Pékin, il joue à la roulette russe avec sa politique étrangère et pourrait le regretter. Il y a deux choses essentielles à retenir de la roulette russe. Premièrement, si on peut l’éviter, il ne faut pas y jouer. Deuxièmement, tôt ou tard, il y a des conséquences désastreuses à force d’appuyer sur la gachette.

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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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