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Du décès d’un interne à la transplantation rénale d’un nourrisson : révélation sur l’industrie du prélèvement d’organes en Chine

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Un chirurgien (à g.) opère un patient à Chongqing, dans le sud-ouest de la Chine, le 9 août 2013.

Photo: Peter Parks/AFP/Getty Images

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Durée de lecture: 16 Min.

Les pratiques de prélèvement forcé d’organes du Parti communiste chinois (PCC), qui visaient autrefois principalement les pratiquants de Falun Gong, sont devenues un problème sociétal plus vaste avec des implications internationales alarmantes.
Huang Shiwei, vice-président de l’association à but non lucratif Taiwan International Organ Transplant Care Association, spécialisée dans l’éthique médicale, s’est exprimé lors de l’émission Health 1+1 de NTD, déclarant que les récentes révélations entourant le suicide suspect d’un médecin interne et l’utilisation de reins de nourrissons pour la transplantation ont jeté une lumière crue sur la façon dont le PCC gère son industrie illicite de transplantation d’organes.
« Recherche de donneurs » dans les hôpitaux chinois
Une révélation effrayante a émergé du deuxième hôpital Xiangya de l’Université du Centre-Sud, où des documents internes et des enregistrements audio, rendus publics par le père du défunt interne en médecine Luo Shuaiyu le 17 juin, révèlent une pratique systématique d’approvisionnement illicite d’organes au sein des hôpitaux chinois.
M. Luo, un étudiant diplômé spécialisé en transplantation rénale, est tombé d’un immeuble en mai 2024, quelques semaines seulement avant l’obtention de son diplôme.
Après sa mort, sa famille a découvert sur son ordinateur une foule de preuves impliquant le second hôpital Xiangya dans un trafic illégal d’organes. Son père, sur Weibo, a expliqué que M. Luo avait refusé de se conformer aux directives de l’hôpital concernant l’obtention d’organes dont l’origine restait intraçable, une attitude qui pourrait avoir conduit à sa mort.
Selon M. Huang, le cas Luo est révélateur d’une tendance plus large et inquiétante dans les institutions médicales chinoises.
« Tous les hôpitaux sont à la recherche d’organes », a expliqué M. Huang. « Ils ont demandé à M. Luo de trouver des enfants donneurs. Où était-il censé chercher ? Parmi les enfants traités à l’hôpital, il a été chargé d’identifier les donneurs appropriés. »
Selon M. Huang, le refus de M. Luo de participer à cette pratique contraire à l’éthique a donné lieu à d’intenses pressions, qui ont abouti à sa mort tragique.
Les parents de M. Luo ont publié trois enregistrements audio qui révèlent les efforts déployés par l’hôpital pour trouver des enfants donneurs à des fins de transplantation et de recherche. L’un des enregistrements détaille une directive demandant à M. Luo de trouver 12 enfants donneurs âgés de 3 à 9 ans. Selon ses parents, M. Luo a subi des pressions pour accomplir cette tâche dans les mois précédant sa remise de diplôme, ses notes et son diplôme étant menacés s’il ne s’y conformait pas.
Confrontés à la censure en ligne, les parents de M. Luo continuent de demander justice, sensibilisant le monde entier à l’implication présumée de l’hôpital dans le trafic illégal d’organes et aux tactiques coercitives utilisées pour obliger le personnel médical à se conformer à ces directives.
Les reins des nourrissons ciblés
Le 21 mai 2024, la faculté de médecine de l’université Fudan à Shanghai a créé un centre de transplantation d’organes pédiatriques. Bien que l’hôpital ait souligné que le centre avait été créé pour sauver des enfants malades, les parents chinois craignent de plus en plus que leurs proches ne deviennent des cibles pour le prélèvement d’organes.
Selon l’université, Li Qian, secrétaire du PCC à l’hôpital pédiatrique, a affirmé qu’« en un peu plus d’un an, [les transplantations d’organes pédiatriques] ont dépassé les 100 cas ». Le média d’État Sina a rapporté que l’hôpital a effectué des opérations chirurgicales très complexes, notamment des transplantations de reins à partir de donneurs pesant moins de 5 kg, indiquant que des nouveau-nés figurent parmi les donneurs.
La transplantation de reins d’enfants à des adultes est devenue une pratique courante dans les hôpitaux chinois. En 2017, le premier hôpital affilié à l’université Sun Yat-sen de Guangzhou a indiqué que 90 % des donneurs de reins pédiatriques étaient destinés à des patients adultes.
Une étude réalisée en 2023 par des médecins de l’hôpital Renji de l’université Jiao Tong de Shanghai, publiée dans l’American Journal of Transplantation, détaille deux cas de transplantation rénale de nouveau-nés nés à 29 semaines et 29 semaines et 5 jours à des femmes adultes de 34 et 25 ans atteintes d’insuffisance rénale terminale. Les reins ont été prélevés les deuxième et troisième jours suivant la naissance, ce qui a suscité des questions sur le plan éthique.
Shabih Manzar, professeur associé de pédiatrie clinique à l’Université d’État de Louisiane, a remis en question la procédure dans la même revue, notant que l’un des nourrissons prématurés de 29 semaines ne présentait aucune condition apparente mettant sa vie en danger, jetant ainsi le doute sur la décision de retirer le traitement de maintien en vie.
M. Huang a noté les taux de survie élevés des nourrissons prématurés de 29 semaines grâce à la technologie médicale moderne.
« Que ce soit les parents ou le système médical, tout le monde ferait généralement tout son possible pour sauver ces nouveau-nés prématurés », a-t-il souligné. « Personne ne baisserait les bras et ne les désignerait simplement comme donneurs d’organes. Pourtant, on constate qu’ils utilisent des prématurés de 29 semaines comme donneurs d’organes. »
L’industrie chinoise du prélèvement d’organes
2000–2006 : Croissance explosive des transplantations d’organes suite à la persécution du Falun Gong par le PCC
L’industrie chinoise de transplantation d’organes, qui a commencé à utiliser des organes provenant de prisonniers exécutés – y compris des prisonniers politiques et des prisonniers d’opinion – suite à une réglementation de 1984 autorisant le prélèvement d’organes auprès de prisonniers exécutés, a connu une croissance explosive après le début de la persécution du Falun Gong par le PCC en 1999.
M. Huang a noté qu’après que l’ancien dirigeant du PCC, Jiang Zemin, a lancé la campagne de persécution contre le Falun Gong, les pratiquants ont été qualifiés d’« ennemis de classe », ce qui en a fait des cibles privilégiées pour le prélèvement forcé d’organes.
Cette période a marqué une augmentation sans précédent des transplantations d’organes. Selon les données de l’Organisation mondiale d’enquête sur la persécution du Falun Gong, compilées à partir des médias d’État chinois, seulement 135 transplantations hépatiques ont été recensées en Chine sur plus de deux décennies avant 1999, soit en moyenne 5 à 6 cas par an. À l’inverse, de 1999 à 2006, les transplantations hépatiques ont explosé pour atteindre 14.085 cas en 8 ans – une moyenne de plus de 1700 cas par an, soit une multiplication par 180.
« La transplantation d’organes en Chine est soudainement devenue une industrie colossale », a indiqué M. Huang. « Avec d’innombrables patients en Chine et dans le monde ayant besoin d’organes, d’énormes intérêts commerciaux sont en jeu. »
2007 : une ligne de faille dans la pénurie d’organes
En mars 2006, une lanceuse d’alerte utilisant le pseudonyme d’Annie, ancienne employée de l’hôpital de thrombose de Sujiatun à Shenyang, dans la province du Liaoning, a révélé à Epoch Times les horribles pratiques du PCC consistant à prélever des organes de force sur des pratiquants de Falun Gong. Cette révélation a eu un impact considérable sur le secteur chinois de la transplantation d’organes.
Selon le registre chinois des transplantations hépatiques, cité par le Quotidien du Peuple, un média d’État, les transplantations hépatiques ont atteint un pic de 2970 cas en 2005 et de 2781 en 2006, mais ont chuté d’environ un tiers à 1822 cas en 2007.
M. Huang a attribué ce déclin aux révélations de 2006.
« La raison de la diminution des transplantations d’organes en Chine en 2007 est la révélation des prélèvements forcés d’organes par le PCC sur les pratiquants de Falun Gong », a expliqué M. Huang.
« Alors que les familles recherchaient sans relâche les membres de leur famille détenus pour leur pratique du Falun Gong, il devenait de plus en plus difficile pour la sécurité publique et le personnel médical du PCC de continuer à utiliser les organes des pratiquants de Falun Gong à une si grande échelle. »
Selon lui, la baisse du nombre de transplantations témoigne de la surveillance internationale et de la pression intérieure qui ont commencé à perturber les opérations de prélèvement d’organes du PCC.
Extension à davantage de victimes
Face à la surveillance internationale et à la pression nationale concernant ses prélèvements forcés d’organes sur les pratiquants de Falun Gong, l’industrie chinoise du prélèvement d’organes a commencé à cibler d’autres groupes vulnérables, notamment les Ouïghours et d’autres groupes ethniques, ainsi que les jeunes, les enfants et les nourrissons.
M. Huang a déclaré : « Dans la plupart des pays, les donneurs d’organes ont tendance à être plus âgés, 50, 60, voire 70 ans. Mais en Chine, le secteur de la transplantation d’organes fonctionne différemment. Lorsque des organes sont destinés à des personnes fortunées, celles-ci demandent naturellement qu’il leur soit fourni ceux de personnes plus jeunes. L’attention s’est donc déplacée vers les jeunes et, de plus en plus, vers les enfants. »
Ces dernières années, on a assisté à une recrudescence des disparitions mystérieuses d’adolescents dans plusieurs provinces chinoises. Malgré l’importante infrastructure de surveillance chinoise – dotée du plus grand réseau mondial de caméras de surveillance, d’analyses de données massives et de technologies de reconnaissance faciale – ces incidents restent non résolus, alimentant les soupçons du public quant aux prélèvements forcés d’organes.
En octobre 2022, Hu Xinyu, un lycéen de la province du Jiangxi, dans l’est de la Chine, a mystérieusement disparu de son établissement. Plusieurs sources internes et lanceurs d’alerte étrangers affirment que l’affaire Hu est liée à des prélèvements forcés d’organes, une pratique qui serait connue au sein du gouvernement local. Ces allégations suggèrent l’existence d’un réseau de trafic d’organes impliquant des fonctionnaires, des hôpitaux et des services de sécurité publique.
En août 2023, Wang Sijun, âgée de 8 ans, qui avait un groupe sanguin rare Rh négatif, est décédée inopinément alors qu’elle recevait un traitement à l’hôpital de la Croix-Rouge du Yunnan.
Selon des vidéos virales postées par sa famille sur des plateformes telles que Douyin, Sijun avait été admise pour un examen de routine alors qu’elle accompagnait un parent, mais elle est décédée dans le service de néphrologie. L’autopsie a révélé qu’un choc hémorragique était à l’origine du décès et que des traces d’énoxaparine sodique, un anticoagulant, avaient été détectées, ce qui a conduit sa famille à soupçonner un prélèvement de sang et un vol d’organes.
Bien qu’aucune preuve définitive ne confirme le prélèvement d’organes dans cette affaire, M. Huang a noté que les allégations généralisées selon lesquelles les hôpitaux se livrent à de telles pratiques ont créé un climat d’extrême anxiété.
Des cas avérés, comme le scandale de dons d’organes frauduleux dans la ville de Bengbu, dans la province de l’Anhui, corroborent ces inquiétudes. Entre 2017 et 2018, six accusés, dont quatre médecins, ont été reconnus coupables d’avoir trompé des familles et prélevé illégalement des organes sur au moins onze patients.
M. Huang a déclaré : « L’industrie chinoise de la transplantation d’organes, portée par l’idéologie du Parti communiste, s’est transformée en une vaste entreprise commerciale. Ces cas montrent qu’elle est devenue un véritable monstre déréglementé, avec des prélèvements d’organes effrénés et sans entraves. »
Il a également noté que l’expansion de l’industrie vers de nouveaux groupes de victimes met en évidence une crise éthique croissante dans le système de transplantation en Chine, soulevant des inquiétudes critiques concernant la surveillance et la responsabilité.
Les efforts législatifs américains pour lutter contre le prélèvement forcé d’organes
Alors que la prise de conscience mondiale face au prélèvement forcé d’organes s’accroît, les États-Unis prennent des mesures décisives pour s’attaquer au problème au moyen d’une législation solide.
Le 7 mai, la Chambre des représentants a adopté à une écrasante majorité la loi de 2025 visant à mettre fin au prélèvement forcé d’organes (Stop Forced Organ Harvesting Act of 2025), par un vote bipartisan de 406 voix contre 1. Ce projet de loi cible les personnes impliquées dans le prélèvement forcé d’organes et impose des sanctions sévères telles que le gel des avoirs, l’interdiction des transactions financières et la révocation des visas. Le texte est actuellement en attente d’un vote au Sénat.
Lors d’une audition devant la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants le 21 mai, le représentant républicain du New Jersey Chris Smith a exhorté le Sénat à soutenir le projet de loi. En réponse, le secrétaire d’État, Marco Rubio, a qualifié le prélèvement forcé d’organes de préoccupant et s’est engagé à plaider en faveur de l’adoption du projet de loi au Sénat.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Jojo est la présentatrice de Health 1+1. L'émission Health 1+1 couvre les dernières informations sur le coronavirus, la prévention, le traitement, la recherche scientifique, ainsi que le cancer, les maladies chroniques, la santé émotionnelle et spirituelle, l'immunité et d'autres aspects. En ligne : EpochTimes.com/Santé TV : NTDTV.com/live

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