Le Burkina Faso, le Mali et le Niger se retirent de la Cour pénale internationale

Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Karim Khan s'exprime lors d'une conférence de presse au Palais San Carlos à Bogota, le 25 avril 2024.
Photo: LUIS ACOSTA/AFP via Getty Images
Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont annoncé lundi soir leur retrait immédiat de la Cour pénale internationale (CPI), qu’ils qualifient d’« instrument de répression néo-coloniale aux mains de l’impérialisme ».
Dirigés par des juntes militaires arrivées au pouvoir entre 2020 et 2023, ces trois pays sahéliens, regroupés au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), revendiquent une ligne souverainiste et un éloignement assumé de l’Occident. Dans un communiqué commun, ils affirment que leur décision vise à « affirmer pleinement leur souveraineté » et accusent la CPI de s’être montrée « incapable de prendre en charge et de juger des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des crimes de génocide et des crimes d’agression avérés ».
Une Cour pénale sahélienne
Les pays de l’AES prévoient de mettre en place une Cour pénale sahélienne, un mécanisme endogène destiné à assurer paix et justice dans la région. Toutefois, selon les règles de la CPI, le retrait officiel d’un État ne prend effet qu’un an après notification au secrétariat général de l’ONU.
Les trois États font face à des violences jihadistes meurtrières, mais leurs armées sont elles-mêmes accusées d’exactions contre des civils. Ils se sont par ailleurs rapprochés de partenaires comme la Russie, dont le président Vladimir Poutine est visé depuis mars 2023 par un mandat d’arrêt de la CPI pour crimes de guerre liés à la déportation d’enfants ukrainiens.
Fondée en 2002 et basée à La Haye, la CPI comptait jusqu’ici 125 membres. Ni les États-Unis, ni la Russie, ni la Chine, ni Israël n’en font partie. La Hongrie a quitté l’institution plus tôt cette année, après l’émission d’un mandat d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Souvent critiquée, notamment en Afrique, pour cibler majoritairement des dirigeants du continent, la Cour a condamné le chef de guerre congolais Bosco Ntaganda à 30 ans de prison et le jihadiste malien Al Hassan à 10 ans, mais elle a aussi acquitté des figures comme l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo. En septembre, elle a inculpé l’ancien président philippin Rodrigo Duterte pour crimes contre l’humanité.
En 2016, la Gambie, l’Afrique du Sud et le Burundi avaient annoncé leur intention de quitter la CPI, mais seuls les Burundais avaient confirmé leur retrait.
Avec AFP
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