Le déni de grossesse reste très méconnu

4 décembre 2016 10:04 Mis à jour: 2 mai 2023 20:26

Procréer est un instinct que tout être vivant possède en lui. La naissance est vécue comme un moment magique, merveilleux, sacré. Il est donc très difficile de reconnaître le déni de grossesse.

Mais qu’est-ce au juste que le déni de grossesse ? 

Voici la définition que l’on trouve sur le site de l’association française pour la reconnaissance du déni de grossesse : « Les cas de ‘déni’ ne sont pas limités au ‘déni de grossesse’ même si celui-ci en constitue une des variantes les plus graves. C’est un mécanisme psychologique connu. Le Dictionnaire de la Psychologie le définit comme la : ‘non-reconnaissance de certains aspects de la réalité qui sont pourtant parfaitement évidents pour autrui’ [1]. »

« Cette ‘non-reconnaissance’ est extrêmement forte et se produit à l’insu du sujet. D’ailleurs, ‘plus qu’une simple négation, le déni est une attitude de refus catégorique à l’égard d’une perception  de la réalité extérieure. C’est dire que toute la force et l’efficacité de cette défense est destinée à protéger le moi en mettant en question le monde extérieur’ [2]. Sur le plan psychiatrique le déni constitue donc un ‘mécanisme de défense’ extrêmement vigoureux dont le sujet est parfaitement inconscient. »

Une femme enceinte qui n’a pas conscience de l’être est en état de déni de grossesse. Cela signifie qu’elle nie tous les symptômes liés à son état. Le fœtus se développe sans que le ventre ne grossisse, sans aménorrhée, sans masque de grossesse et la mère ne sent pas le fœtus bouger. L’entourage ne le remarque pas. Il est arrivé que des médecins expérimentés n’aient pas vu que la femme en déni de grossesse était enceinte. Selon une étude française d’une durée de sept ans dans les hôpitaux de Denain et Valenciennes, ce comportement touche 2 à 3 % des femmes enceintes. Dans 50 % de ces cas, les femmes sont déjà mères d’autres enfants. Pour la moitié, il s’agit d’un déni partiel. C’est-à-dire que le déni prend fin avant l’accouchement. La plupart du temps, c’est à la suite d’une consultation chez le médecin, que la future maman en déni partiel apprend son état. Après le choc de la nouvelle, la femme est ravie d’être une future maman et le reste de la grossesse comme l’accouchement se passent très bien.

Le déni complet peut s’avérer plus problématique. Si la femme va à l’hôpital au moment de l’accouchement pensant être sujette à un grave problème de santé, après le choc de l’accouchement, le bébé est bien accepté et aucune maltraitance ne survient par la suite. Quand la femme accouche à la maison, son déni est tel qu’elle peut très bien laisser mourir l’enfant sans se rendre compte de ce qui se passe. L’Association Française pour la Reconnaissance du Déni de Grossesse explique : « Ce dernier cas constitue pour la femme un drame d’une gravité peu commune. Non seulement dans les heures qui suivent la naissance, elle réalise brutalement qu’elle était enceinte sans le savoir (d’où l’angoisse que l’on peut imaginer sur le fonctionnement de son propre corps) mais de plus que son bébé est mort ! Comme si ce double drame n’était pas suffisant, cette femme est jetée en prison. » Ce n’est pourtant pas l’attitude d’une femme sans sentiment ou d’un monstre, c’est une vraie pathologie qui mérite d’être connue par le public et reconnue par les milieux médical et juridique. Ces femmes sont en grande souffrance. Il ne s’agit pas d’adolescentes qui ont peur de la réaction de leurs parents, mais d’un trouble psychique au vrai sens du terme. Tous les milieux sociaux sont touchés.

Le témoignage de Julie

« Voilà, nous sommes le 4 novembre 2002, il est 4h du matin quand d’horribles douleurs me prennent dans les reins et le ventre. Mon compagnon dort. Il se réveille et me voit en train de me tordre de douleur. Il me dit : ‘mais fais quelque chose, appelle un médecin’.

J’appelle et on m’envoie une ambulance, direction l’hôpital.

6 h : j’arrive à l’hôpital les médecins me prennent en charge et pensent qu’il s’agit de coliques néphrétiques alors on me donne du spasfon et j’attends, mais j’avais toujours mal alors un autre médecin vient me voir, me dit que ce n’est rien et me redonne du Spasfon. Mais quelques heures après, la douleur est de plus en plus vive. Un troisième médecin vient me voir et me dit que ce n’est pas normal et qu’il faut faire des examens. Prise de sang et analyse d’urine. Il revient me voir en me disant que j’étais enceinte, vraisemblablement de quelques semaines, il m’envoie à l’échographie et là…

Les médecins m’annoncent que je suis à terme et que le bébé va arriver. Dans la salle d’accouchement, la sage femme me rassure, moi je ne comprends pas ce qui se passe et en 15 minutes me voilà mère d’une petite fille en bonne santé. Tout ça m’est arrivé sans que je le sache : pas de prise de poids, des règles, aucun signe, personne ne l’a vu : ni moi, ni mon conjoint, ni la famille, ni les médecins de l’hôpital, ni le médecin qui m’a auscultée une semaine avant pour une gastro, ni le médecin du travail. »

[1] WERNER D. FROHLICH, Dictionnaire de la psychologie, Encyclopédies d’aujourd’hui, 2001

[2] S. IONESCU, M. JACQUET, C.LHOTE, Les mécanismes de défense, théorie et clinique. Nathan Université. 2003.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.