Le directeur général de l’AIEA exprime ses inquiétudes concernant le programme nucléaire iranien

Rafael Grossi a déclaré : « Je suis convaincu que la seule voie à suivre passe par une solution diplomatique, fortement soutenue par un accord de vérification de l'AIEA. »

Par Chris Summers
11 juin 2025 15:50 Mis à jour: 11 juin 2025 16:17

Rafael Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a déclaré lundi qu’il était sérieusement préoccupé par « l’accumulation rapide d’uranium hautement enrichi » par l’Iran.

Dans une déclaration adressée au conseil des gouverneurs de l’AIEA qui se réunit cette semaine à Vienne, il a insisté : « J’appelle l’Iran à coopérer de toute urgence, pleinement et efficacement avec l’Agence internationale de l’énergie atomique. »

En novembre, le conseil des gouverneurs de l’AIEA avait adopté une résolution condamnant l’Iran pour ne pas avoir pleinement coopéré avec les inspecteurs de cette agence chargés de surveiller son programme nucléaire.

Cette semaine, le conseil des gouverneurs pourrait censurer l’Iran pour le non-respect des inspections, ce qui porterait la question devant le Conseil de sécurité des Nations unies.

L’Iran pourrait alors faire face à un « snapback » – c’est-à-dire à la réimposition de toutes les sanctions de l’ONU qui avaient été levées à la suite de l’accord nucléaire PAGC (L’accord sur le plan d’action global commun) signé en 2015.

Au cours de son premier mandat présidentiel, Donald Trump a unilatéralement retiré les États-Unis du PAGC et a imposé de fortes sanctions économiques sur l’Iran.

L’Iran et les États-Unis tentent actuellement de négocier un nouvel accord. Donald Trump a clairement indiqué qu’il ne permettrait pas à Téhéran de développer des armes nucléaires.

Le 5 février, le président américain a écrit sur son compte Truth Social : « Je veux que l’Iran soit un grand pays prospère, mais un pays qui ne puisse pas posséder d’armes nucléaires. »

Le 31 mai, la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a confirmé que l’envoyé spécial du président américain, Steve Witkoff, avait transmis « une proposition détaillée et acceptable au régime iranien », ajoutant « qu’il était dans leur intérêt de l’accepter ».

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a annoncé le 31 mai dans un post sur X (ex-Twitter) que le ministre omanais des Affaires étrangères, Badr al-Busaidi, qui a servi d’intermédiaire dans les récentes négociations irano-américaines, s’était rendu brièvement dans la capitale iranienne, Téhéran, pour transmettre les détails de la proposition soutenue par les États-Unis.

Le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a déclaré le 4 juin que la proposition américaine « contredit la croyance de [leur] nation en l’autosuffisance et le principe du ‘Nous pouvons’ ».

« Les dirigeants américains, grossiers et arrogants, exigent sans cesse que nous renoncions à notre programme nucléaire. Qui êtes-vous pour décider si l’Iran doit ou non enrichir son uranium ? » a martelé M. Khamenei.

Dans sa déclaration au conseil des gouverneurs de l’AIEA, Rafael Grossi a clairement indiqué : « Tant que l’Iran n’aura pas aidé l’AIEA à résoudre les questions en suspens relatives aux garanties, celle-ci ne sera pas en mesure de fournir l’assurance que le programme nucléaire iranien est exclusivement pacifique. »

M. Grossi prône une solution diplomatique

« Je suis convaincu que la seule voie à suivre passe par une solution diplomatique, fortement soutenue par un accord de vérification de l’AIEA », a poursuivi le chef de cette organisation onusienne.

L’ancien diplomate argentin a laissé entendre qu’il continuait à soutenir et à encourager les États-Unis et l’Iran « à ne ménager aucun effort et à faire preuve de sagesse et de courage politique pour mener cette affaire à bien ».

Dans un rapport trimestriel publié le 19 novembre 2024, l’AIEA a déclaré que des traces d’uranium traité avaient été trouvées à deux endroits près de Téhéran – à Varamin et à Turquzabad – ainsi qu’à Marivan, et qu’une résolution exigeait que Téhéran fournisse des « explications techniquement crédibles » concernant la présence de ces particules d’uranium.

Lundi, M. Grossi, qui a fait remarquer que la question nucléaire iranienne était « difficile et délicate », a présenté le dernier rapport trimestriel au conseil des gouverneurs. Il a noté que ce rapport contenait une évaluation complète et actualisée du programme nucléaire iranien.

Rafael Grossi a également souligné que, depuis novembre 2024, l’AIEA demandait à l’Iran des explications sur la présence de ces particules d’uranium.

« Malheureusement, l’Iran a à plusieurs reprises soit omis de répondre, soit fourni des réponses techniquement peu crédibles aux questions de l’agence. Il a également cherché à assainir les sites, ce qui a entravé les activités de vérification de l’agence », a-t-il précisé.

Le chef de l’AIEA a expliqué que son agence avait conclu que les trois sites susmentionnés faisaient partie d’un programme nucléaire non déclaré et mené par l’Iran jusqu’au début des années 2000.

M. Grossi a également fait valoir que les actions de l’Iran avaient considérablement réduit la capacité de l’AIEA à vérifier si le programme nucléaire de Téhéran était entièrement pacifique.

« L’accumulation rapide d’uranium hautement enrichi […] est très préoccupante », a-t-il mis en garde. « Compte tenu des implications potentielles en matière de prolifération, l’agence ne peut ignorer le stockage de plus de 400 kg d’uranium hautement enrichi. »

Israël est exhorté à ne pas bombarder l’Iran

Rafael Grossi a également averti Israël que bombarder les installations du programme nucléaire iranien pourrait être contre-productif.

« Une frappe pourrait avoir un effet d’amalgame, renforçant la détermination de l’Iran, je le dis clairement, à se doter de l’arme nucléaire ou à se retirer du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires », a-t-il mentionné lors d’une interview accordée au Jerusalem Post. « Je vous déclare cela parce qu’ils me l’ont dit directement. »

La semaine dernière, Donald Trump a annoncé avoir demandé au Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou de ne prendre aucune mesure susceptible de perturber les négociations entre les États-Unis et l’Iran sur le programme nucléaire iranien.

Le locataire de la Maison-Blanche a expliqué aux journalistes dans le Bureau ovale : « Je lui ai dit que ce serait inapproprié de le faire maintenant, car nous sommes très proches d’une solution. Cela pourrait changer à tout moment. »

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.