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Les valeurs du jiu-jitsu brésilien pour sauver les jeunes d’une favela

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Dans un bidonville situé au sommet d'une colline, des enfants pratiquent le jiu-jitsu brésilien, espérant suivre les traces des ceintures noires dont les portraits graffités décorent les murs de leur salle de sport.

Photo: CARLOS FABAL/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Dans une favela de Rio de Janeiro, Douglas Rufino « sauve des vies » depuis vingt ans en transmettant à des jeunes les valeurs du jiu-jitsu, un art martial très populaire au Brésil. 
Le dojo où il dirige les entraînements est situé tout en haut de la favela du Morro do Cantagalo, sur une colline qui surplombe les quartiers aisés d’Ipanema et Copacabana. À 41 ans, cet ancien champion du monde est une référence pour les bénéficiaires du projet social Cantagalo jiu-jitsu, qu’il a rejoint en 2003, trois ans après sa création.
« On apprend le respect et la discipline »
Son objectif : « donner un meilleur avenir » aux jeunes de la favela, où les opportunités professionnelles se font rares et où la population vit sous le joug de narcotrafiquants. Les plus talentueux peuvent rêver « de vivre de ce sport, comme moi et plusieurs de mes amis », dit Douglas Rufino à l’AFP. Les murs du dojo sont décorés par des fresques le représentant, crâne rasé et poing levé, aux côtés d’autres jeunes issus de ce projet social qui ont fait carrière dans ce sport.
Cet art martial venu du Japon, a vu se développer une variante brésilienne très prisée par les lutteurs de MMA, avec des techniques redoutables d’immobilisation au sol. Mais pour les élèves – des enfants, filles ou garçons, des adolescents, mais aussi des adultes –, c’est aussi une école de la vie. « Beaucoup d’enfants sont rebelles en arrivant et deviennent disciplinés », explique Fabiano dos Santos Guedes, 17 ans. « C’est ça le jiu-jitsu, on apprend le respect et la discipline », ajoute cet adolescent vêtu d’un kimono gris.

Douglas Rufino instructeur de jiu-jitsu, montre un verrou à ses élèves au Cantagalo Jiu-Jitsu. (Photo CARLOS FABAL/AFP via Getty Images)

D’autres jeunes qui ont grandi au Morro do Cantagalo sont lutteurs professionnels, ou enseignent cet art martial à l’étranger, en Suède, à Singapour, aux États-Unis ou au Portugal. « Je peux dire que le jiu-jitsu m’a sauvé. J’aurais pu suivre un autre chemin », dit Douglas Rufino, sacré champion du monde des poids légers en 2006.
De la persévérance
Dans les favelas, de nombreux jeunes sont enrôlés par des gangs de narcotrafiquants. Mais il faut surmonter bien des obstacles pour vivre du jiu-jitsu. Contrairement au football, où les joueurs les plus talentueux peuvent gagner des millions avant leurs vingt ans, il faut des années pour construire une carrière dans cet art martial. « Il faut être très persévérant pour gagner de l’argent. Pendant huit ou dix ans, ça ne rapporte rien, on ne fait qu’investir pour récolter les fruits à l’avenir », explique-t-il.
Beatriz Freitas, 22 ans, championne brésilienne des poids légers née dans une autre favela de Rio, rêve de remporter le titre mondial. Mais si elle n’y parvient pas, cette jeune femme noire se contenterait d’être une « excellente professeure » de jiu-jitsu, un sport où les femmes sont encore minoritaires.

L’instructeur de jiu-jitsu Cleber Ferreira (à g.) et l’athlète Beatriz Freitas (à dr.), lors d’une séance d’entraînement au club de jiu-jitsu Laranjeiras à Rio de Janeiro, le 14 août 2023. (Photo CARLOS FABAL/AFP via Getty Images)

« Quand j’ai commencé à pratiquer ce sport, il y a trois ans, j’étais dans une période très stressante de ma vie et j’étais agressive, à l’école comme à la maison. Le jiu-jitsu m’a fait changer d’attitude », confie-t-elle.