Le président de Madagascar renversé, l’armée prend le contrôle du gouvernement

Des membres de l’unité CAPSAT de l’armée malgache courent dans les rues en ordonnant aux passants de quitter les lieux alors qu’ils se dirigent vers le palais présidentiel pour y entrer, à Antananarivo, le 14 octobre 2025.
Photo: LUIS TATO/AFP via Getty Images
Le président malgache Andry Rajoelina a été destitué de ses fonctions par un vote du Parlement, le 14 octobre, à la suite d’une rébellion menée par des jeunes et de nombreux appels à sa démission.
Un colonel des forces armées d’élite du pays a annoncé le même jour que l’armée avait pris le contrôle du gouvernement, après plusieurs semaines de manifestations liées aux coupures intermittentes d’eau et d’électricité.
« Nous prenons le pouvoir », a déclaré le colonel Michael Randrianirina lors d’une annonce faite depuis le palais présidentiel de la capitale.
M. Rajoelina, qui a fui le pays lundi et se cache dans un lieu tenu secret, avait ordonné la dissolution de la chambre basse du Parlement malgache dans une tentative d’empêcher la procédure de destitution.
Cet ordre a été ignoré, et le Parlement a voté massivement sa mise à l’écart.
Le colonel Michael Randrianirina, chef de la force CAPSAT du pays, a annoncé que la Constitution serait suspendue et qu’un conseil composé de dirigeants militaires serait formé pour nommer un Premier ministre.
M. Randrianirina a également précisé qu’un référendum national aurait lieu dans deux ans.
La Haute Cour constitutionnelle du pays a proposé à M. Randrianirina d’assumer la fonction de président par intérim, tout en lui demandant d’organiser des élections dans les 60 jours.
Dans un message publié sur sa page officielle Facebook, la présidence a condamné « avec la plus grande fermeté la déclaration illégale faite par les militaires rebelles du CAPSAT ».
Ces développements interviennent après plusieurs semaines de troubles civils dans le pays, débutant le 25 septembre avec des manifestations exigeant la fin des interruptions des services d’eau et d’électricité.
Ces protestations, portées par la jeunesse et alimentées par les réseaux sociaux, étaient dirigées par un groupe baptisé « Gen Z Madagascar ». Les manifestants ont bloqué les routes et incendié des stations de téléphérique appartenant à l’État. Ils brandissaient des drapeaux noirs ornés d’un crâne, symbole issu du dessin animé japonais « One Piece », similaires à ceux portés récemment par les jeunes protestataires lors du renversement du gouvernement népalais.
Cette révolte est « l’accumulation de nombreux problèmes auxquels le pays est confronté depuis des années », a déclaré le député Mamy Rabenirina lors d’une interview accordée à SABC News le 12 octobre.
Le gouvernement a riposté, et les manifestations ont dégénéré, faisant plus de vingt morts et de nombreux blessés, selon M. Rabenirina.
Mais le 12 octobre, la force militaire CAPSAT, qui avait aidé M. Rajoelina à renverser le gouvernement en 2009, s’est retournée contre le régime et a rejoint les manifestants. Le même jour, les forces armées de la gendarmerie paramilitaire ont également rallié la rébellion.
M. Rajoelina a alors averti qu’un coup d’État était en cours et a pris la fuite. Il a tenté de s’adresser à la nation lundi soir, heure locale, mais l’armée a pris le contrôle des médias d’État, l’empêchant de parler.
Avec l’Associated Press et Reuters.

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