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Manifestations aux États-Unis

« No Kings » : des manifestations à travers les États-Unis, les républicains dénoncent des rassemblements « anti-Amérique »

Des manifestants ont battu le pavé à l’échelle nationale le 18 octobre pour protester contre le président Donald Trump et son administration.

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Des personnes participent à une manifestation « No Kings » (Pas de rois) à Washington, le 18 octobre 2025.

Photo: Madalina Kilroy/Epoch Times

Durée de lecture: 15 Min.

Des rassemblements d’ampleur, organisés sous la bannière « No Kings », se déroulent notamment à Washington, New York, Boston, La Nouvelle-Orléans et Atlanta.
Le site « No Kings » annonce des rassemblements « dans tout le pays, pour montrer au monde : l’Amérique n’a pas de rois, et le pouvoir appartient au peuple ».
Ces protestations interviennent en plein shutdown fédéral, conséquence d’une impasse entre républicains et démocrates sur le financement de l’État.

Participants à Washington

À Washington, plusieurs participants ont expliqué à Epoch Times les raisons de leur mobilisation.
Parmi eux, une avocate du Maryland, prénommée Christi, qui n’a pas souhaité donner son nom, dit puiser certaines de ses inquiétudes dans son activité de défense de bénéficiaires de prestations sociales.
« Je me sens submergée par une avalanche constante de crises et de problèmes, il est vraiment difficile d’en isoler un », confie Christi lorsqu’on l’interroge sur sa préoccupation principale.
Elle indique être venue aussi pour ses amis employés fédéraux, qui, selon elle, craignent de perdre leur emploi s’ils participent à des manifestations.
Epoch Times a également rencontré un homme prénommé Paul, déguisé en dinosaure gonflable, qui n’a pas non plus souhaité donner son nom.
Des dizaines de participants arboraient des costumes similaires, en poulet, homard, âne ou autres animaux, des déguisements déjà vus lors d’autres manifestations à travers le pays avant « No Kings ».
Paul se dit surtout préoccupé par ce qu’il décrit comme « la destruction générale de l’État de droit dans le pays ».
« Les républicains au Congrès, le prétendu dictateur à vie à la Maison-Blanche et les lâches à la Cour suprême ne garantissent pas que le gouvernement respecte la loi », affirme-t-il.
Il cite en particulier ses inquiétudes concernant les opérations de l’agence de l’immigration (ICE), les licenciements de fonctionnaires et l’usage par la Maison-Blanche de l’impoundment (retenue) pour réduire ou supprimer des crédits délégués par le Congrès.

Des manifestants participent à un rassemblement « No Kings » à Washington, le 18 oct. 2025. (Madalina Kilroy/Epoch Times)

William Scott Kelly, participant à Washington et ancien combattant de l’armée américaine déployé en Irak en 2007, est venu dénoncer la politique de l’administration Trump envers l’armée, notamment le déploiement de la Garde nationale dans des villes à travers les États-Unis, décision que le président justifie par la protection des biens fédéraux et la lutte contre la criminalité face à la multiplication des menaces contre les forces de l’ordre fédérales.
« Le Posse Comitatus Act est essentiel pour la sécurité de notre population », souligne M. Kelly, en référence à la loi qui limite l’usage de l’armée dans le maintien de l’ordre intérieur.
Une autre vétérane, prénommée Ashley, émet des objections similaires à l’égard du déploiement de la Garde nationale, qu’elle décrit, en marge du rassemblement, comme des « citoyens dressés contre leur propre peuple ».
Un autre homme, se présentant comme Alan, explique ne pas participer à la manifestation mais s’être arrêté à Washington lors d’un road trip sur la côte Est ; selon lui, des manifestants l’ont accueilli avec suspicion lorsqu’il les a interrogés sur leurs motivations.
« Je ne suis pas la politique de très près, donc je ne sais pas précisément ce que [Trump] fait bien ou mal ; disons qu’il y a des choses que je soutiens, d’autres non », dit‑il.
En donnant des exemples, Alan déclare désapprouver certaines actions de politique étrangère de M. Trump vis‑à‑vis de l’Iran, mais considère que les efforts de l’administration pour faire baisser les prix des médicaments « obtiennent un laissez-passer, un pouce levé de ma part ».

Dallas : réactions des manifestants

À Dallas, des milliers de participants « No Kings » se sont rassemblés samedi pour dénoncer la priorité donnée par l’administration Trump à la lutte contre l’immigration illégale ainsi que certaines politiques sociétales.
Des pancartes — souvent artisanales — critiquent sa ligne en matière d’immigration, d’avortement et de droits LGBT, d’autres le qualifient de fasciste.
Drapeaux arc‑en‑ciel et drapeaux américains se côtoient, tandis que des personnes, déguisées en poulets ou dinosaures, brandissent des slogans anti‑Trump ; des effigies du président déclenchent une pluie de vidéos sur smartphones.
À la tribune, des intervenants appellent à une journée de protestation pacifique, tout en pourfendant l’administration Trump et le gouverneur du Texas Greg Abbott pour les coupes dans des programmes sociaux historiquement soutenus par les démocrates.
Des policiers sont visibles au sommet d’un parking et plusieurs véhicules d’urgence sont présents ; les organisateurs, dont des groupes socialistes, exhortent les participants à rester pacifiques.
« Nous sommes ici parce que Donald Trump est allé trop loin ; c’est bien plus qu’un désaccord politique, c’est une question d’humanité », lance l’organisatrice Samantha Mitchell (Indivisible Dallas), menant le slogan « No Kings ».
Elle qualifie M. Trump et M. Abbott de dirigeants « autoritaires » dont les politiques oppriment les non‑Blancs et les personnes LGBT.
« Les personnes trans ne sont pas la raison pour laquelle vous avez peur d’envoyer vos enfants à l’école ; l’endoctrinement de gauche dans nos écoles n’explique pas que vos enfants ne lisent pas au niveau attendu », ajoute‑t‑elle.
Les soutiens présentent « No Kings » comme une défense patriotique de la liberté d’expression et une condamnation des excès de l’État ; ses détracteurs y voient un mouvement anti‑américain.
Une mère et ses filles, 19 et 22 ans, ont fait la route depuis l’est du Texas pour dénoncer ce qu’elle considère comme des « enlèvements de voisins » par les agents fédéraux de l’immigration.
« Nous n’en pouvons plus », dit‑elle.
Kristi Barrera, habillée en Statue de la Liberté, et Tonya Trepinski, drapée d’étoiles et de rayures, ont conduit depuis Waco pour soutenir leurs enfants sur les questions d’immigration et de droits des personnes transgenres.
Mme Trepinski, originaire de Californie et installée au Texas depuis 23 ans, explique que son enfant, qui s’identifie comme transgenre, a quitté le Texas pour le Colorado, jugé plus accueillant.
De fortes pluies ont écourté l’événement dallasite au bout d’environ une heure, poussant nombre de participants à chercher refuge ou regagner leur voiture.

Ce qu’il faut savoir sur « No Kings »

Selon le site, les centaines de sponsors officiels — ou « partenaires » — incluent l’American Civil Liberties Union, Reproductive Freedom for All, Human Rights Campaign, MoveOn.org, People for the American Way et plusieurs syndicats.
Parallèlement, la page dédiée à New York indique la participation de plusieurs organisations marxistes parmi les partenaires : Communist Party USA, Young Communist League, Freedom Socialist Party et Democratic Socialists of America (DSA).
La porte‑parole de No Kings, Eunic Epstein‑Ortiz, précise à Epoch Times que le Communist Party USA ne participe qu’à un événement à New York et « n’est l’hôte d’aucun autre rassemblement », ajoutant que sa présence dans la mégapole « ne reflète pas […] le bras national » de No Kings.
Consigne est donnée aux manifestants de venir vêtus de jaune.
« Dans l’histoire, celles et ceux qui se sont rassemblés contre des régimes autoritaires ont choisi une couleur aisément repérable au milieu de foules de milliers de personnes », explique le site.

Des manifestants participent à un rassemblement « No Kings » à Washington, le 18 oct. 2025. (Madalina Kilroy/Epoch Times)

Le chef de la minorité au Sénat, Chuck Schumer (Démocrate de New York), a annoncé qu’il défilerait.
Les premiers rassemblements « No Kings » ont eu lieu le 14 juin dans plusieurs villes du pays — mais pas à Washington.
La journée coïncidait avec l’anniversaire de M. Trump et un défilé militaire dans la capitale célébrant le 250e anniversaire de l’U.S. Army.
L’événement phare s’est tenu à Philadelphie, où il a rassemblé des dizaines de milliers de personnes.

Des villes préparées en amont

La première vague avait été largement non‑violente, mais certains États ont renforcé leurs dispositifs de maintien de l’ordre pour les rassemblements de samedi, par précaution ; le gouverneur du Texas, Greg Abbott, a indiqué jeudi vouloir « déployer massivement » des unités de la Garde nationale et du Département de la Sécurité publique à Austin.
« Le Texas ne tolérera PAS le chaos », a déclaré M. Abbott dans un message sur X qualifiant la manifestation de « liée à Antifa ».
« Quiconque détruira des biens ou commettra des actes de violence sera immédiatement interpellé. La loi et l’ordre seront appliqués. »
Le gouverneur de Virginie, Glenn Youngkin, a de son côté autorisé la mise en alerte de gardes nationaux et annoncé une présence policière « substantiellement accrue » dans l’État.
« Le droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique est fondamental, mais il n’inclut ni la destruction de biens, ni le pillage, ni le vandalisme, ni la perturbation du trafic, ni aucune forme de violence — tolérance zéro », a‑t‑il déclaré vendredi matin sur X.
Le site No Kings affirme que les organisateurs s’engagent à une « action non‑violente » et attendent « de tous les participants qu’ils cherchent à désamorcer tout risque de confrontation avec ceux qui ne partagent pas nos valeurs et qu’ils agissent dans le respect de la loi ».
« Les armes de toute nature, y compris celles légalement autorisées, ne doivent pas être apportées aux événements », précise le site.

Des manifestants participent à un rassemblement « No Kings » à Washington, le 18 oct. 2025. (Madalina Kilroy/Epoch Times)

Pression liée au shutdown

Ces rassemblements se déroulent alors que le pays aborde la troisième semaine de shutdown, sur fond de bras de fer entre républicains et démocrates autour d’aides de santé héritées du Covid.
Les républicains poussent un budget transitoire à court terme afin de se donner du temps pour une loi de financement durable et une négociation approfondie avec les démocrates sur les priorités de dépenses.
Les démocrates, eux, exigent l’abrogation des coupes dans Medicaid et la prolongation des crédits d’impôt de l’Affordable Care Act (Loi sur les soins abordables), qui expirent en fin d’année.
Le président de la Chambre, Mike Johnson (Républicain de Louisiane), affirme avoir été informé que les démocrates ne pourraient voter la réouverture via la mesure à court terme qu’après le rassemblement, « car ils ne peuvent pas faire face à leur base enragée ».
La déclaration intervient alors que circulent des spéculations sur une éventuelle pression exercée par la représentante Alexandria Ocasio‑Cortez (Démocrate de New York) sur M. Schumer, qui adopterait une ligne dure contre l’administration Trump pour prévenir une primaire.
« La théorie actuelle — ils ont prévu un rassemblement de la haine de l’Amérique le 18 octobre sur le National Mall. C’est l’aile pro‑Hamas et les Antifa… certains élus démocrates à la Chambre vendent des T‑shirts pour l’événement », a déclaré M. Johnson sur Fox News la semaine passée.
M. Schumer estime pour sa part que ces critiques républicaines visent à « intimider » les manifestants et à les réduire au silence.
« Le No Kings Day signifie que nous ne nous tairons pas », a‑t‑il déclaré dans une vidéo publiée jeudi sur X.
Évoquant le shutdown, la représentante Rosa DeLauro (Démocrate du Connecticut) confie à Epoch Times plus tôt dans la semaine qu’elle espère voir les protestations inciter les républicains à négocier avec les démocrates.
« Le 18, j’espère que certains de mes collègues républicains écouteront leurs électeurs », dit‑elle.
Les républicains rétorquent que les discussions doivent reprendre une fois le gouvernement rouvert et appellent les démocrates à soutenir une mesure transitoire finançant l’administration au niveau antérieur au 1er octobre, date du début du shutdown.
Matthew Vadum et Lawrence Wilson ont contribué à la rédaction de cet article.