« 60% des tests PCR positifs n’étaient pas pertinents » selon le professeur Paul Cullen

"Un test PCR positif ne peut jamais être assimilé à un diagnostic clinique", toutefois, c'est ce qui se serait passé dans la crise Covid, critique le professeur Dr Paul Cullen dans une interview accordée à Epoch Times. Une étude avec les résultats de son laboratoire aurait montré que seuls 40% des "cas" positifs étaient pertinents pour l'infection

Par Erik Rusch
14 janvier 2024 17:39 Mis à jour: 15 janvier 2024 04:41

Le professeur Paul Cullen dirige le laboratoire MVZ de Münster en Allemagne, en tant que médecin spécialiste de la médecine de laboratoire. Professeur de médecine hors classe, il a régulièrement donné des cours à l’université de Münster.

En raison de la taille de son laboratoire, celui-ci a été le point de départ d’une grande partie des tests PCR dans la région pendant la crise du Covid. Il a profité de cette situation de départ pour mener une étude sur la pertinence des tests PCR. Nous l’avons interviewé dans le cadre du symposium Corona organisé par le groupe parlementaire de l’AfD au Bundestag en novembre 2023.

EPOCH TIMES – Monsieur Cullen, comment votre étude a-t-elle été structurée et quels en ont été les résultats ?
L’étude était un travail commun avec des biomathématiciens de l’université d’Essen au second semestre 2020. À l’époque, seul le test PCR existait, le test rapide n’est arrivé que plus tard. Notre laboratoire est le plus grand de la région, si bien que presque tous les tests (80%) de la région de Münster et de ses environs ont été réalisés chez nous – tous sur la même machine, par la même équipe, avec les mêmes produits chimiques. Il s’agit donc d’une étude très propre.

Nous avons analysé environ 170.000 échantillons. La question était la suivante : combien de tests PCR déclarés positifs étaient réellement pertinents pour l’infection.

La consigne du fabricant et générale était que tous les tests dont la valeur Ct était inférieure ou égale à 40 devaient être publiés comme positifs. Il faut également savoir que plus la valeur Ct est élevée, moins on a de matériel viral de départ, plus on doit effectuer de cycles pour trouver le virus ou des parties de celui-ci. Cela signifie que si vous avez une valeur Ct de 40, vous avez très, très peu de virus ou peut-être seulement des fragments de virus. En revanche, avec une valeur Ct de 20, on peut partir du principe que l’on a un nombre significatif de virus intacts.

En Angleterre, nous savions que la véritable valeur de coupe pertinente pour l’infectiosité n’est pas 40, mais 25. Toutes les valeurs supérieures à 25 signifient qu’il est très probable que l’homme ne soit pas contagieux, c’est-à-dire qu’il n’est pas pertinent pour ce que l’on appelle les événements pandémiques.

Nous avons ensuite constaté que dans 60% des cas, la valeur se situait entre 25 et 40 et que dans 40% des cas seulement, la valeur était inférieure à 25. Cela signifie que seuls 40% des cas rapportés comme positifs étaient réellement pertinents pour les événements infectieux et que 60% étaient totalement non pertinents.

Qui a donné cette valeur de 40 au CT ?
Je ne le sais pas exactement. Nous l’avons obtenue du fabricant des tests PCR. Je ne sais pas où celui-ci a finalement obtenu cette valeur, si c’est de l’OMS. Au début, il y avait différentes valeurs qui circulaient. Aujourd’hui, quelqu’un a rapporté ici que la valeur Ct 30 était déterminante dans les soins intensifs. À partir de cette valeur, on était transféré de l’unité de soins intensifs à une unité normale et on était considéré comme guéri. Cela signifie que, par la suite, on a apparemment baissé un peu la valeur.

Au début, la valeur Ct élevée a entraîné une augmentation soudaine du nombre de prétendus cas d’infection – c’était l’effet.

Les politiques se sont ensuite basés sur l’incidence et sur le nombre de cas obtenus à partir des résultats des tests pour prendre des mesures politiques.

Nous l’avons également critiqué, car cette base reposait sur un chiffre qui était 60% trop élevé.

Angela Merkel (CDU), alors chancelière fédérale, a été interrogée à l’époque au Bundestag sur notre étude. Elle a répondu : « Vous ne savez pas à quel moment de l’évolution de la maladie vous faites cette mesure [PCR], si demain il aura une valeur Ct plus basse ou plus élevée. Or, c’est de cela que dépendra le fait qu’il soit encore contagieux ou non demain ».

Le député qui a posé la question à l’époque aurait en fait dû poser une question. Celle-ci aurait dû être la suivante : « Si c’est le cas, c’est-à-dire que l’on peut être négatif aujourd’hui et positif demain, le citoyen devrait-il se faire tester toutes les dix minutes chaque jour, car quelque chose peut toujours changer ? » Chaque test est bien sûr un instantané. C’était une sorte de réponse politiquement intelligente de la part de la chancelière, mais d’un point de vue scientifique, c’était une réponse inutile.

Pourquoi était-ce une réponse inutile d’un point de vue scientifique ?
Pour savoir si le patient est malade, il faut savoir s’il présente des symptômes, s’il a de la fièvre ou si des changements sont visibles sur les radiographies ou les tomodensitogrammes. Un test PCR peut également être positif en cours de guérison, alors qu’il n’y a plus du tout de maladie infectieuse.

Une valeur PCR-Ct de 25 ou moins ne dit pas encore si cette personne est vraiment malade.

Avec le Covid-19, on a défini un cas d’infection par un test PCR positif. Ainsi, tout test PCR positif était un cas de Covid-19 et inversement. Mais ce n’est évidemment pas le cas. Ce n’est pas ainsi que l’on procède en médecine. En médecine, on dispose d’une multitude de pièces de mosaïque que l’on réunit en clinique, radiographie, échographie, peut-être plusieurs examens de laboratoire.

Dans ce contexte, le test PCR peut bien sûr aussi apporter une contribution précieuse au diagnostic, mais jamais seul. Avec la valeur Ct, on voit comment cela peut nous induire en erreur. Un test PCR positif ne peut jamais être assimilé à un diagnostic clinique.

Est-ce là votre principale critique ? Donc que le gouvernement fédéral et les gouvernements des Länder aient pris les résultats du test PCR comme critère principal pour les mesures de Covid-19 ?

Oui, exactement, si le patient était testé « positif » mais totalement asymptomatique, on a alors inventé le cas asymptomatique. Mais normalement, ce patient « asymptomatique » est tout simplement en bonne santé.

Pendant la période Covid-19, on s’est écarté de la manière dont on a toujours pratiqué la médecine et on a absolutisé les choses pour atteindre certains objectifs en se basant sur un scénario de peur.
— Professeur Paul Cullen

Nous l’avons entendu ici aujourd’hui dans une conférence. Le premier pilier des mesures de Covid-19 prises au niveau politique était le test PCR, le deuxième pilier était le « malade asymptomatique » et le troisième pilier était la prétendue surpopulation des hôpitaux. C’est sur ces trois piliers que reposaient les mesures politiques, l’urgence et ainsi de suite. Ces trois piliers étaient toutefois construits sur du sable et n’étaient pas solides.

Pendant la période Covid-19, on s’est écarté de la manière dont on a toujours pratiqué la médecine et on a absolutisé les choses pour atteindre certains objectifs en se basant sur un scénario de peur. De mon point de vue, la médecine s’est laissée abuser. Et ça ne va pas.

Donc, selon vous, les tests PCR avec une valeur Ct élevée de 40 étaient simplement un instrument politique pour justifier les mesures politiques ?

C’est certainement le cas. Quant à savoir si l’on a spécialement fixé cette valeur pour faire monter artificiellement les chiffres, c’est une supposition. En tant que scientifique, je ne peux rien dire sur le plan politique. Je peux seulement dire que, de mon point de vue, la valeur Ct aurait dû être adaptée. La leçon à en tirer devrait être qu’à l’avenir, il faudra toujours indiquer la valeur Ct dans le résultat du test.

La valeur du CT a-t-elle été abaissée dans toute l’Allemagne après l’annonce de votre étude ?
Non, jusqu’à présent, pour autant que je sache, la valeur Ct de 40 est toujours valable comme « cut off' », c’est-à-dire comme limite entre « positif » et « négatif ». Mais certains laboratoires ont décidé de communiquer au moins le résultat chiffré.

Vous avez parlé d’une nouvelle étude. Quel est le contenu de cette nouvelle étude ?

Il ne s’agit pas d’une étude, mais d’un travail spécialisé en théorie scientifique. Il s’agit de savoir si l’on peut assimiler un test PCR ou la présence d’une certaine séquence génétique à une maladie. Dans ce travail, nous arrivons à la conclusion que cela n’est pas admissible sur le plan scientifique et épistémologique.

Merci beaucoup pour cette interview.

Remarque de la rédaction : les recherches d’Epoch Times ont révélé que le groupement de laboratoires Dr Kramer & Kollegen, par exemple, utilise la valeur seuil unique de Ct 30 pour toutes les méthodes PCR utilisées dans le laboratoire central afin de les déclarer « positives ». Le groupement de laboratoires comprend 19 laboratoires qui déterminent eux-mêmes la valeur seuil.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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