Le Royaume-Uni annonce 16,8 milliards d’euros gaspillés en deux ans pour des fournitures Covid non utilisées

Par Alexander Zhang
7 février 2023 13:47 Mis à jour: 9 février 2023 20:00

L’organisme britannique de surveillance des dépenses publiques a révélé que le Royaume‑Uni a perdu pour 14,9 milliards de livres (16,6 milliards d’euros) en fournitures médicales Covid‑19 qui n’ont jamais été utilisées.

Le National Audit Office (NAO) a publié un rapport le 2 janvier sur les comptes du Department of Health and Social Care (DHSC) [ministère de la Santé et des Soins sociaux]. Le rapport révèle que les pertes du gouvernement britannique sur les équipements de protection individuelle (EPI) et autres articles achetés pendant la pandémie sont plus élevées que ce qui avait été annoncé.

Selon le rapport, pour l’année fiscale 2021/22 le DHSC a dépensé 11,2 milliards de livres en EPI, test antigéniques, PCR, vaccins et médicaments. Entretemps, la valeur des articles achetés a chuté de 6 milliards de livres pour deux raisons : soit le prix du marché a baissé, soit on prévoit que ce matériel ne sera jamais utilisé.

Les 6 milliards de livres correspondent à deux choses. Le DHSC a annoncé que la dépréciation des biens achetés s’élevait à 2,5 milliards de livres. À ceci il faut ajouter une perte de 3,5 milliards de livres pour des articles que le DHSC « s’est engagé à acheter, mais ne prévoit plus d’utiliser ».

Et ceci ne représente que l’année fiscale 2021/22. Il faut additionner les pertes de l’année précédente.

« Si l’on ajoute les 8,9 milliards de livres sterling dépréciés dans ses comptes pour 2020/21, au cours des deux dernières années fiscales, le DHSC a pour l’heure déclaré 14,9 milliards de livres sterling de pertes liés à la dépréciation des EPI et des autres articles », a indiqué le NAO.

Les dépenses ne s’arrêtent pas là. Le DHSC estime que les coûts de stockage et d’évacuation de ses EPI excédentaires s’élèveront à 319 millions de livres sterling. À la fin du mois de mars 2022, les dépenses mensuelles estimées pour le stockage des EPI s’élevaient à 24 millions de livres.

Des pertes « stupéfiantes »

Le principal parti d’opposition, le Labour Party [Parti travailliste], a tenu pour responsable de ces pertes le premier ministre Rishi Sunak, en soulignant qu’il était chancelier de l’Échiquier lorsque ces dépenses ont été effectuées.

Le secrétaire d’État à la Santé du Travail, Wes Streeting (Labour Party) a affirmé qu’il était « stupéfiant » que 14,9 milliards de livres aient été « gaspillés ».

« Les conservateurs ne pourront plus jamais prétendre être les intendants prudents des finances publiques », a‑t‑il déclaré.

« Pendant que Rishi Sunak contrôlait les cordons de la bourse, un montant stupéfiant de 15 milliards de livres sterling d’argent public a été gaspillé en EPI inutiles – assez pour financer les forces de police pendant une année entière. Au lieu de cela, cet argent part littéralement en fumée. Les contribuables jugeront à juste titre que la négligence avec laquelle les conservateurs traitent leur argent est un scandale absolu. »

Le gouvernement a rétorqué. Selon lui, il est « trompeur » d’affirmer que 14,9 milliards de livres de l’argent des contribuables ont été gaspillés.

Une porte‑parole du gouvernement a déclaré : « Face à une pandémie sans précédent, nous avons dû entrer en concurrence dans un marché mondial surchauffé pour acheter des articles destinés à protéger la population, les travailleurs de la santé et des soins de première ligne, et notre NHS (National Health Service). »

« L’achat de vaccins et de médicaments Covid vitaux a également contribué à sauver d’innombrables vies et à assurer la sécurité du personnel du NHS et des soins. »

« Notre approche a fait que nous avons été le premier pays au monde à déployer un vaccin Covid approuvé, avec 144 millions de doses administrées, et nous avons livré plus de 25 milliards d’articles EPI au front. »

Des « lacunes importantes »

Le NAO a également constaté des « lacunes importantes en matière de contrôle financier et de gouvernance » au niveau de l’ UK Health Security Agency (UKHSA) [l’Agence britannique de sécurité sanitaire].

En conséquence, les responsables ont annoncé que le directeur du NAO Gareth Davies, également Contrôleur et Vérificateur général des comptes du Royaume‑Uni, n’a pas été en mesure d’exprimer une opinion d’audit sur les comptes de l’UKHSA pour 2021/22. Il a émis ce qui a été qualifié de « renonciation d’opinion ».

L’UKHSA est une agence gouvernementale créée pour remplacer Public Health England (PHE) en 2021. Elle était chargée de tester la population et de tracer les variants préoccupants potentiels pendant la pandémie.

Lady Meg Hillier, présidente de la commission des comptes publics à la Chambre des communes, a déclaré : « Il est choquant et inacceptable que l’UKHSA, l’agence du DHSC en charge du Test and Trace, n’ait pas pu fournir au National Audit Office suffisamment d’informations pour réaliser son audit 2021‑22. »

« Les contribuables ont le droit de savoir comment leur argent est dépensé, notamment pour le Test and Trace. »

Le NAO a déclaré que « les éléments essentiels du contrôle interne n’étaient pas en place au cours des six premiers mois de l’UKHSA », l’absence de dispositions formelles en matière de gouvernance l’exposant à un « niveau de risque élevé ».

Gareth Davies a déclaré : « Même en tenant compte du contexte difficile, il est inacceptable que l’UKHSA n’ait pas été en mesure de produire des comptes vérifiables et de fournir la transparence et l’assurance dont le Parlement a besoin. »

« Lors de la création de nouveaux organismes, il est essentiel que des dispositions de base en matière de gouvernance soient mises en place. Le DHSC et l’UKHSA doivent travailler avec HM Treasury pour pouvoir produire des comptes vérifiables. »

La directrice générale de l’UKHSA, Lady Jenny Harries, a déclaré qu’elle acceptait les conclusions du NAO et les traitait « très sérieusement ».

« L’UKHSA a été créée dans des circonstances sans précédent et s’attaquer à Covid‑19 était notre première priorité », a‑t‑elle expliqué.

« Nous avons déjà fait de bons progrès et nous avons sensiblement évolué en termes de stabilité, de gouvernance et de contrôles financiers. Nous travaillerons en étroite collaboration avec le DHSC pour garantir que nos futurs comptes soient plus rigoureux. »

PA Media a contribué à cet article.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.