Plus de trois millions de procédures d’investigation non traitées : une « crise profonde », alerte un syndicat de police

Photo: Obatala-photography/Shutterstock
Le syndicat de police Un1té (FO) organise mercredi dans une cinquantaine de villes françaises des actions de sensibilisation pour dénoncer la « crise profonde » que traverse la filière investigation, confrontée à un stock de plus de trois millions de procédures judiciaires en attente de traitement.
Dans un fascicule distribué au public, le syndicat interpelle : « Victimes abandonnées : et si c’était vous ? » et avertit : « Sans enquête, pas de justice. Sans justice, le chaos menace. »
Des services saturés et des policiers à bout
Selon Grégory Joron, secrétaire national d’Un1té, cette mobilisation était prévue de longue date mais avait été reportée en raison du contexte politique. « Nous ne pouvons plus attendre. Il est urgent d’apporter des réponses aux victimes et aux policiers qui croulent sous les dossiers », a-t-il déclaré à l’AFP.
Il précise que « près de 3,5 millions de procédures judiciaires sont en attente d’être traitées et près de 40 % des dossiers ont plus de deux ans ». Citant un rapport de l’Inspection générale de 2023, il souligne que le nombre de procédures pourrait doubler d’ici 2030 : « On a bien un pied dans la tombe », résume-t-il. Le syndicat estime qu’il manque entre 2000 et 2500 enquêteurs pour accomplir correctement les missions essentielles.
Conséquence : « Les citoyens perdent confiance dans la police » et les policiers eux-mêmes « ressentent une perte de confiance » face au manque de moyens, déplore M. Joron.
Sortir du « tout plainte, tout procédure »
Dans un tract diffusé au public, Un1té réclame « davantage de policiers pour traiter chaque affaire dans un délai raisonnable », des « outils informatiques modernes et une meilleure organisation », ainsi que « la fin de la politique aveugle et insensée du ‘tout plainte, tout procédure’ », afin de « rendre au policier son droit au discernement ». Le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau avait promis en avril de nouvelles mesures pour améliorer la filière investigation, mais ces engagements sont restés lettre morte.
Une réforme structurelle toujours contestée
Le problème du stock de dossiers en attente avait déjà conduit en 2022 à une réforme d’ampleur de la police, menée par Gérald Darmanin. Cette réforme, critiquée pour son risque de « nivellement vers le bas » des compétences de la police judiciaire, a placé tous les services de police d’un département – renseignement, sécurité publique, police aux frontières et PJ – sous l’autorité d’un unique directeur départemental, lui-même rattaché au préfet.
Un appel à un changement profond de la politique policière
Dans son message d’alerte, Un1té appelle à « un changement de paradigme au plus haut niveau ministériel », dénonçant une gouvernance où « le paraître et la communication à court terme ont pris le pas sur le pacte républicain dû à nos concitoyens ».
Avec AFP
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