Les écoutes inédites dans la cellule de Mohamed Amra avant son évasion révèlent son sentiment de toute-puissance

Par Emmanuelle Bourdy
23 mai 2024 18:21 Mis à jour: 23 mai 2024 18:21

Le 14 mai dernier au péage d’Incarville (Eure), la France a assisté à l’évasion sanglante de Mohamed Amra, alias « La Mouche », au cours de laquelle deux agents ont été tués. Depuis, ce détenu et ses complices sont activement recherchés. Dans les colonnes du Parisien, on apprend que cet individu était extrêmement dangereux et menait de multiples opérations criminelles depuis sa cellule.

Les activités criminelles de Mohamed Amra n’ont quasiment jamais cessé depuis son incarcération. Des écoutes inédites ont été enregistrées dans sa cellule et nos confrères y ont eu accès. Elles révèlent le caractère violent du personnage actuellement le plus recherché de France.

« Vous vouliez voir ma chienneté ? Je vais vous montrer ! »

Plusieurs conversations ont été captées par les enquêteurs et elles donnent un aperçu de l’individu. « Sur le Coran de La Mecque, Wallah, vous allez me respecter. Vous êtes des fous, mais je vais vous montrer que je suis plus fou que vous ! […] Vous vouliez voir ma chienneté (sic) ? Je vais vous montrer ! » peut-on l’entendre vociférer depuis sa cellule de la prison de la Santé, à Paris, ainsi que le relate Le Parisien.

Mohamed Amra a en effet, durant de long mois, fait l’objet d’une sonorisation dans le cadre d’une enquête sur le meurtre d’un homme à Marseille, qu’il est soupçonné d’avoir lui-même commandité depuis la prison de la Santé. Nos confrères soulignent combien ce délinquant multirécidiviste « était habité par un sentiment d’impunité et de toute-puissance ».

Outre son téléphone portable dernier cri, Mohamed Amra disposait de téléphones de rechange, de cartes SIM, de cartes bancaires prépayées et de cannabis. Il avait également une chicha pour ses soirées. Par ailleurs, il lui était facile de se faire livrer des colis par le biais de « jeteurs », et ce, de jour comme de nuit. Mais il gérait surtout de nombreuses affaires criminelles depuis sa cellule, avec un contrôle absolu sur celles-ci en raison d’un solide réseau de recrues.

Un homme « d’une extrême duplicité, élevant la trahison au rang d’art »

Entre le trafic de drogue, les extorsions, les enlèvements et séquestrations avec demande de rançon, en passant par les « carottages » – une méthode consistant à dérober la marchandise des trafiquants rivaux en faisant semblant de nouer une transaction avec eux – l’actuel fugitif était sur tous ces fronts, depuis sa cellule.

« Mohamed Amra se révèle capable d’une extrême duplicité, élevant la trahison au rang d’art, le tout en recourant fréquemment à la technique de l’enlèvement », décrivent les policiers de l’Office central contre la criminalité organisée (OCLCO) dans un document.

Mohamed Amra est soupçonné d’avoir commandité, en juin 2022, le kidnapping et l’exécution d’Ugur T., un homme de 32 ans. Son corps avait été découvert à l’arrière d’une voiture dans une zone isolée de la commune de Rove (Bouches-du-Rhône). Il avait été tué d’une balle dans la tête, puis brûlé. Selon les enquêteurs, Ugur T. s’était rendu à Aubagne pour effectuer une importante transaction de cannabis avec des trafiquants locaux et un piège lui avait été tendu pour lui voler sa marchandise.

Des achats d’armes de guerre depuis sa cellule

Les investigations ont montré que Mohamed Amra était à la tête d’un vaste réseau criminel, résultat d’une collaboration entre le Clan des Blacks, implanté à Marseille, et le Clan Amra implanté en Normandie, précise le quotidien francilien, selon un document judiciaire. Notons au passage qu’il n’est pas à exclure que les pièges orchestrés par Mohamed Amra entraînent chez ses ennemis des envies de vengeance.

Outre son penchant pour les guet-apens, le prisonnier envisageait même l’achat d’armes de guerre dans les discussions captées depuis sa cellule. Il s’avère d’ailleurs que lors d’une mission pour récupérer des armes, il guidait ses complices par visioconférence en leur indiquant notamment où se trouvaient les barrages des forces de l’ordre.

Une « enquête hors norme »

Laure Beccuau, la procureure de la République de Paris, a confirmé que le détenu avait fait l’objet de plusieurs condamnations et mises en cause dans des dossiers de délinquance organisée et était « très connu de la justice ». Ce mardi 21 mai, elle a déclaré que les investigations pour retrouver Mohamed Amra et ses complices aboutiront à leur interpellation à n’en pas douter. « Plusieurs centaines d’enquêteurs sont sur ce dossier, toute une section du parquet de Paris est mobilisée 24 h sur 24 », a-t-elle ajouté, précisant qu’il s’agissait d’une « enquête hors norme ».

Interpol a annoncé le 15 mai dernier avoir diffusé une notice rouge pour localiser Mohamed Amra. Ces notices rouges permettent de transmettre au réseau des avis de recherche internationaux émis par la justice d’un pays à l’encontre de suspects désignés sous le terme de « Wanted persons » (Personnes recherchées), dans le but de faciliter leur interpellation.

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