Les erreurs des alarmistes climatiques

Entretien avec Richard Lindzen, professeur émérite de sciences atmosphériques

Par Jan Jekielek et Jeff Minick
12 janvier 2024 18:19 Mis à jour: 12 janvier 2024 18:19

Lors d’une récente émission du programme American Thought Leaders d’EpochTV, l’animateur Jan Jekielek et Richard Lindzen, professeur émérite de sciences atmosphériques au Massachusetts Institute of Technology, ont discuté de la signification réelle de la science, de l’ignorance scientifique d’un grand nombre de nos décideurs politiques, des fausses hypothèses qui alimentent l’extrémisme climatique d’aujourd’hui et des dommages énormes causés dans le monde entier par des politiques malavisées.

Jan Jekielek : Vous avez dit que la science est l’un des rares mots qui, lorsqu’on l’utilise avec un grand « S » majuscule, signifie exactement le contraire.

Richard Lindzen : La science est un mode de recherche. La « Science » – c’est la science en tant qu’autorité. Les personnalités politiques ont remarqué que la science jouissait d’une certaine autorité auprès du public, alors ces gens veulent s’en servir et ils introduisent le terme « Science » [avec majuscule]. Mais ce n’est pas de la science. La science dépend de la possibilité d’être mis en question et de pouvoir se tromper.

Je voudrais parler de l’état actuel de la science dans le domaine du changement climatique, tel que vous le comprenez.

Avant cette question [du changement climatique], la science du climat visait principalement à comprendre le climat actuel de la Terre, représenté par le système de classification climatique de Köppen [classification des climats fondée sur les précipitations et les températures]. Ce système reconnaît des dizaines de régions climatiques sur la Terre, et non une seule, et ces régions se comportent toutes différemment. L’idée qu’il n’existe qu’un seul chiffre pour la température de la Terre est absurde.

On peut calculer la moyenne entre le mont Everest et la mer Morte, mais cela ne montre rien. Les scientifiques utilisent plutôt ce que l’on appelle l’anomalie de température. Pour chaque lieu observé, ils prennent une moyenne sur 30 ans, disons de 1950 à 1980, puis ils examinent l’écart entre les températures quotidiennes ou saisonnières par rapport à cette moyenne. Ensuite, ils calculent la moyenne des écarts pour chaque lieu. On obtient ainsi la moyenne du changement de températures.

La température moyenne [de l’atmosphère] augmente depuis 1800. Cependant, depuis 1800, elle n’a augmenté que d’un degré et des poussières, ce qui n’est pas énorme. Mais cela ne reflète pas les pointes des montées et des descentes de la température. Si l’on montre ces pointes sur un graphique, la ligne montrant l’augmentation d’environ un degré sera entourée de nuages denses de données allant de moins 10 à plus 10, 20 degrés.

Si vous enlevez ces pointes, vous pourrez agrandir l’échelle de sorte qu’un ou deux degrés d’augmentation prennent la place de tout le graphique. Alors, cela paraît grand. Les gens ne voient pas les données qui montrent qu’à tout moment presque autant de lieux se refroidissent qu’ils se réchauffent.

À ce niveau, tout se détermine par le public qui ne sait pas lire un graphique. Lorsque Al Gore était au Sénat américain, il montrait souvent des graphiques comme pour dire : « Ne vous foutez pas de ma gueule. » Ce n’était pas de l’information. Avec la répétition à l’infini, la plupart des gens commencent à assumer qu’il y a quelque chose. Mais ce n’est pas le cas.

Il est généralement admis qu’il y a eu une augmentation de la température et que l’homme y a participé dans une certaine mesure. Que savons-nous à ce sujet ?

Il est vrai qu’il y a un effet de serre. Cependant, il est principalement causé par la vapeur d’eau et les nuages. Le CO2, le méthane et l’oxyde nitreux sont des éléments mineurs provoquant ce phénomène, vraiment mineurs. En gros, si tous les autres éléments restent constants et que vous doublez la quantité du CO2, vous obtiendrez un réchauffement de moins d’un degré.

Ensuite, il y a l’hypothèse que la nature aggravera tout ce que nous faisons. Cette hypothèse n’est pas fondée, mais elle permet d’apporter aux modèles climatiques une augmentation plus importante que celle de moins d’un degré. Elle peut même faire grimper le réchauffement jusqu’à trois degrés.

Mais même ces trois degrés, ce n’est pas beaucoup. D’où vient l’idée qu’il s’agit d’une menace existentielle ?

Elle n’a d’autre origine que la propagande. Même le rapport du GIEC [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat] des Nations unies ne parle pas de menace existentielle. Il est donc absurde de penser que cela nécessite des changements importants. Le CO2 est un élément essentiel et nous le traitons comme un poison. Si l’on se débarrassait de 60% du CO2, nous serions tous morts. Il est essentiel à la vie des plantes et il sert de base à la photosynthèse. Pourtant, comme il provient aussi de la combustion des combustibles fossiles et du secteur de l’énergie, il est attaqué.

Vous avez publié dans Tablet un article sur la manière dont le régime du Parti communiste chinois traite le climat et dont l’Occident traite la Chine à cet égard. Il met en évidence un certain cynisme autour de cette question.

À l’heure actuelle, quoi que nous fassions [en Occident], cela n’aura que peu d’impact sur le CO2. La Chine et l’Inde continuent à construire de nouvelles centrales au charbon et ignorent complètement cette affaire. Elles sont aujourd’hui les plus grands émetteurs [de CO2]. Si l’on ne prenait pas en compte l’UE et l’« anglosphère», le CO2 continuerait d’augmenter. La Chine, l’Inde et l’Asie du Sud-Est en profitent énormément, tandis que l’Afrique et une grande partie de l’Asie du Sud en souffrent.

Est-ce que ces pays souffrent de politiques qui empêchent le développement de sources d’énergie fiables ?

Bien sûr, les personnes qui n’ont pas accès à l’électricité « moderne » se font dire qu’elles devraient être gelées si elles restent dans cette situation. J’ai été choqué, par exemple, lorsque la Banque mondiale a refusé de financer un hôpital au Congo si cet hôpital n’utilisait pas d’énergie renouvelable. Je me suis dit : « Qui, parmi ces idiots, voudrait être opéré dans un hôpital fonctionnant à l’énergie solaire ou éolienne ? »

Alors, les gens qui font de la politique ne comprennent même pas les bases du fonctionnement de la science ?

C.P. Snow était un physicien et un auteur britannique, conseiller de Winston Churchill pendant la guerre. Il a commencé à promouvoir un thème intitulé « deux cultures » lorsqu’il s’est rendu compte que les personnes bien éduquées dans le domaine des sciences humaines ignoraient presque totalement d’autres domaines de la science. Il a pris l’exemple de ses collègues qui n’étaient pas des scientifiques et à qui il a demandé de formuler la deuxième loi de la thermodynamique. Ceux-ci semblaient complètement déconcertés. C’était l’équivalent des scientifiques qui disent : « Je n’ai jamais lu Shakespeare. »

Il a ensuite demandé : « Pouvez-vous alors définir l’accélération ? » Ils ont encore échoué, ce qui équivalait à dire : « Je ne sais pas lire. » C.P. Snow a été consterné par le degré d’isolement de la plupart des personnes instruites par rapport à la science.

C’est dangereux. Je ne sais pas comment résoudre ce problème, mais [l’ignorance de la science] ouvre la société à ce genre de fraude.

Cet entretien a été édité par souci de clarté et de brièveté.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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