Les médecins peuvent prescrire de l’ivermectine pour traiter le Covid-19, selon l’avocat de la FDA

Par Zachary Stieber
15 août 2023 08:27 Mis à jour: 15 août 2023 08:27

Les médecins sont libres de prescrire de l’ivermectine pour traiter le Covid-19, a déclaré cette semaine un avocat représentant la Food and Drug Administration (FDA).

« La FDA reconnaît explicitement que les médecins sont habilités à prescrire de l’ivermectine pour traiter le Covid », a affirmé Ashley Cheung Honold, avocate du ministère de la Justice représentant la FDA, lors des plaidoiries du 8 août devant la Cour d’appel des États-Unis pour le cinquième circuit (United States Court of Appeals for the Fifth Circuit).

Le gouvernement a toujours pris position en faveur des appels répétés de la FDA à ne pas prendre d’ivermectine pour le Covid-19, y compris un message disant « Arrêtez ça ».

L’affaire a été intentée par trois médecins qui allèguent que la FDA a illégalement interféré avec leur pratique de la médecine par ces déclarations. Un juge fédéral a rejeté l’affaire en 2022, provoquant un appel.

« La question fondamentale dans cette affaire est simple. Une fois que la FDA a approuvé la vente d’un médicament à usage humain, a-t-elle le pouvoir d’interférer avec la manière dont ce médicament est utilisé dans le cadre de la relation médecin-patient ? La réponse est non », a expliqué Jared Kelson, représentant des médecins, à la cour d’appel.

Le 21 août 2021, la FDA a écrit sur X (anciennement Twitter) : « Vous n’êtes pas un cheval. Vous n’êtes pas une vache. Sérieusement, vous tous. Arrêtez ça. » Ce message, qui renvoie à une page de la FDA indiquant que les gens ne devraient pas utiliser l’ivermectine pour prévenir ou traiter le Covid-19, est devenu viral.

Dans d’autres déclarations, la FDA a indiqué que l’ivermectine « n’est pas autorisée ou approuvée pour traiter le Covid-19 ». De plus à la « Question : Devrais-je prendre de l’ivermectine pour prévenir ou traiter le Covid-19 ? », « Réponse : Non. »

Un ordre ou pas

« La FDA a fait ces déclarations en réponse à de nombreux rapports faisant état de consommateurs hospitalisés après s’être soignés avec de l’ivermectine destinée aux chevaux, qui est en vente libre sans ordonnance », a déclaré Mme Honold.

Il existe une version du médicament pour les animaux, mais l’ivermectine est approuvée par la FDA pour un usage humain contre les maladies causées par les parasites.

Mme Honold a affirmé que la FDA n’avait pas l’intention d’obliger qui que ce soit à faire quoi que ce soit ou d’interdire à qui que ce soit de faire quoi que ce soit.

« Quand elle a dit : ‘Non, arrêtez ça’ ? » a demandé la juge Jennifer Walker Elrod, lors de l’audience au tribunal chargé d’examiner l’appel. « Pourquoi ne s’agirait-il pas d’un ordre ? Si vous alliez dans un cours d’anglais, un enseignant vous expliquerait qu’il s’agit clairement d’un ordre. »

Mme Honold a qualifié ces déclarations de « simples boutades ».

« Pouvez-vous répondre à la question, s’il vous plaît ? Est-ce que l’expression ‘Arrêtez ça’ est un ordre ? » a demandé la juge Elrod.

« Dans certains contextes, ces mots pourraient être interprétés comme un ordre », a indiqué Mme Honold. « Mais dans ce contexte précis, où la FDA a simplement utilisé ces mots dans le cadre d’un tweet ironique destiné à partager son document d’information, ces déclarations ne sont pas au niveau d’un ordre. »

Les déclarations « n’interdisent pas aux médecins de prescrire de l’ivermectine pour traiter le Covid ou à toute autre fin », a ajouté Mme Honold. Elle a fait remarquer que la FDA a précisé, ainsi que dans ses déclarations précédentes, que les gens devaient consulter leurs médecins au sujet des traitements contre le Covid-19 et qu’ils pouvaient prendre le médicament s’il était prescrit par ce dernier.

« La FDA reconnaît clairement que les médecins sont habilités à prescrire de l’ivermectine humaine pour traiter le Covid. Elle n’interfère donc pas avec l’autorité des médecins de pouvoir prescrire des médicaments ou de pratiquer la médecine », a-t-elle déclaré.

La juge Elrod fait partie du panel avec les juges Edith Brown Clement et Don Willett. Tous trois ont été nommés sous la présidence de Donald Trump.

Loi fédérale

Les plaignants sont les docteurs Paul Marik, Mary Bowden et Robert Apter. Ils affirment que les déclarations de la FDA leur ont porté préjudice sur le plan professionnel et qu’ils ont notamment été licenciés pour avoir tenté de prescrire de l’ivermectine à des patients.

Le Dr Marik a fait remarquer qu’un certain nombre d’études sont favorables à l’utilisation de l’ivermectine contre le Covid-19, comme l’a reconnu la FDA elle-même. D’autres études ne montrent que peu ou pas d’effet.

La loi fédérale permet à la FDA de fournir des informations, telles que des rapports sur les effets indésirables des médicaments, mais pas des conseils médicaux, a affirmé M. Kelson.

« C’est quelque chose que la FDA n’a jamais eu le droit de faire. Et il s’agit d’une ligne de démarcation claire », a-t-il indiqué au tribunal, ajoutant plus tard : « Les exemples les plus clairs des cas où elle a dépassé les bornes sont ceux où elle dit des choses comme ‘Vous n’êtes pas un cheval, vous n’êtes pas une vache. Sérieusement, vous tous. Arrêtez ça' ».

Les juges ont convenu que la FDA n’avait pas le pouvoir de donner des conseils médicaux, le juge Clement ayant déclaré : « Vous n’êtes pas autorisés à donner des conseils médicaux ».

Mais Mme Honold a répondu que le gouvernement « ne le concède pas dans ce cas ».

Elle a également fait valoir que le Congrès a habilité la FDA à protéger la santé publique et à s’assurer que les produits réglementés sont sûrs et efficaces, en lui donnant « l’autorité inhérente de poursuivre sa mission en communiquant des informations au public sur les utilisations sûres des médicaments ».

Une décision en faveur des médecins empêcherait la FDA de signaler les consommateurs souffrant après avoir fait cuire du poulet avec NyQuil ou que la dépendance aux opioïdes est un problème, a-t-elle affirmé.

M. Kelson a indiqué que ce n’était pas exact : « C’est lorsqu’ils vont trop loin (et) commencent à dire aux gens comment ils devraient ou ne devraient pas utiliser les médicaments approuvés ».

Mme Honold a également fait savoir que les tribunaux ne peuvent pas tenir les agences responsables lorsqu’elles fournissent des informations fausses ou trompeuses : « La FDA est politiquement responsable, comme toutes les autres agences exécutives ».

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