Les Nations Unies annoncent une récession mondiale imminente provoquée par un resserrement monétaire «excessif»

Par Katabella Roberts
9 octobre 2022 18:34 Mis à jour: 9 octobre 2022 18:34

L’Organisation des Nations unies (ONU) a averti lundi qu’une récession mondiale et une stagnation prolongée sont à venir, sous l’impulsion des politiques monétaires et fiscales des économies avancées, notamment celle de la Réserve fédérale américaine.

Dans son rapport, la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) a prévenu que toutes les régions du globe seront touchées par une récession. Il a été précisé que les pays en développement seront incapables de rembourser leurs dettes à moins que les banques centrales des économies avancées ne changent de cap.

Cet avertissement survient alors que la banque centrale américaine a encore relevé les taux d’intérêt pour juguler l’inflation (qui atteint des sommets inégalés depuis 40 ans) en procédant le mois dernier à une nouvelle hausse de 75 points de base.

Les responsables de la Fed ont laissé entendre qu’il y aura probablement d’autres hausses à l’avenir. Des hausses similaires se profilent également en Angleterre et en Europe.

L’ONU a déclaré que les hausses rapides des taux d’intérêt et le resserrement budgétaire dans les économies avancées, les multiples crises découlant de la pandémie de Covid‑19 et la guerre russo‑ukrainienne, ont « déjà transformé un ralentissement mondial en une récession, l’atterrissage en douceur souhaité étant peu probable ».

« Un resserrement monétaire excessif pourrait ouvrir la voie à une période de stagnation et d’instabilité économique pour de nombreux pays en développement et certains pays développés », a déclaré la CNUCED dans un communiqué.

L’ONU a noté que ce resserrement monétaire excessif survient à un moment où les salaires réels sont en baisse, où il y a des turbulences financières et où « le soutien et la coordination multilatéraux sont insuffisants ».

« Croire qu’elles [les banques centrales] seront capables de faire baisser les prix en s’appuyant sur des taux d’intérêt plus élevés sans générer de récession est (…) un pari imprudent », a ajouté l’ONU.

Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell et le président Joe Biden lors d’une annonce à la Maison Blanche à Washington, le 22 novembre 2021. (Jim Watson/AFP via Getty Images)

Revenir sur la décision de relever les taux d’intérêt

Les responsables de l’ONU ont également averti qu’une récession mondiale pourrait infliger des dommages plus importants que la crise financière de 2008‑2009 et que le choc de la pandémie Covid‑19 en 2020. Ils ont appelé les banques centrales des économies développées à « faire machine arrière et à éviter d’être tenté de faire baisser les prix en s’appuyant sur des taux d’intérêt toujours plus élevés ».

La CNUCED prévoit que la croissance économique mondiale ralentira à 2,5% en 2022 et chutera à 2,2% en 2023, entraînant une descente mondiale qui laisserait le produit intérieur brut réel toujours en dessous de sa tendance pré‑pandémique, et coûtera au monde plus de 17.000 milliards de dollars en perte de productivité.

Selon l’organisme international, il faut surtout s’inquiéter dans les pays en voie de développement, où le taux de croissance moyen devrait tomber en dessous de 3%. Selon les responsables de l’ONU, c’est « un rythme insuffisant pour le développement durable, qui pèse encore plus sur les finances publiques et privées et nuit aux perspectives d’emploi ».

Le rapport pointe des pays comme la Zambie, le Suriname et le Sri Lanka, qui présentaient déjà des signes de surendettement avant le début de la pandémie, et indique que leur situation va s’aggraver.

Le Sri Lanka, par exemple, s’est retrouvé en défaut souverain au début de l’année, et a depuis conclu un accord préliminaire avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un plan de sauvetage de 2,9 milliards de dollars.

La CNUCED a indiqué que 60% des pays à faible revenu et 30% des économies de marché émergentes sont déjà en situation de surendettement ou sur le point de l’être, tout en réaffirmant le risque d’une crise mondiale de la dette.

Les hausses de taux d’intérêt prévues cette année aux États‑Unis devraient réduire de 360 milliards de dollars les revenus futurs des pays en développement (à l’exclusion de la Chine) et pourraient entraîner un chaos encore plus grand, prévient le rapport.

Une cliente compte son argent dans un supermarché, le 4 avril 2022 à Berlin, en Allemagne. L’inflation en Allemagne a bondi à 7,3 % en mars, le taux le plus élevé en 40 ans, principalement en raison de la hausse des prix de l’énergie résultant de l’invasion russe en Ukraine. (Hannibal Hanschke/Getty Images)

« Nous avons les outils nécessaires pour calmer l’inflation »

« Il est encore temps de s’éloigner du bord de la récession », a déclaré Rebeca Grynspan, secrétaire générale de la CNUCED. « Nous avons les outils pour calmer l’inflation et soutenir tous les groupes vulnérables. C’est une question de choix politiques et de volonté politique. Mais la ligne de conduite actuelle nuit aux plus vulnérables, notamment dans les pays en développement, et risque de faire basculer le monde dans une récession mondiale. »

La CNUCED a appelé les gouvernements à adopter un ensemble de mesures plus pragmatiques, comprenant une augmentation des dépenses publiques, un contrôle stratégique des prix et une réglementation plus stricte des marchés des produits de base, afin de faire baisser les prix dans les secteurs de l’alimentation, de l’énergie et autres, qui ont durement touché les consommateurs.

Les responsables ont également exhorté les gouvernements à déployer des mesures antitrust et des taxes exceptionnelles sur les « bénéfices excessifs des entreprises » et à rediriger ces fonds pour aider à soutenir les économies les plus vulnérables.

Ils ont également imploré les investisseurs publics et privés de consacrer davantage d’argent à la recherche et au développement dans le domaine des énergies renouvelables. Ils ont réclamé un soutien accru à l’initiative des Nations unies pour les céréales de la mer Noire, menée par les Nations unies et la Turquie, qui vise à relancer les exportations vitales de nourriture et d’engrais de l’Ukraine vers le reste du monde.

« Le véritable problème auquel sont confrontés les décideurs politiques n’est pas une crise de l’inflation causée par trop d’argent pour trop peu de biens, mais une crise de répartition avec trop d’entreprises qui versent des dividendes trop élevés, trop de personnes qui se débattent d’un chèque de paie à l’autre, et trop de gouvernements qui survivent d’un paiement d’obligations à l’autre », a déclaré Richard Kozul‑Wright, directeur de la Division des Stratégies de Mondialisation et de Développement de la CNUCED, dans un communiqué.

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