EUROPE

Les pays européens devraient-ils envisager un service militaire à la suédoise?

avril 6, 2024 5:41, Last Updated: avril 15, 2024 10:03
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Devrait-on envisager un service militaire à la suédoise en Europe? C’est ce que semble penser l’ancien chef du renseignement britannique (MI6) qui estime que les différents pays européens devraient envisager la création d’une « force de réserve » à la suédoise, qui pourrait être appelée en cas d’état d’urgence pour défendre le pays.

« Il s’agit de réfléchir à la manière dont l’ensemble du pays pourrait participer et contribuer à la sécurité en cas d’urgence, » a déclaré Sir Alex Younger à la BBC, « ce qui, vous le savez, n’est plus impossible à imaginer », a-t-il ajouté.

Il estime que, « in extremis », quelque chose de similaire au modèle suédois serait souhaitable, un système dans lequel « le gouvernement a théoriquement le pouvoir d’obliger les gens à fournir leur service d’une manière ou d’une autre, mais ne l’exerce pas, sauf dans les domaines où c’est vraiment nécessaire », a-t-il ajouté.

« Toutes les personnes qui sont appelées ne sont pas forcément convoquées au poste [militaire]. Je pense que c’est extrêmement improbable », a ajouté l’ancien chef du MI6.

La Suède, dernier membre en date à rejoindre l’OTAN, applique ce qu’elle appelle un « service de défense totale », qui comprend un service civil ou militaire. Les hommes et les femmes âgés de 18 ans doivent remplir un formulaire d’enrôlement, mais tous ne sont pas appelés au service militaire. Le service national général obligatoire peut être activé en cas d’état d’alerte renforcé.

Nous avons été infantilisés

L’ancien chef des services secrets britanniques a fait ces remarques dans le cadre d’une discussion plus large lors de laquelle il a estimé que l’Europe occidentale s’est détachée de sa propre défense après la guerre froide, et pense à tort que le militarisme et les menaces militaires des adversaires font partie du passé.

Cette semaine, le ministre britannique de la défense a déclaré que l’Europe était en état de « pré-guerre » et que le continent devrait prendre sa propre défense plus au sérieux. Selon l’ancien chef du MI6, le terme « avant-guerre » n’était pas particulièrement utile, car en réalité, « nous sommes toujours dans un monde d’avant-guerre dans une certaine mesure ».

« Je viens du monde secret où les États se comportent en fonction de leurs intérêts réels, et non de leurs intérêts déclarés », a déclaré l’ancien chef du MI6.

Il a prévenu que l’Europe occidentale avait été « infantilisée » depuis la fin de la guerre froide – protégée par la garantie de sécurité des États-Unis – au point de « penser que nous avons évolué et que nous sommes dans une phase post-historique ».

« L’orgueil de l’Europe, dans laquelle j’inclus le Royaume-Uni, est de croire que nous avons tourné la page de la guerre idéologique et donc de la rivalité militaire du passé », a-t-il déclaré.

La démocratie n’est pas « intrinsèquement sûre »

Il affirme que l’hypothèse selon laquelle nous vivons dans un « monde intrinsèquement plus sûr où la démocratie est intrinsèquement sûre » est « absurde ».

« Et je sais que c’est archi-faux car nos adversaires dans le monde secret ne le voient pas de cet oeil, je peux vous l’assurer », a déclaré l’ancien chef du MI6.

Il a ajouté que l’Europe et le Royaume-Uni ont eu le « luxe » de « sous-traiter la défense à des armées professionnelles avec lesquelles ils entretiennent des relations de plus en plus distantes ».

Selon lui, il est important de changer cette culture en matière de sécurité, qui, selon lui, n’est pas viable.

Alex Younger, chef du service de renseignement secret du Royaume-Uni, connu sous le nom de MI6, prononce un discours à l’université de St. Andrews en Écosse le 3 décembre 2018. (Andrew Milligan – WPA Pool/Getty Images)

« Je pense que les États-Unis ont été des fournisseurs de sécurité extraordinairement généreux. Cela va se modifier d’une manière ou d’une autre à l’avenir. Nous devrons donc de toute façon nous approprier notre sécurité. Il s’agit donc d’une conversation qui tombe à point nommé », a-t-il déclaré.

Se préparer à la guerre

Sir Alex a déclaré que l’Europe occidentale devrait se tourner davantage vers l’Europe de l’Est et les États limitrophes de la Russie pour comprendre comment envisager leur sécurité, car ces pays ont une meilleure maîtrise des menaces immédiates que nous.

« Nous semblons être convaincus que les avantages dont nous disposons et les valeurs qui imprègnent notre pays sont en quelque sorte naturels et n’ont pas besoin d’être défendus, et je pense que nous allons subir un choc brutal. En revanche, si nous décidons de les défendre, la nécessité de le faire diminuera probablement », a-t-il déclaré.

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, lors d’une conférence de presse conjointe avec le premier ministre suédois à Stockholm, le 7 mars 2023. (Jonathan Nackstrand/AFP via Getty Images)

D’autres personnalités du monde de la défense et du renseignement ont déclaré que l’Europe était déjà en état de guerre ou qu’elle devait se préparer à un conflit.

Sir Richard Dearlove, qui a lui aussi dirigé le MI6, a déclaré en février que « l’Europe est en guerre » d’un point de vue psychologique et que « nous devrions penser en ces termes ».

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, et le président du Comité militaire de l’OTAN, l’amiral Rob Bauer, ont également enjoint l’Europe à se préparer à la guerre, en particulier à un conflit avec la Russie.

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