Les produits chimiques contenus dans les cosmétiques, les jouets et les contenants alimentaires contribuent à l’augmentation des naissances prématurées

Selon une étude récente, les phtalates pourraient avoir contribué à plus de 56.000 naissances prématurées rien qu'en 2018

Par Zrinka Peters
4 mars 2024 15:42 Mis à jour: 4 mars 2024 17:48

Les plastiques sont omniprésents. Rares sont ceux qui pourraient affirmer que la vie n’est pas plus pratique grâce à eux. Mais à quel prix notre dépendance à l’égard de cette commodité et de cette facilité s’est-elle manifestée ?

Les phtalates, une classe de produits chimiques synthétiques souvent appelés « plastifiants » en raison de leur utilisation courante pour rendre les produits en plastique souples et flexibles, sont présents dans des milliers de produits de consommation, des revêtements de sol en vinyle aux nettoyants ménagers en passant par les jouets pour enfants. Pour la plupart d’entre nous, l’exposition principale aux phtalates se fait probablement par le biais de récipients alimentaires en plastique et de produits de soins personnels tels que les shampooings et les cosmétiques.

La recherche indique que nous ne devrions pas considérer la sécurité de ces produits quotidiens comme acquise. L’exposition aux phtalates a été associée à un certain nombre d’effets néfastes sur la santé, notamment un risque accru d’accouchement prématuré, et les chercheurs appellent à une plus grande sensibilisation et à l’évitement des produits contenant des phtalates.

Les phtalates sous surveillance

Les phtalates étaient déjà suspectés en raison d’un certain nombre d’études mettant en évidence le rôle que ces substances chimiques peuvent jouer dans le raccourcissement de l’âge gestationnel.

Une nouvelle étude publiée le 7 février 2024 dans la revue The Lancet donne une estimation édifiante du poids de l’exposition aux phtalates dans la survenue de naissances prématurées, et parvient pour la première fois à chiffrer les coûts sociaux et médicaux que représentent les naissances prématurées qui seraient la conséquence d’une exposition aux phtalates, qui se situent autour de 3,84 milliards de dollars. Le principal résultat est que les 10% de femmes ayant le taux le plus élevé de phtalates ont un risque accru d’accouchement prématuré de 50% par rapport aux 10% des femmes les moins contaminées.

En extrapolant ces résultats à l’ensemble des naissances prématurées aux États-Unis, il s’avère qu’entre 5 et 10% des naissances prématurées (soit près de 56.600 naissances en 2018), pourraient résulter d’une exposition aux phtalates durant la grossesse.

En France, le RES (Réseau environnement santé), relayant l’étude de The Lancet, a lancé une alerte dans un communiqué de presse impliquant les phtalates comme étant une grande cause de prématurité.

Les nourrissons et les jeunes enfants sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes de l’exposition aux phtalates sur leur cerveau en développement. Le projet TENDR, une alliance de scientifiques, de professionnels de la santé et de défenseurs qui travaillent ensemble pour protéger les enfants des effets néfastes sur le cerveau de l’exposition à des produits chimiques toxiques, explique que l’exposition prénatale aux phtalates peut affecter le développement neurologique des nourrissons et des enfants, entraînant des effets qui « incluent des comportements similaires au trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), des problèmes de comportement et d’agressivité, ainsi que la dépression et d’autres comportements d’intériorisation ».

Ils notent également que « l’exposition prénatale a été associée à des déficits du QI de l’enfant, de la mémoire de travail et du fonctionnement exécutif, ainsi qu’à des problèmes de régulation émotionnelle ».

Bien que les enfants soient particulièrement vulnérables, les effets d’une exposition continue aux phtalates s’étendent également aux adultes et sont liés à un risque accru d’obésité, de diabète, d’endométriose, de malformations congénitales du système reproducteur masculin, de maladies cardiovasculaires et d’irrégularités thyroïdiennes.

Il est impossible de vivre dans la société contemporaine et d’éliminer complètement l’exposition aux phtalates. Nous ne pouvons pas éliminer l’exposition aux phtalates, mais nous pouvons la réduire en faisant plus attention à la nourriture que nous mangeons et aux produits que nous utilisons.

Si les produits contenant des phtalates sont omniprésents, le risque le plus important provient de ceux que nous mangeons, que nous absorbons par la peau ou que nous inhalons. Les aliments préparés ou conservés dans des récipients en plastique, ainsi que l’utilisation de produits de soins personnels, sont les principales sources d’exposition aux phtalates pour la plupart des gens. En outre, les femmes sont généralement plus exposées que les hommes, car elles ont tendance à utiliser une plus grande variété de produits de soins personnels. Le vernis à ongles, la laque, les nettoyants, les lotions après-rasages et les shampooings contiennent généralement des phtalates.

Identifier les produits sans phtalates

Il existe des moyens simples de réduire l’exposition à ces substances chimiques nocives. Rechercher les produits de soins personnels portant la mention « sans phtalates ». Éviter également les produits dont la liste d’ingrédients contient le terme générique « parfum », car les phtalates sont couramment utilisés dans les parfums synthétiques et peuvent être cachés parmi les ingrédients « parfum » non divulgués.

Réduire l’utilisation d’emballages et de récipients alimentaires en plastique fabriqués à partir de PVC et conserver les aliments dans des récipients en verre ou en acier inoxydable est un bon début. Éviter de chauffer les aliments ou les boissons dans des récipients en plastique, car la chaleur augmente la libération de phtalates dans les aliments. Limiter la consommation de fast-food, dont il a été démontré qu’il contenait des concentrations plus élevées de phtalates, au profit d’aliments frais et peu transformés, est également un pas dans la bonne direction.

Les phtalates sont des perturbateurs endocriniens (PE), que le site “Perturbateurs Endocriniens” répertorie dans une liste analytique. Santé publique France, dans un article publié en 2022 en donne la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé et indique que des études de biosurveillance ont montré une imprégnation généralisée de la population française par ces PE, dont les phtalates.

Un stage organisé par le Réseau Environnement Santé (association agréée au titre du Ministère de la Santé) à l’université Paris Descartes en 2018 a rendu ses conclusions dans un rapport (PDF), très complet intitulé : “Les phtalates : une problématique de santé publique et environnementale.”

Le RES a également mené en 2020 l’opération « zéro phtalates »  en prenant appui sur une mesure de la contamination humaine via une analyse des cheveux. L’objectif est de montrer qu’il est possible de faire reculer les maladies chroniques, induites par les phtalates, dans un délai assez rapproché à condition d’identifier les sources d’exposition et d’agir pour les éliminer.

La ville de Strasbourg mène depuis 2022 les opérations « Ordonnance Verte » proposant des ateliers de sensibilisation aux risques liés aux phtalates pendant la grossesse et à la distribution hebdomadaire de paniers de fruits et légumes bio aux femmes enceintes.

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