Les propos de Trump sur l’OTAN « portent atteinte à la sécurité de tous », selon le chef de l’Alliance

L'ancien président a suggéré que les États-Unis pourraient ne pas protéger les pays de l'OTAN qui ne respectent pas leurs engagements budgétaires

Par Naveen Athrappully
14 février 2024 04:08 Mis à jour: 16 février 2024 22:22

Les dirigeants européens ont réagi avec effroi après que l’ancien président américain Donald Trump a laissé entendre qu’il pourrait ne pas respecter les engagements des États-Unis envers certaines nations de l’OTAN s’il était élu président. Le chef de l’alliance militaire a estimé qu’une telle rhétorique mettait en péril la sécurité toute entière de l’Occident.

« Toute suggestion selon laquelle les alliés ne se défendront pas les uns les autres porte atteinte à l’ensemble de notre sécurité, » a-t-il dit, « y compris celle des États-Unis, et expose les soldats américains et européens à un risque accru », a déclaré le chef de l’OTAN, Jens Stoltenberg, dans un communiqué publié le 11 février, selon The Guardian.

Il a affirmé que toute attaque contre un pays de l’OTAN ferait l’objet d’une « réponse unie et énergique » et que la coalition restait « prête à défendre tous les alliés et est en mesure de le faire ».

La remarque fait suite aux propos tenus par Donald Trump lors d’un meeting de campagne le 10 février, l’ancien président ayant laissé entendre que les membres de l’OTAN qui ne respectent pas l’objectif des 2 % du PIB alloués à la défense, ne seraient pas protégés par les États-Unis s’il devait revenir au pouvoir.

« Le président d’un grand pays [de l’OTAN] s’est levé et a lancé: ‘Si nous ne payons pas et que nous sommes attaqués par la Russie, nous protégerez-vous ?’ J’ai répondu : Dans le cas où vous n’avez pas payé ? Dans le cas où vous êtes en retard de paiement ? Il m’a répondu : ‘Oui, admettons que cela se produise’. Eh bien non, je ne vous protégerai pas, » a déclaré Trump. « En fait, j’irai même jusqu’à leur dire de vous faire ce qu’ils veulent. Vous devez payer. Vous devez payer vos factures ».

Selon un rapport de l’OTAN pour 2023, seuls sept des 31 alliés ont atteint l’objectif de 2 % du PIB consacré à la défense en 2022.

Réactions

« La devise de l’OTAN, ‘un pour tous et tous pour un’, est un engagement concret », a déclaré le ministre polonais de la Défense, Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, dans un message publié le 11 février sur X (anciennement Twitter). « S’en prendre à la crédibilité des pays alliés, c’est affaiblir l’ensemble de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord. Les campagnes électorales ne sont pas une excuse pour jouer avec la sécurité de l’alliance. »

Le président de la Commission européenne, Charles Michel, a lui-aussi rappelé dans un message publié sur les réseaux sociaux que l’alliance de l’OTAN « est la base de la sécurité et de la prospérité des Américains, des Canadiens et des Européens depuis 75 ans ».

« Ces déclarations inconsidérées sur la sécurité de l’OTAN et la solidarité de l’article 5 ne servent que les intérêts de Poutine », a-t-il ajouté. « Elles n’apportent pas plus de sécurité ou de paix au monde. Au contraire, elles soulignent à nouveau la nécessité pour l’UE de développer d’urgence son autonomie stratégique et d’investir dans sa défense. Et de préserver la solidité de notre Alliance. »

Aux États-Unis, les réactions parmi les Républicains ont été partagées, certains accusant Trump de semer le trouble, et d’autres, comme le sénateur Tom Cotton (Arkansas), critiquant certains pays de l’OTAN.

« Les pays de l’OTAN qui ne dépensent pas assez pour leur défense, comme l’Allemagne, encouragent, de fait, une attaque russe et Trump ne fait que tirer la sonnette d’alarme », a-t-il déclaré.

« C’est la force, et non la faiblesse, qui dissuade l’agression. La Russie a envahi l’Ukraine à deux reprises sous Barack Obama et Joe Biden, mais pas sous Donald Trump. »

Patrick Bury, expert en défense et en sécurité et ancien analyste de l’OTAN, a déclaré à la BBC que les commentaires de Trump ne font que refléter la colère des États-Unis face aux nations européennes qui ne dépensent pas leur juste part en matière de défense.

« Jouer les durs avec les alliés de l’OTAN est compréhensible, mais ces commentaires vont vraiment trop loin », a-t-il dit. Selon lui, de telles déclarations peuvent avoir un impact sur la situation mondiale actuelle, dans laquelle la Russie est sur le pied de guerre et où ses dépenses militaires dépassent de loin celles des nations européennes.

« Si Trump est à la Maison Blanche et qu’il y a une scission au sein de l’OTAN, soit sur l’Ukraine ou sur la façon de savoir comment répondre à une petite incursion, cela devrait en théorie déclencher l’article 5. C’est dans des scénarios de ce genre que l’alliance de l’OTAN se fait du souci ».

En avril 2023, les États-Unis représentaient 16,19 % du budget de l’OTAN.

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