L’évaluation de la communauté du renseignement des États-Unis sur les origines du Covid-19 ignore les informations disponibles

Par Jeff Carlson et Hans Mahncke
9 septembre 2021 17:24 Mis à jour: 12 septembre 2021 00:46

En mai 2021, le président Joe Biden a donné 90 jours à la communauté du renseignement pour rédiger un rapport sur les origines du Covid-19. La version déclassifiée de cette évaluation a maintenant été publiée.

Le rapport ne compte que 493 mots et ignore curieusement les informations facilement disponibles, choisissant plutôt de se concentrer sur des questions qui sont, pour la plupart, inconnues.

Plus précisément, la communauté du renseignement des États-Unis (Intelligence Community (IC)) a affirmé que pour parvenir à une évaluation concluante, elle avait besoin « d’échantillons cliniques ou d’une compréhension complète des données épidémiologiques des premiers cas ».

Cette approche de la Chine s’aligne sur une réponse récente du Dr Anthony Fauci, directeur de l’Institut américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID). Lorsqu’il a finalement admis en juin de cette année que le virus pouvait provenir d’un laboratoire de Wuhan, M. Fauci a également dit que des échantillons cliniques des premiers cas étaient nécessaires.

En même temps, alors que la communauté du renseignement des États-Unis (IC) affirme que la coopération de la Chine est nécessaire pour déterminer les origines du Covid-19, elle reconnaît que la Chine a refusé de coopérer à toute véritable enquête.

M. Fauci et l’IC comprennent tous deux que s’il y avait eu des informations utiles au Parti communiste chinois (PCC), elles auraient été publiées immédiatement.

Le rapport, non signé mais publié sous l’en-tête du directeur du renseignement national, semble être structuré de manière à éviter de contrarier la Chine. Plus important encore, le rapport protège la Chine, en donnant à plusieurs reprises du poids au fait que les responsables chinois ne savaient rien au préalable sur cette épidémie. Le rapport ne tient pas compte du fait que si la pandémie avait résulté d’un accident de laboratoire, aucun fonctionnaire n’en aurait eu connaissance.

La communauté du renseignement des États-Unis semble également confondre cause et effet en affirmant que le refus de la Chine de coopérer à une enquête serait motivé par la « frustration » étant donné que la communauté internationale « utilise cette question pour exercer une pression politique sur la Chine ».

Il est à noter que la communauté du renseignement des États-Unis (IC) a fait preuve d’un manque d’intérêt marqué pour les nombreuses données qui sont déjà disponibles et qui ne nécessitent pas l’aide du PCC.

Le fait le plus évident indiquant une fuite de laboratoire est sans doute le fait que Wuhan se trouve à au moins 1 600 km des habitats naturels des chauves-souris – un point qui n’est même pas mentionné dans le rapport de l’IC.

De plus, Wuhan était le seul endroit en Chine où des expériences sur le virus de la chauve-souris avaient lieu. En fait, il y avait au moins trois laboratoires à Wuhan qui menaient de tels travaux : l’Institut de virologie de Wuhan (WIV), le laboratoire du CDC de Wuhan et le Centre d’expérimentation animale de l’université de Wuhan.

La directrice du WIV, Shi Zhengli, a elle-même admis qu’elle ne s’attendait vraiment pas à ce que ce type de virus apparaisse à Wuhan. Par le passé, lorsque des virus émergeaient naturellement, ils apparaissaient dans le sud de la Chine.

Le rapport de la communauté du renseignement des États-Unis (IC) a également ignoré le type de recherches menées au WIV depuis au moins 2007, qui sont bien documentées. Des documents de recherche fournissent des preuves directes d’expériences de gain de fonction de plus en plus sophistiquées – un processus par lequel les virus sont délibérément rendus plus virulents afin de prévoir les maladies émergentes – menées par le laboratoire du WIV dans les années précédant la pandémie, y compris un certain nombre d’expériences spécifiquement conçues pour rendre les coronavirus plus transmissibles à l’homme.

Certaines de ces expériences de gain de fonction ont également été détaillées dans un article de la revue Nature du 9 novembre 2015 sur les expériences menées au laboratoire de Wuhan à l’aide de « virus chimériques » chez la souris.

Notamment, en 2014, l’Institut américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) du Dr Fauci a accordé une subvention de 3,7 millions $ à la société EcoHealth Alliance, basée à New York et dirigée par Peter Daszak. Selon Francis Collins, le directeur des Instituts américains de la santé (NIH), une partie des fonds de la subvention « est allée à Wuhan » dans le cadre « d’un contrat de sous-traitance d’EcoHealth ». En août 2020, après que le président Donald Trump a annulé la première subvention, Anthony Fauci a accordé à l’EcoHealth de Daszak une nouvelle subvention de 7,5 millions $.

Une seule section du rapport fait référence au traitement et à l’échantillonnage des animaux par le WIV. Cette section fait référence à une agence de renseignement qui a conclu qu’elle était modérément convaincue de la possibilité que le virus ait fui d’un laboratoire de Wuhan. Il est à noter que toutes les autres agences ont penché pour une origine naturelle de l’épidémie de virus.

Le rapport ignore que des chauves-souris vivantes étaient conservées au WIV, apparemment le seul endroit de Wuhan où l’on pouvait trouver des chauves-souris. Le rapport ne mentionne pas non plus que des milliers d’échantillons de chauves-souris ont été apportés du sud de la Chine à Wuhan par les scientifiques du laboratoire.

L’énorme dépôt d’échantillons de chauves-souris à Wuhan a été confirmé par M. Daszak en juillet 2020, lorsqu’il a évoqué la découverte précoce d’une correspondance génétique étroite avec le Covid-19, notant que « ce n’était qu’une des 16 000 chauves-souris que nous avons échantillonnées. C’était un échantillon fécal, nous l’avons mis dans un tube, mis dans l’azote liquide, ramené au laboratoire. Nous avons séquencé un court fragment ».

M. Daszak, la personne par l’intermédiaire de laquelle le Dr Fauci finançait le WIV, a nié que des chauves-souris vivantes étaient conservées au laboratoire de Wuhan, affirmant que ce n’était pas ainsi que la technique fonctionnait. M. Daszak a ensuite supprimé son tweet de démenti sans explication. Des photos de l’intérieur du laboratoire du WIV sont apparues depuis, confirmant que des chauves-souris vivantes étaient effectivement détenues par le personnel du laboratoire.

Le rapport n’aborde pas non plus le fait que la directrice du WIV, Shi Zhengli, a tenté de dissimuler le fait qu’elle était en possession du plus proche parent connu du Covid-19 depuis plus de 7 ans. Shi Zhengli a soudainement renommé le virus au début de 2020, au début de la pandémie, occultant ainsi le fait que son laboratoire détenait un virus étroitement apparenté.

Shi Zhengli a également occulté l’origine du virus. On a découvert par la suite que l’endroit où Shi Zhengli avait trouvé le virus de type Covid était la mine de Mojiang, où trois mineurs étaient morts de symptômes de type Covid en 2012. Elle admettra plus tard que la mine de Mojiang était bien la source de son virus.

Les recherches de Shi Zhengli sur les coronavirus des chauves-souris avaient déjà attiré l’attention des diplomates de l’ambassade des États-Unis en Chine. En 2018, après avoir visité le WIV, ils ont envoyé plusieurs câbles au ministère des Affaires étrangères pour mettre en garde contre les conditions de sécurité inadéquates du laboratoire.

La représentante officielle du Dr Fauci en Chine, Chen Ping, avait elle-même envoyé de multiples messages au bureau de celui-ci – qui auraient tous dû déclencher des signaux d’alarme. Chen Ping a noté que des documents de recherche détaillant des expériences de gain de fonction au WIV étaient publiés en tant que travaux financés par les Instituts américains de la santé (NIH).

Ses demandes auprès du bureau du Dr Fauci semblent être restées sans réponse. Chen Ping s’est également plainte que l’accès au WIV lui était refusé. Lorsque, au bout de deux ans, elle a enfin été autorisée à visiter l’installation, il lui a été interdit de prendre des photos à l’intérieur du laboratoire.

Depuis le début de la pandémie, on a découvert des séquences vidéo prises par des équipes de la télévision chinoise à l’intérieur du laboratoire, qui ont permis de mettre en évidence un certain nombre de manquements aux règles de biosécurité, ainsi que le fait que le laboratoire détenait des chauves-souris vivantes.

En 2015, un article paru dans Nature mettait spécifiquement en garde contre le potentiel pandémique des expériences menées par le WIV. Richard Ebright, biologiste moléculaire et expert en biodéfense à l’université Rutgers, a déclaré avec prescience : « Le seul impact de ces travaux est la création, dans un laboratoire, d’un nouveau risque non naturel. »

Le rapport de la communauté du renseignement des États-Unis ne mentionne aucun de ces avertissements pré-pandémiques. Il n’est pas non plus fait mention des avertissements du gouvernement français, qui avait initialement aidé à la construction du laboratoire BSL-4 (biosafety level 4) du WIV dans le cadre d’une coentreprise avec le régime chinois.

Cependant, le gouvernement français a par la suite refusé de certifier le laboratoire du WIV en raison des inquiétudes des responsables militaires concernant les armes biologiques. La France a également refusé à la Chine l’accès à des équipements de sécurité et à des virus en raison des inquiétudes liées aux armes biologiques exprimées par les responsables militaires.

En outre, en 2009, Hillary Clinton, alors secrétaire d’État, a été avertie dans un câble diplomatique de la construction du laboratoire BSL-4 du WIV et du risque de prolifération d’armes biologiques.

Le rapport de la communauté du renseignement des États-Unis a également omis de noter que le WIV et le CDC de Wuhan menaient des expériences sur le coronavirus des chauves-souris dans des laboratoires de niveau de sécurité biologique 2, un environnement de faible sécurité biologique qui se situe en dessous du seuil de sécurité accepté pour les niveaux de recherche sur les coronavirus. Un minimum de niveau de sécurité BSL-3 est requis pour travailler avec des coronavirus, y compris l’isolement, la culture et l’amplification.

Lorsque Shi Zhengli a finalement admis avoir mené des expériences sur les coronavirus au niveau de sécurité BSL-2, un éminent supporteur de la théorie des origines naturelles, Ian Lipkin, a changé d’avis sur l’origine de la pandémie. Ian Lipkin pense désormais que le virus est bien sorti d’un laboratoire de Wuhan, disant que « cela n’aurait pas dû arriver. Personne ne devrait observer des virus de chauve-souris dans des laboratoires BSL-2. Mon point de vue a changé ».

Un développement plus récent, également ignoré dans le rapport de la communauté du renseignement des États-Unis, est que le principal enquêteur des origines de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Peter Ben Embarek, a maintenant affirmé dans un documentaire danois qu’une fuite de laboratoire est probable et « pourrait bien avoir été déclenchée par un employé de l’un des laboratoires de la ville ».

M. Embarek, qui dirigeait l’équipe de l’OMS qui s’est rendue à Wuhan en février de cette année, avait auparavant affirmé qu’une fuite de laboratoire était extrêmement improbable. Mais il admet maintenant que cette affirmation était le résultat de la pression exercée par le régime chinois. M. Embarek a déclaré à l’équipe du documentaire danois qu’après deux jours de négociations, un accord avait été conclu entre l’équipe d’Embarek et ses homologues chinois.

En vertu de l’accord conclu avec le PCC, M. Embarek serait autorisé à mentionner la théorie de la fuite en laboratoire, mais uniquement à condition qu’elle soit jugée « extrêmement improbable » et qu’il n’y ait pas d’autres études sur la question.

Le rapport de la communauté du renseignement des États-Unis n’aborde pas non plus la téléconférence du 1er février 2020, organisée à la hâte par le Dr Fauci et le Dr Jeremy Farrar, directeur du Wellcome Trust britannique. Cette téléconférence a eu lieu après l’annonce publique, la nuit précédente, d’un lien potentiel entre le Covid-19 et le WIV.

L’implication antérieure des États-Unis dans le laboratoire préoccupait les Drs Fauci et Farrar, qui avaient connaissance de déclarations publiques faites par le directeur du laboratoire de Wuhan sur l’utilisation de fonds américains pour des recherches controversées sur le gain de fonction menées dans ce laboratoire.

À la suite de la téléconférence, le débat public sur la possibilité que la source soit une fuite du laboratoire a été activement réprimé par les plateformes de médias sociaux, les responsables de la santé et l’OMS.

Les participants à la téléconférence ont également contribué à la publication de deux articles influents qui ont été largement utilisés par les organisations médiatiques pour promouvoir la théorie des origines naturelles. Simultanément, les autres théories, y compris celle d’une possible fuite de laboratoire, ont été largement discréditées en tant que théories du complot.

Un autre domaine connexe que le rapport de la communauté du renseignement des États-Unis n’a pas abordé est le financement du WIV par des sources nationales du gouvernement américain et la manière dont ces fonds ont été utilisés. Des agences de financement, y compris l’Institut américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) et les Instituts américains de la santé (NIH) du Dr Fauci, possèdent des dossiers et des documents pertinents, tout comme l’Alliance EcoHealth du Dr Daszak, par l’intermédiaire de laquelle le financement du WIV a été organisé.

En effet, les documents d’EcoHealth récemment publiés en vertu de la loi sur la liberté d’information ont confirmé que le NIAID du Dr Fauci a financé des expériences de gain de fonction, y compris la fabrication au WIV de nouveaux coronavirus chimériques liés au SRAS. Ces virus modifiés ont été testés sur des souris humanisées et ont montré que les virus pouvaient infecter les humains et étaient plus pathogènes que le virus original.

Des éditeurs tels que Springer-Nature et Lancet, qui ont tous deux mis en avant de manière agressive le récit des origines naturelles, possèdent des archives des premières ébauches, des données et des rapports de révision des nombreux articles soumis par le personnel du WIV. La fondation caritative en médecine Wellcome Trust, avec l’aide duquel le Dr Fauci a orchestré sa téléconférence secrète, possède des documents relatifs à son rôle dans la téléconférence et dans le financement du WIV.

Le laboratoire qui a formé le personnel du WIV, le Galveston National Laboratory au Texas, possède des informations détaillées à la fois sur la formation et sur le personnel. Le gouvernement français possède des dossiers sur la construction du laboratoire et sur les différends qui ont finalement conduit la France à se retirer de la WIV. L’UE a également financé le WIV et possède des dossiers pertinents.

Il existe également des dénonciateurs dans les pays occidentaux. S’il n’est pas réaliste d’avoir un accès direct à des dénonciateurs chinois tels que Xiao Botao, un scientifique de Wuhan, qui a été le premier à attribuer publiquement la pandémie à une fuite du laboratoire, le 6 février 2020, il en existe beaucoup d’autres, y compris des scientifiques qui ont pu être initialement trompés par leurs pairs.

Andrew Huff a travaillé comme vice-président associé chez EcoHealth. Il a depuis publié sur LinkedIn un certain nombre de déclarations imputant la responsabilité de la pandémie à une fuite de laboratoire et accusant des scientifiques internationaux d’avoir collaboré à la dissimulation de cette fuite.

En réaction à l’affirmation selon laquelle l’origine du virus ne pouvait être déterminée, M. Huff a déclaré que « vous pouvez lire les études évaluées par les pairs, les dépôts de brevets, les demandes de subventions et les courriels du Dr Fauci, et il est très clair quel était le rôle de ce dernier ».

Il y a également un certain nombre de scientifiques impliqués dans les efforts initiaux pour pousser la théorie des origines naturelles qui ont depuis changé d’avis. Stanley Perlman dit maintenant que la théorie de la fuite en laboratoire est « de nouveau sur la table ». Et le signataire Charles Calisher affirme qu’il était « exagéré » de qualifier la fuite de laboratoire de théorie du complot.

Un autre signataire, Peter Palese, exige désormais une enquête en bonne et due forme. Plus particulièrement, Bernard Roizman, professeur à l’université de Chicago, a déclaré que le virus provenait du laboratoire en raison d’une « négligence », affirmant que le personnel du laboratoire de Wuhan « ne peut pas admettre avoir fait quelque chose d’aussi stupide ».

Le rapport de la communauté du renseignement a déclaré que « la coopération de la Chine serait très probablement nécessaire pour parvenir à une évaluation concluante des origines du Covid-19 ».

Mais il existe une multitude d’informations dans le domaine public qui sont facilement disponibles et ne nécessitent pas les vastes ressources des communautés américaines du renseignement ou la coopération du PCC.

Si l’intention de la communauté du renseignement des États-Unis avait été de fournir au public une réponse à l’origine du virus, cette réponse aurait facilement pu être trouvée.

Jeff Carlson est un collaborateur régulier d’Epoch Times. Il est titulaire de la charte CFA® et a travaillé pendant 20 ans en tant qu’analyste et gestionnaire de portefeuille sur le marché des obligations à haut rendement. Il dirige également le site TheMarketsWork.com.

Hans Mahncke est un collaborateur régulier d’Epoch Times. Il est titulaire d’une licence, d’une maîtrise et d’un doctorat en droit. Il est l’auteur de nombreux ouvrages de droit et ses recherches ont été publiées dans un grand nombre de revues internationales. Hans peut être suivi sur Twitter @hansmahncke.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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