L’équipe de Fauci s’est démenée en janvier 2020 pour répondre aux allégations de fuite de laboratoire, selon des courriels

Par JEFF CARLSON et HANS MAHNCKE
4 juin 2021 06:30 Mis à jour: 4 juillet 2021 18:06

Des hauts responsables de la santé aux États-Unis, dont Anthony Fauci, se sont démenés fin janvier 2020 pour répondre à l’annonce publique d’un lien potentiel entre le Covid-19 et l’Institut de virologie de Wuhan en Chine.

L’examen de plus de 3 000 pages de courriels appartenant à Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), a permis de mieux comprendre leur réaction. Ces courriels ont été rendus publics dans le cadre de la loi sur la liberté d’information et fournissent une chronologie détaillée des événements.

Les courriels suggèrent que les fonctionnaires étaient préoccupés par l’implication antérieure des États-Unis dans le laboratoire et qu’ils avaient connaissance des déclarations publiques faites par le directeur du laboratoire de Wuhan concernant l’utilisation de fonds américains pour des recherches controversées menées dans ce laboratoire.

À la suite de ces conversations, les plates-formes de médias sociaux, les responsables de la santé et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont activement supprimé toute discussion publique sur l’éventualité d’une fuite du laboratoire.

31 janvier 2020

Anthony Fauci a reçu un courriel à 20 h 43 (p. 3229) le 31 janvier 2020 d’un associé, Greg Folkers, des Instituts américains de la santé (NIH), l’agence fédérale responsable de la recherche en santé publique. L’email ne contenait aucun texte et ne contenait qu’un seul et long article qui avait été publié dans le magazine Science le soir même.

L’article, rédigé par Jon Cohen, était l’une des premières histoires décrivant comment les scientifiques travaillaient frénétiquement sur les « génomes viraux » afin de « comprendre l’origine de 2019-nCoV ».

L’article se concentre sur la théorie selon laquelle le virus proviendrait d’un marché de fruits de mer de Wuhan, et l’auteur prend soin d’écarter la théorie de la fuite de laboratoire, en notant que les séquences virales « permettent d’écarter l’idée que l’agent pathogène provienne d’un institut de virologie de Wuhan ».

Anthony Fauci, directeur de l’Institut américain des allergies et des maladies infectieuses, au Capitole à Washington le 26 mai 2021 (Sarah Silbiger-Pool/Getty Images)

Cependant, l’auteur a noté que « les préoccupations concernant l’institut sont antérieures à cette épidémie », et a également détaillé comment un scientifique « en 2015 a critiqué une expérience dans laquelle des modifications ont été apportées à un virus semblable au SRAS circulant dans les chauves-souris chinoises pour voir s’il avait le potentiel de causer la maladie chez les humains ».

L’expérience citée dans l’article de Science a été décrite de manière plus détaillée dans un article publié le 9 novembre 2015 dans la revue Nature, concernant des expériences de gain de fonction – un processus par lequel des virus sont délibérément rendus plus virulents afin de prédire les maladies émergentes – qui étaient menées au laboratoire de Wuhan en utilisant des « virus chimériques » chez les souris.

Les auteurs de l’article, dont le directeur du laboratoire de Wuhan, Shi Zhingli, ont fait remarquer que leurs recherches avaient été lancées avant que le gouvernement américain n’instaure un moratoire sur la recherche sur les gains de fonction. Ils ont ajouté que leur article « a été examiné par l’agence de financement » et, surtout, que « la poursuite de ces études a été demandée et approuvée par les [Instituts américains de la santé] ».

Un travailleur est vu à l’intérieur du laboratoire P4 à Wuhan, en Chine, le 23 février 2017. (Johannes Eisele/AFP via Getty Images)

L’article notait également que « la recherche dans ce manuscrit a été soutenue par des subventions de l’Institut américain des allergies et des maladies infectieuses », l’organisation que dirige M. Fauci, ainsi que l’organisation mère du NIAID, les Instituts américains de la santé (NIH).

Après avoir reçu le courriel de son collègue des NIH (p. 3 229), M. Fauci a transmis l’article de Science à John Mascola du NIH à 21 h 47 (p. 3 229), en notant : « Voici l’article de Jon Cohen. »

Deux minutes plus tard (p. 3 187), Fauci a également transmis l’article à Jeremy Farrar, directeur d’une association britannique à but non lucratif, et à Kristian Andersen, professeur au Scripps Research, en leur disant : « Ceci vient de sortir aujourd’hui. Vous l’avez peut-être déjà vu. Si ce n’est pas le cas, il présente un intérêt pour la discussion actuelle. »

La raison pour laquelle M. Fauci a choisi de contacter MM. Farrar et Andersen, qui ne travaillaient ni pour M. Fauci ni pour le NIH, n’est pas claire mais, dans les jours qui ont suivi, tous deux sont devenus des forces de premier plan dans les efforts visant à dissiper la théorie de la fuite en laboratoire. En mars 2020, M. Andersen a coécrit l’article très influent « The Proximal Origin of SARS-CoV-2« , qui reste largement cité comme preuve de l’origine naturelle. M. Andersen et ses coauteurs ont reçu des fonds des NIH et de l’organisation de Jeremy Farrar.

Anthony Fauci a également envoyé l’article par courriel à Robert Kadlec, du bureau du secrétaire adjoint du HHS pour la préparation et la réponse (ASPR), à 21 h 49 (p. 3 222), en lui disant : « Bob : Ceci vient de sortir aujourd’hui. Donne un point de vue équilibré. Bonne chance, Tony. »

À 22 h 32 (p. 3 187) ce soir-là, M. Fauci a reçu une réponse par courriel de Kristian Andersen, qui a accusé réception de l’article et a noté une observation qu’il a faite.

Selon Kristian Andersen, « les caractéristiques inhabituelles du virus ne représentent qu’une très petite partie du génome (<0,1 %), il faut donc examiner de très près toutes les séquences pour voir que certaines des caractéristiques ont (potentiellement) l’air d’être modifiées ».

Plus tôt dans la journée, cependant, M. Andersen avait envoyé un tweet réfutant la théorie du sénateur Tom Cotton (Parti républicain, Arkansas) selon laquelle le virus pourrait provenir du laboratoire de Wuhan, disant : « Ces analyses sont complètement faussées et erronées. Elles peuvent être ignorées en toute sécurité. »

1er février 2020

Le lendemain matin – à 7 h 29 (p. 3 221) le 1er février 2020 – M. Fauci a envoyé à Hugh Auchincloss, le principal directeur adjoint du NIAID, l’article de Nature de 2015 qui détaillait les expériences de gain de fonction et le financement par les NIH. Il a inclus un message fort, disant : « Il est essentiel que nous parlions de cela dès cet avant-midi. Gardez votre téléphone portable allumé. » M. Fauci a demandé au directeur Auchincloss : « [Veuillez] lire ce document ainsi que l’e-mail que je vais vous transmettre maintenant. »

« Vous aurez des tâches à accomplir aujourd’hui », a-t-il écrit.

L’article de Nature était référencé indirectement dans l’article récemment publié par Jon Cohen. Trente-cinq secondes plus tard (p. 3 215), M. Fauci a poursuivi en envoyant au directeur Auchincloss l’article de Science nouvellement publié qui lui avait été transmis la veille au soir.

Peter Daszak, membre de l’équipe de l’Organisation mondiale de la santé chargée d’enquêter sur les origines du Covid-19, s’adresse aux médias à son arrivée à l’Institut de virologie de Wuhan, dans la province centrale chinoise du Hubei, le 3 février 2021. (Hector Retamal/AFP via Getty Images)

En 2014, le NIAID dirigé par Anthony Fauci a accordé une subvention de 3,7 millions de dollars à l’EcoHealth Alliance, basée à New York et dirigée par Peter Daszak. Selon Francis Collins, directeur des NIH, une partie des fonds de la subvention « est allée à Wuhan » dans le cadre « d’un contrat de sous-traitance d’EcoHealth ».

L’administration Obama avait établi en 2014 un moratoire sur la recherche sur les gains de fonction, en raison de son caractère risqué inhérent. Il est probable que la recherche de 2015 dans l’article transmis à M. Auchincloss par M. Fauci aurait été couverte par cette interdiction.

À 8 h 19 (p. 3 210), Anthony Fauci a envoyé l’article de Nature à Lawrence Tabak premier adjoint du directeur des NIH, dans un courriel portant la mention « IMPORTANT ». Anthony Fauci a simplement dit à M. Tabak : « Le voici. »

Environ deux heures plus tard, à 10 h 34 (p. 3 197), Jeremy Farrar a envoyé un courriel collectif, annonçant une conférence téléphonique à 14 heures. Son courriel précisait que « les informations et les discussions sont partagées en toute confidentialité et ne doivent pas être communiquées avant un accord sur les prochaines étapes ».

L’e-mail contenait un bref ordre du jour comprenant les points « introduction, objectif et résultats souhaités » ainsi que « résumé et prochaines étapes ». En comptant Jeremy Farrar, 13 personnes au total étaient inscrites à l’ordre du jour de la téléconférence.

Peu après le courriel de Jeremy Farrar sur la téléconférence, M. Auchincloss a répondu à M. Fauci à 11 h 47 (p. 3 206) dans une chaîne de courriels dont l’objet était « Suite ». Cette chaîne de courriels différait de celle que M. Fauci avait initiée lorsqu’il avait envoyé les deux articles plus tôt ce matin-là.

M. Auchincloss a noté : « L’article que vous m’avez envoyé indique que les expériences ont été réalisées avant la pause de gain de fonction, mais qu’elles ont depuis été revues et approuvées par les NIH. Je ne sais pas trop ce que cela signifie, car Emily est certaine qu’aucun travail sur le coronavirus n’est passé par le cadre P3. Elle va essayer de déterminer si nous avons des liens lointains avec ces travaux à l’étranger. »

« Le cadre P3 » fait référence au cadre HHS P3CO (HHS Framework for Guiding Funding Decisions About Proposed Research Involving Enhanced Potential Pandemic Pathogens), qui est utilisé pour guider les décisions de financement du ministère de la Santé et des Services Humanitaires (HHS) et des NIH. Il semble que le directeur Auchincloss contestait l’affirmation des chercheurs du laboratoire de Wuhan selon laquelle les expériences de gain de fonction avaient été approuvées.

M. Fauci a répondu très simplement à l’e-mail de M. Auchincloss à 12 h 51 (p. 3 206), en notant seulement : « OK. Restez à l’affût. »

Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses, arrive dans le Rayburn House Office building pour une audition à Washington le 31 juillet 2020. (Drew Angerer/Getty Images)

À 13 h 13 (p. 3 197), Jeremy Farrar a envoyé un autre courriel relatif à la téléconférence imminente de 14 h, disant : « Kristen et Eddie ont partagé cela et en parleront lors de l’appel. Je vous remercie. J’espère que cela aidera à encadrer les discussions. » Kristen semble être Kristian Andersen, qui est ensuite appelé KA.

En raison de censures, on ne sait pas à quoi Jeremy Farrar faisait référence comme étant « partagé ».

À 13 h 34 (p. 3 197), M. Fauci transmet l’e-mail de Jeremy Farrar à Lawrence Tabak des NIH, l’avertissant de la téléconférence de 14 h, en notant simplement : « Pour votre information ».

À 13 h 43 (p. 3,172), Marion Koopmans, qui supervise un laboratoire néerlandais précédemment impliqué dans des expériences de gain de fonction, a envoyé un courriel à Jeremy Farrar et a mis M. Fauci et d’autres membres de l’appel en copie conforme. Le corps de l’e-mail de Mme Koopmans est entièrement censuré.

Exactement au moment où Mme Koopmans a envoyé cet e-mail (p. 3 187), Anthony Fauci a répondu à l’e-mail du de Kristian Andersen, qui avait précédemment noté que « l’on doit regarder de très près toutes les séquences pour voir que certaines des caractéristiques ont (potentiellement) l’air d’être conçues ». M. Fauci a simplement écrit : « Merci, Kristian. À bientôt sur la téléconférence. »

La téléconférence commence ostensiblement à 14 heures, comme prévu. À 14 h 56 (p. 3 172), pendant la téléconférence, Jeremy Farrar a envoyé un courriel à quatre des 13 personnes censées être présentes à la téléconférence, dont M. Fauci, demandant : « Puis-je suggérer de mettre fin à l’appel et de relancer plus tard ? Juste pour 5-10 minutes ? »

À 15 h 03 (p. 3 172), M. Fauci répond directement à la demande de Jeremy Farrar par un simple « oui ». À 15 h 07 (p. 3 167), Jeremy Farrar semble avoir rejoint la téléconférence, envoyant un courriel dont la lecture est quelque peu confuse : « J’ai rejoint la téléconférence, donc une ligne est ouverte si quelqu’un veut me rejoindre. »

La téléconférence se termine quelque temps après ce moment et avant l’envoi du courriel suivant, à 15 h 50.

L’e-mail de 15 h 50 (p. 3 167), envoyé par Francis Collins, des NIH, semble se référer à Tedros Adhanom Ghebreyesus, chef de l’OMS, et déclare : « Salut Jeremy, je peux me rendre disponible à tout moment 24/7 pour l’appel avec M. Tedros. Il suffit de me le faire savoir. Merci pour votre leadership sur cette question critique et sensible. Francis. »

Peu de temps après, Jeremy Farrar a envoyé un courriel à 15 h 59 (p. 3 133) à l’ensemble du groupe, les remerciant de leur participation. Jeremy Farrar a noté : « Il y a clairement beaucoup de choses à comprendre [sic] dans tout cela. Cet appel a été très utile pour entendre certaines de nos compréhensions actuelles et les nombreuses lacunes dans nos connaissances. »

Une grande section expurgée a ensuite suivi. Jeremy Farrar a conclu en disant : « J’espère que c’est une approche raisonnable, s’il vous plaît envoyez toutes les pensées ou suggestions. Encore une fois, merci d’avoir pris du temps pendant un week-end et pour une discussion aussi informée sur une question complexe. Merci et meilleurs voeux Jeremy. »

Il y a plusieurs autres courriels courts et cordiaux.

2 février 2020

À 3 h 30 du matin (p. 3 130), Ron Fouchier envoie un courriel à des destinataires inconnus, remerciant Jeremy Farrar pour la « téléconférence utile » et comprenant une section intitulée « Notes de Ron ». La section des notes s’étend sur plus de deux pages complètes et est entièrement caviardée.

Jeremy Farrar a répondu à Fouchier en disant « Merci Ron », suivi d’un paragraphe rédigé. Le message de M. Farrar se terminait par « Vos réflexions à ce sujet sont les bienvenues ».

M. Farrar a ensuite envoyé un courriel à 4 h 48 (p. 3 128) à Andrew Raumbaut et aux autres participants du groupe de téléconférence. M. Farrar note que « c’est une question très complexe ». Ce commentaire a été suivi d’une longue section expurgée avant que M. Farrar ne termine par : « Je suggère que nous n’entrions pas dans une discussion scientifique plus approfondie ici, mais que nous attendions que ce groupe soit établi. »

Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, donne une conférence de presse au siège de l’OMS à Genève le 24 février 2020. (Fabrice Coffrini/AFP via Getty Images)

Le directeur des NIH, Francis Collins, a ensuite envoyé un courriel à Jeremy Farrar à 5 h 27 (p. 3 128), indiquant qu’il était disponible « pour appeler M. Tedros ».

« Faites-moi savoir si je peux aider à passer à travers son fourré de protecteurs », a-t-il écrit. Une copie de l’e-mail a été envoyée à M. Fauci et Lawrence Tabak des NIH.

À 7 h 13 (p. 3 126), le directeur Collins a envoyé un courriel à M. Farrar et a mis MM. Fauci et Tabak en copie, notant : « J’apprécie vraiment que nous réfléchissions aux options… » Cette entrée est suivie d’une rédaction d’une ligne.

À 11 h 28 (p. 3 125), M. Farrar a envoyé un courriel à MM. Fauci et Collins, avec copie à M. Tabak. Jeremy Farrar a partagé avec les autres : « MM. Tedros et Bernhard sont apparemment entrés en [réunion secrète] […] ils doivent décider aujourd’hui à mon avis. S’ils tergiversent, j’apprécierais un appel avec vous plus tard ce soir ou demain pour réfléchir à la façon dont nous pourrions aller de l’avant. »

À la fin de l’e-mail, M. Farrar a ajouté une référence au site d’information en ligne ZeroHedge, qui venait de publier un article sur la possibilité que le coronavirus sorte d’un laboratoire.

Le lendemain du message de M. Farrar, ZeroHedge a été banni de Twitter.

Bien que l’on ignore ce qui a été dit ou demandé au directeur de l’OMS, M. Tedros, le 3 février 2020, il a publié son Rapport du directeur général, dans lequel il appelle à « combattre la propagation des rumeurs et de la désinformation ». M. Tedros a également donné suite par un tweet.

Pendant son discours, M. Tedros a annoncé : « Nous avons travaillé avec Google pour faire en sorte que les personnes recherchant des informations sur le coronavirus voient les informations de l’OMS en tête de leurs résultats de recherche. Les plateformes de médias sociaux, notamment Twitter, Facebook, Tencent et TikTok, ont également pris des mesures pour limiter la diffusion de fausses informations. »

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