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L’expulsion de Novak Djokovic crée un « dangereux » précédent en matière de liberté d’expression selon certains juristes australiens

janvier 18, 2022 12:49, Last Updated: janvier 18, 2022 13:05
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Les experts juridiques avertissent que l’expulsion du numéro un mondial du tennis Novak Djokovic des côtes australiennes au prétexte que sa présence alimenterait un « sentiment anti-vaccination » a crée un « dangereux » précédent. La liberté d’expression sur des questions telles que le Covid-19 risque de s’éroder davantage.

Alors que les ministres australiens ont soutenu que l’expulsion du Serbe était motivée par des « raisons de santé, de sécurité et de bon ordre » – selon une déclaration du Premier ministre Scott Morrison – les documents judiciaires ont révélé une toute autre réalité.

Dans une déclaration sous serment de 258 pages déposée auprès de la Cour fédérale, le ministre australien de l’Immigration, Alex Hawke, a affirmé que Novak Djokovic était un « individu non vacciné très en vue » qui pourrait inciter d’autres Australiens non vaccinés à « refuser de se faire vacciner » ou qui pourrait « renforcer l’opinion des antivax et entraîner une baisse des rappels ».

Le ministre a admis que Novak Djokovic présentait un « risque négligeable » de transmission du virus à la communauté. La décision du ministre a finalement été confirmée lors d’une audience d’urgence du tribunal le 16 janvier.

Novak Djokovic (à droite) arrive au bureau de son avocat avant l’Open d’Australie à Melbourne, le 16 janvier 2022. (Photo de TANIA LEE/AFP via Getty Images)

Cependant, M. Hawke a usé de son pouvoir discrétionnaire pour éjecter la star du tennis a annulé une décision de justice antérieure, rendue le 10 janvier, qui autorisait le numéro un mondial à rester. Novak Djokovic avait déjà été détenu pendant quelques jours au Park Hotel de Melbourne avant que la décision initiale du tribunal ne lui accorde une liberté temporaire.

« Nous sommes préoccupés par le fait que le gouvernement fédéral estime qu’il n’a pas à prouver que Novak Djokovic nourrit des opinions sur la vaccination qui sont contraires au gouvernement, mais simplement qu’il peut nourrir ces sentiments », a déclaré Greg Barns S.C., porte-parole de l’Australian Lawyers Alliance, dans un communiqué publié le 16 janvier.

« C’est vraiment de bas niveau d’exclure une personne d’Australie, en particulier dans des circonstances où le pouvoir de révision ou d’appel de la décision est si limité. »

« Le fait d’utiliser les critères d’un risque possible pour l’ordre public comme raison de refuser l’entrée d’une personne dans le pays est troublant dans une société supposément attachée à la liberté de parole et à la liberté de pensée. »

M. Barns estime que cette décision pave la voie aux autorités fédérales pour empêcher à leur guise la venue d’autres visiteurs célèbres s’ils défendent des points de vue qui ne correspondent pas au narratif imposé à la population.

« Si, par exemple, un visiteur très en vue en Australie exprimait des opinions négatives sur l’alliance entre l’Australie et les États-Unis, le gouvernement l’interdirait-il parce que cette opinion pourrait encourager les gens à protester à Pine Gap (installation de surveillance par satellite des États-Unis) ? »

Selon M. Barns, « l’obsession du gouvernement pour les politiques frontalières sévères » a contribué au problème, qui est devenu un incident international avec l’intervention du président serbe Aleksandar Vucic. En effet, ce dernier n’a pas hésité à comparer les dix jours éprouvant vécus par le sportif à de la torture.

« Ce n’était pas seulement une torture intellectuelle mais aussi physique contre Novak Djokovic », a déclaré Aleksandar Vucic aux journalistes. « Et il y avait autre chose qui était encore pire : c’était une chasse aux sorcières organisée contre Novak Djokovic. »

Sur le plan intérieur, en Australie, la politique frontalière est un sujet électoral de longue date qui trouve un écho auprès d’une partie de l’électorat. Cette situation, associée à la position ferme du pays sur les décrets de vaccination et les restrictions Covid-19, a créé une tempête politique parfaite pour Novak Djokovic, qui n’est pas vacciné.

Entre-temps, Maria O’Sullivan, professeur associé de droit au Castan Centre for Human Rights Law, a déclaré qu’il était injuste que des personnes se voient refuser l’entrée en Australie en fonction de la façon dont les autres peuvent réagir ou les percevoir.

« Le ministre s’est appuyé sur le statut d »’exemple à suivre de Novak Djokovic et sur sa capacité, en tant que sportif de haut niveau, à clairement influencer la société. Que se serait-il passé dans le cas d’un sportif non vacciné mais peu en vue ? » a-t-elle écrit dans The Conversation le 16 janvier.

Une peinture murale représente le joueur de tennis serbe Novak Djokovic sur le mur extérieur d’une école primaire, à Belgrade, le 14 janvier 2022. (Photo par OLIVER BUNIC/AFP via Getty Images).

Michael Stanton, avocat et président de Liberty Victoria (un groupe de défense des libertés civiles basé à Victoria, où se tient l’Open) estime que le ministre de l’Immigration se prend pour « Dieu » via ses quelques pouvoirs.

« L’annulation du visa de Novak Djokovic et son expulsion ont attiré l’attention sur le dysfonctionnement des régimes australiens d’annulation de visa et de détention et sur le fait que le ministre utilise ses pouvoirs de manière troublante en se prenant pour Dieu », a-t-il déclaré dans un communiqué.

« Liberty Victoria a mis en garde à plusieurs reprises contre les dangers de tels pouvoirs. »

Novak Djokovic a depuis quitté le pays.


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