TRADITIONS CHINOISES

L’histoire du Cheval de Troie de la Chine ancienne

juillet 1, 2015 14:40, Last Updated: octobre 11, 2016 8:19
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Alors que de nombreuses nations et royaumes sont connus pour avoir eu le courage de combattre jusqu’à la mort de plus grandes puissances, un ancien dirigeant chinois eut recours à une toute autre approche pour arracher la victoire aux goulots de la défaite.

Voici donc comment un roi patient consacra son temps à mettre en œuvre une longue stratégie qui s’étendit sur vingt ans.

Les débuts d’une querelle épique

Au début du Ve siècle av. J.-C, un peu avant le début de la Période des Royaumes Combattants (475-221 av. J.-C), le royaume de Yue dans le sud de la Chine était en péril. Son voisin, le royaume de Wu, venait juste de vaincre l’immense royaume de Chu en utilisant de brillants stratagèmes conçus par Sun Zi, l’auteur de L’Art de la Guerre. Et le roi du royaume de Wu, Helü, dirigeait à présent son regard sur le royaume affaibli de Yue, qui n’était pas prêt au combat.

Ajoutant à la confusion, le roi de Yue venait juste de mourir, laissant le jeune et inexpérimenté roi Goujian prendre sa place. Durant la période des funérailles, les troupes de Wu, dirigées par Helü en personne, lancèrent une attaque en traître contre le royaume affaibli. Goujian engagea désespérément sa propre armée, de loin moins nombreuse, dans la bataille.

L’épée excavée ayant appartenu au Roi Goujian. (secretchina.com)

Mais durant la bataille, Goujian eut recours à un subterfuge qui laissa le roi de Wu sans défense et un général de Yue le prit en duel. Helü, vieillissant, n’était pas à la hauteur. Il reçut un coup mortel et mourut tandis que ses troupes regagnaient leur terre natale.

Le roi Goujian livre son royaume et devient esclave

Le nouveau roi de Wu, Fu Chai, le fils de Helü, voulut se venger. Il ordonna à ses hommes de lui rappeler chaque jour que les troupes de Yue avaient tué son père. Deux années plus tard, Wu redevint puissant et Fu Chai attaqua à nouveau le royaume de Yue. Cette fois-ci, Goujian ne put rien faire. Il envoya son ministre Wen Zhong solliciter les clauses d’un traité de paix.

Les négociations furent âpres. Non seulement Yue devint un royaume vassal de Wu, mais le roi Goujian, sa reine et son premier ministre Fan Li durent eux-mêmes se rendre à Wu et devenir des esclaves. En l’absence de Goujian, le royaume de Yue était dirigé par Wen Zhong.

Le roi de Yue, la reine et son ministre travaillaient du matin au soir dans les écuries royales, à la vue du peuple de Wu. Fu Chai venait souvent à cheval pour voir ses prisonniers attachés à son service.

Mais ni Goujian, ni ses compagnons ne firent jamais entendre la moindre plainte. Aucune parole haineuse n’était prononcée durant la nuit et pas un soupir ne pouvait être entendu dans leurs quartiers lorsque la nuit tombait. Ce faisant, le royaume de Yue était sous la direction de Wen Zhong. Ce dernier faisait de son mieux pour satisfaire les suzerains de Wu, qui ne doutèrent jamais de la servilité de Yue—jusqu’à ce qu’il fût trop tard.

Le royaume vassal qui n’en était pas un

L’esclavage de Goujian dura trois ans. Durant cette période, Fu Chai pensait que Yue était en sécurité sous son contrôle, alors il permit à Goujian de retourner dans son royaume. Son compagnon d’esclavage et ministre Fan Li, esclave élabora de grands plans pour prendre leur revanche.

Le Roi Goujian n’avait pas du tout oublié son humiliation, même après qu’il ait regagné sa liberté. Son épouse et lui reprirent leur vie normale. Il travaillait souvent dans les champs avec les paysans de manière à rester en contact avec son peuple.

Le roi était aussi célèbre pour un rituel étrange qu’il s’imposait à lui-même. Afin de se souvenir de son récent esclavage, il dormait sur une couche de paille au-dessus de laquelle il accrochait la vésicule biliaire d’un serpent. Chaque matin, il se levait pour lécher l’organe au goût amer.

Un portrait du Roi Goujian suite à son retour dans le royaume de Yue. (zwbk.org)

Le Roi Goujian préparait secrètement sa nation à la guerre. Afin de maximiser la croissance de la population, hommes et femmes ne pouvaient se marier que s’ils avaient approximativement le même âge. Afin de faciliter la vie des gens, il évitait d’augmenter les taxes. De cette façon, le royaume de Yue devint plus puissant.

En apparence, les dirigeants de Yue étaient très obéissants envers leurs suzerains de Wu. Lorsqu’ils faisaient des affaires, Goujian et ses ministres laissaient toujours à Wu le meilleur profit. Beaucoup de belles femmes du royaume de Yue furent envoyées à Wu pour devenir des concubines.

Une beauté utilisée à des fins militaires

Malgré les avertissements répétés de son ministre expérimenté Wu Zixu, le roi Fu Chai était convaincu que Yue avait été vaincu et qu’il n’y aurait plus de conflit entre les deux pays. Fu Chai, largement plus jeune que Wu Zixu, considérait ce dernier comme un vieil homme sénile toujours prêt à s’opposer à lui à la moindre occasion.

Lorsque Fu Chai voulut faire la paix avec Yue au lieu de le détruire complètement, Wu Zixu le critiqua. Lorsque Fu Chai permit à Goujian de retourner chez lui, Wu Zixu le critiqua. Lorsque Fu Chai attaqua dangereusement d’autres nations, Wu Zixu le critiqua de nouveau.

Et quand Fan Li, le bras-droit de Goujian, envoya la beauté Xi Shi pour qu’elle devienne la concubine de Fu Chai, Wu Zixu s’opposa une nouvelle fois à lui.

Xi Shi, l’une des Quatre grandes beautés de la Chine, était une fille éblouissante que Fan Li avait rencontrée alors qu’elle lavait des vêtements dans la rivière. Elle avait peu d’éducation et ignorait la bienséance, mais Fan Li lui apprit de nombreuses choses, dont la musique et la danse. Trois ans plus tard, elle eut l’étoffe d’une parfaite concubine.

Xi Shi, l’une des Quatre Grandes Beautés de la Chine (tiexue.net)

Sans surprise, Fu Chai accepta immédiatement Xi Shi. Afin de lui plaire, il dépensa de grosses sommes d’argent pour la construction de palais et même d’un lac artificiel. Par ailleurs, au lieu de s’occuper des affaires politiques, il passait ses journées à ses côtés. Le puissant royaume de Wu se dirigeait de plus en plus vers la ruine.

Décadence, déclin et destruction

Fu Chai n’était pas le seul à avoir été séduit. D’autres hauts responsables prenaient du bon temps avec les beautés de Yue et les personnes riches dépensaient des fortunes pour construire leurs propres propriétés. Pour fournir les matières premières nécessaires aux constructions frénétiques de Wu, Goujian et Fan Li envoyèrent des troncs si énormes qu’ils ne pouvaient être transportés que par le courant du fleuve. La richesse de Wu fut ainsi dilapidée.

De nombreuses années plus tard, Wu était devenu l’ombre de l’ancienne puissance qu’elle avait été. Le roi Fu Chai et ses ministres étaient désespérément amoureux de leurs femmes et de leurs palais. Wu Zixu, le seul qui aurait pu les sauver, fut contraint de commettre un acte de suicide quand il offensa le roi une fois de trop. Lorsque la sécheresse frappa le pays, la population était au bord de la rébellion. À ce moment-là, Fu Chai demanda du grain à Yue. Respectant son rôle de vassal, Yue accepta.

Mais il y eut un problème, avant d’envoyer le grain à Wu, Fan Li le plongea d’abord dans de l’eau bouillante. Le grain pouvait encore être consommé, mais ne pouvait plus être utilisé pour être planté pour de futures récoltes. Mais quel que fut le désespoir des paysans de Wu, il allait être bientôt éclipsé par un désastre encore plus grand.

Goujian savait à présent que Wu était mûr pour être attaqué. Il dressa une armée et conquit Wu sans grande résistance. Plongé dans la honte et le regret, Fu Chai se suicida.

Mais le triomphe de Goujian sur Wu fut à double tranchant : même après avoir vaincu l’ennemi détesté, il ne pouvait trouver la paix. Finalement, il se retourna contre ses propres ministres, pensant qu’ils le trahiraient. Goujian fit exécuter Wen Zhong, l’homme qui avait sauvé Yue dans ses heures les plus sombres et Fan Li s’enfuit dans le royaume de Qi. On a dit quelquefois qu’il était devenu le riche homme d’affaires Tao Zhu Gong. Quant à la beauté Xi Shi, elle aurait selon la légende suivi Fan Li, son véritable amour, à Qi.

Par la suite, on décrivit Goujian comme quelqu’un qui « gardait son arc même une fois les oiseaux abattus et qui massacrait ses chiens pour les manger après la chasse ». Ayant obtenu tant de gloire en temps de guerre, son royaume ne survécut pas à la paix. Yue sombra dans le chaos après la mort de Goujian. Les deux royaumes furent finalement conquis par le royaume plus grand et renaissant de Chu, ramenant l’histoire à la case départ.

Version anglaise : The Story of Ancient China’s Trojan Horse

 

 

 

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