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Lignes SNCF oubliées : à bord des « trains de la colère », « l’exaspération » des usagers et des élus

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Des élus et des usagers brandissent des pancartes à leur arrivée à la gare d’Austerlitz à bord du « Train de la colère », pour dénoncer la dégradation des lignes POLT et réclamer des investissements, le 15 avril 2025.

Photo: LUDOVIC MARIN/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Des centaines d’élus et usagers des lignes Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT) et Paris-Clermont-Ferrand se sont rassemblés mardi en milieu de journée à leur arrivée à la gare d’Austerlitz à Paris pour dire leur « exaspération » face à l’état « dégradé » de ces lignes.
Dénonçant « 40 ans d’inaction » sur ces deux lignes oubliées, nombre d’entre eux avaient pris tôt le matin l’un des deux « trains de la colère », à Cahors ou Clermont, pour gagner Paris, où une délégation doit être reçue mardi après-midi au ministère des Transports.
« Nous, usagers, parlementaires, élus locaux, forces vives d’Occitaine, d’Auvergne, du Limousin, et du Centre-Val de Loire exprimons notre colère et notre ras-le-bol face aux rustines qu’on nous octroie à défaut d’un véritable plan d’urgence à la hauteur des enjeux », a déclaré devant la presse le président de l’association Urgence Ligne POLT, Jean-Claude Sandrier.

Bernard Cendrier prononce un discours alors que des élus et des usagers mécontents de l’état « dégradé » des lignes Paris-Clermont-Ferrand et Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT) arrivent à la gare d’Austerlitz à bord, le 15 avril 2025. (LUDOVIC MARIN/AFP via Getty Images)

« Tous unis pour une desserte ferroviaire dynamique respectueuse »
La journée avait commencé à l’aube dans le Lot, quand les premiers manifestants avaient pris le train à Cahors. « Tous unis pour une desserte ferroviaire dynamique respectueuse des usagers et de nos territoires », pouvait-on lire sur une banderole déployée à la gare, a constaté l’AFP.
« Je suis venu défendre la ligne historique Paris-Toulouse », déclare Francesco Testa, conseiller municipal de Cahors, avant d’ajouter : « Comme on a affaire à des malentendants, on se déplace pour être plus près de leurs oreilles. » Pour ce trajet de plus de 11 heures aller-retour dans la même journée, il avait prévu de quoi se sustenter : « du jambon, du pain et du vin de Cahors ».
Avant de monter à bord, Monique Codet, 84 ans, qui a fait le trajet « Montauban-Cahors pendant 14 ans », confie qu’elle aimerait que les nouvelles générations aient les mêmes conditions de transport qu’elle a connues : « Il n’y avait pas de retard. Je me souviens d’une seule panne ».

Des manifestants tiennent une banderole à la gare de Limoges le 15 avril 2025. (PASCAL LACHENAUD/AFP via Getty Images)

« Ras-le-POLT »
Au passage du train à Limoges, où une centaine de manifestants mécontents ont scandé « ras-le-POLT » dans le hall de la gare, le maire de la ville (LR) Émile Roger Lombertie a estimé « plus facile aujourd’hui pour un étudiant d’aller faire ses études à Bruxelles, à Berlin, à Copenhague ou ailleurs, que d’aller entre Limoges et Clermont-Ferrand ».
À Clermont-Ferrand, environ 130 personnes ont pris le train, a constaté une journaliste de l’AFP. « Les choses se sont aggravées depuis 40 ans avec des rames hors d’âge et un temps de trajet qui a augmenté de 40 minutes », explique Patrick Wolff, président de l’association Objectif capitales qui réclame un objectif de « moins de trois heures » pour rejoindre Paris contre trois heures et quinze minutes actuellement.

Un manifestant brandit une pancarte détournant « chemin de fer » lors de l’arrivée du « Train de la colère » à Paris, le 15 avril 2025. (LUDOVIC MARIN/AFP via Getty Images)

« Des investissements sans précédent » pour moderniser ces lignes
Jean-Philippe Ollier, responsable du projet de réhabilitation du parc Cataroux de Michelin, à Clermont, « vient défendre la capacité de pouvoir aller à Paris de manière fiable. Le parc Cataroux, c’est 400.000 visiteurs et énormément d’entreprises qui vont s’installer et travailler avec l’écosystème parisien », souligne-t-il. Les lignes POLT (plus de 700 km de voie ferrée) et Clermont-Paris (420 km) transportent respectivement 2,6 et 1,9 millions de voyageurs chaque année dans des trains Intercités.
La SNCF a lancé en 2018 un programme de modernisation de ces lignes, qui restent cependant « encore équipées d’installations techniques hétérogènes et vieillissantes », reconnaît la compagnie ferroviaire. « En modernisant ces deux axes stratégiques », la SNCF, qui prévoit « des investissements sans précédent », compte rendre les « trajets plus rapides, plus fiables et plus accessibles ».
Selon le ministère des Transports, ces « investissements significatifs réalisés depuis 2018 » incluent 1,9 milliard d’euros à l’horizon 2027 pour la ligne POLT et près d’un milliard pour Paris-Clermont. « Il s’agit des deux plus gros chantiers conduits cette année par SNCF Réseau », souligne-t-il mardi dans un communiqué.
Il faudrait « 2,5 à 3 milliards d’euros supplémentaires »
« Une régénération partielle qui pour nous n’est pas suffisante », dénonce Jean-Noël Boisseleau, vice-président de l’association Urgence Ligne POLT. Pour lui, il faudrait « 2,5 à 3 milliards d’euros supplémentaires pour que, vraiment, on reparte pratiquement à neuf ».