L’Iran enrichit son uranium à 60%, selon une confirmation de l’agence de surveillance nucléaire de l’ONU

Par Isabel van Brugen
21 avril 2021 01:15 Mis à jour: 21 avril 2021 01:22

Ce 17 avril, l’agence de surveillance nucléaire de l’ONU a confirmé que l’Iran avait commencé, dans un site nucléaire souterrain à Natanz, à enrichir de l’uranium pour qu’il atteigne une pureté fissile de 60 %. Il s’agit du seuil le plus élevé que le pays ait jamais atteint.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a confirmé les annonces faites par les responsables iraniens le 16 avril, selon lesquelles l’Iran a entamé le processus d’enrichissement dans son usine.

« Aujourd’hui, l’Agence a confirmé que l’Iran avait commencé la production d’UF6 enrichi jusqu’à 60 % en [isotope] U-235 en introduisant de l’UF6 enrichi à 5 % en U-235 via deux cascades de centrifugeuses IR-4 et IR-6 utilisées simultanément, dans l’usine pilote d’enrichissement du combustible nucléaire de Natanz », a déclaré l’agence de surveillance à Reuters dans un communiqué.

L’UF6 correspond à de l’hexafluorure d’uranium, c’est sous cette forme que l’uranium est introduit dans les centrifugeuses pour être enrichi.

Reuters a également cité les éléments d’un rapport interne de l’AIEA adressé aux États membres qui donnent des précisions sur les procédés d’enrichissement.

« Selon la déclaration de l’Iran à l’Agence, le niveau d’enrichissement de l’UF6 produit au PFEP [Pilot Fuel Enrichment Plant] aurait été de 55,3 % en U-235. L’Agence a pris un échantillon de l’UF6 produit pour une analyse destructive qui permettra de vérifier de nous-mêmes le niveau d’enrichissement déclaré par l’Iran. Les résultats de cette analyse seront communiqués par l’Agence en temps voulu », indique le rapport.

Cette décision rend les discussions visant à relancer un pacte nucléaire entre l’Iran et les grandes puissances d’autant plus compliquées, car le pays vient de franchir une étape vers la production d’un uranium utilisable à des fins militaires le niveau de pureté pour produire des armes nucléaires étant de 90 %.

Auparavant, l’Iran n’avait atteint qu’une pureté de 20 %. Ce seuil constituait déjà une violation de son accord avec les grandes puissances. Selon cet accord, le pays ne pouvait enrichir son uranium qu’à 3,67 %.

C’est en réponse à une explosion ayant endommagé ses équipements dans une autre usine d’enrichissement plus grande, à Natanz, que l’Iran est monté jusqu’à 60 %. Après avoir accusé Israël, Téhéran a identifié un homme déjà recherché comme étant impliqué dans l’explosion.

Le 16 avril, le président Joe Biden a déclaré que cette stratégie ne serait d’aucune aide, mais il a ajouté que les États-Unis étaient « satisfaits » de voir l’Iran accepter de poursuivre les pourparlers sur le thème du respect du Plan d’action global commun (PAGC) de 2015 (que l’on connaît généralement comme l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien). En 2018, sous Donald Trump, les États-Unis s’étaient retirés du PAGC.

Le président Joe Biden s’exprime depuis la Salle des traités de la Maison-Blanche au sujet du retrait des troupes américaines d’Afghanistan, à Washington, le 14 avril 2021. (Andrew Harnik-Pool/Getty Images)

« Nous ne le soutenons pas et nous ne pensons en aucun cas que cela puisse aider l’Iran d’avoir annoncé le fait d’être passé à l’enrichissement à 60 % », a fait savoir Joe Biden lors d’un point de presse à Washington auquel participait également le Premier ministre japonais Yoshihide Suga.

« Nous sommes néanmoins satisfaits que l’Iran continue d’accepter d’entamer des pourparlers – des pourparlers indirects – avec nous et avec nos partenaires sur la manière d’aller de l’avant, et sur ce qu’il est nécessaire de faire pour revenir en arrière [jusqu’à l’accord nucléaire], sans que nous ayons à faire des concessions que nous ne sommes tout simplement pas prêts à faire », a-t-il ajouté.

Le ministère américain des Affaires étrangères a réaffirmé au début du mois que l’administration Biden ne proposerait pas d’avantages unilatéraux pour ramener l’Iran à la table des négociations concernant le pacte nucléaire. En vertu de cet accord, Téhéran avait accepté de limiter son programme nucléaire. En échange, les États-Unis et d’autres pays devaient assouplir leurs sanctions économiques.

L’accord a rendu l’exploitation du programme atomique iranien pour produire des armes nucléaires plus difficile. Téhéran nie avoir cette intention. En 2018, Trump a retiré les États-Unis du pacte et a réimposé des sanctions contre l’Iran en déclarant alors que l’Amérique ne serait « pas l’otage d’un chantage nucléaire ». Selon lui, il s’agissait « d’un accord à sens unique abominable », « défectueux à la base ».

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