Quand l’Occident parle, la Chine n’écoute pas

Par Grant Newsham
15 novembre 2021 20:03 Mis à jour: 15 novembre 2021 20:03

Le 15 novembre, le président américain Joe Biden doit s’entretenir au téléphone avec le dirigeant chinois Xi Jinping.

Le dictateur chinois sera peut-être à l’autre bout de la ligne, mais il n’écoutera probablement pas.

Il y a une dizaine d’années, Singapour critiquait le gouvernement américain pour certaines choses. L’auteur de cet article a eu l’occasion de demander à un responsable à l’ambassade des États-Unis pourquoi les Singapouriens ne critiquaient pas également la République populaire de Chine, puisque les Chinois faisaient les mêmes choses que les Américains.

Il a répondu qu’il avait déjà posé la même question aux Singapouriens et avait reçu cette réponse : « Ils [les Chinois] ne veulent pas nous écouter. »

Les Américains et les autres Occidentaux auraient dû s’en rendre compte depuis longtemps. La Chine écoute rarement les pays occidentaux.

Mais il est difficile pour les Occidentaux d’abandonner l’idée que s’ils peuvent parler avec la Chine de n’importe quel sujet – par exemple, des défis climatiques – cela finira par établir un lien qui ouvrira ensuite la porte à discuter d’autres questions qui, à leur tour, conduiront à un accord négocié.

Non, cela ne se produira pas. La Chine ne nous écoutera pas. Il y a une raison pour laquelle un état de guerre persiste toujours sur la péninsule coréenne (on n’a qu’un armistice vieux de 68 ans pour cesser les opérations de combat). La Chine ne nous écoutera pas, sauf si elle y est obligée.

Quand la Chine écoute-t-elle l’Occident ?

Un observateur américain ayant quarante ans d’expérience de contacts avec la Chine l’a formulé ainsi :

– Lorsqu’on est plus forts que la Chine dans les domaines de la richesse et du pouvoir.

– Lorsqu’on a quelque chose que la Chine veut.

– Lorsqu’on peut réduire la valeur d’un ou de plusieurs actifs clés détenus par la Chine.

Si les États-Unis, ou n’importe quel autre pays occidental, ne bénéficient pas de l’une des trois situations mentionnées ci-dessus (les trois, ce serait parfait), alors Pékin n’écoutera pas.

Que fait la Chine lorsqu’elle « écoute » ?

Même lorsque la Chine « écoute », ce n’est pas de la manière dont les Occidentaux perçoivent « l’écoute ».

La Chine attend patiemment que l’Occident arrive enfin à accepter que la vision des choses de Pékin est la seule « pensée correcte ».

On peut se référer aux remarques que Xi Jinping a faites la semaine dernière au sujet de « travailler avec » les États-Unis pour rétablir des relations mutuelles. En langage de l’État-parti chinois, « travailler avec » signifie qu’il va aider les Américains à accepter ce qu’il veut.

De temps en temps, Pékin peut « écouter » pour mieux comprendre quelles paroles nous voulons entendre de sa part, afin que nous lui donnions ce qu’elle veut. Quelles sont ces paroles ? « Gagnant-gagnant », « respect mutuel », « bénéfice mutuel », « nouvelles relations entre les grandes puissances », « bien pour les producteurs ou consommateurs occidentaux », etc., pour n’en citer que quelques-unes.

En d’autres termes, lorsque Pékin écoute, c’est juste pour être mieux équipé pour profiter de nous. Et cette « écoute » peut être bien nuisible.

Qu’en est-il de tous ces accords minutieusement négociés ?

Même si le régime chinois négocie et accepte de faire certaines choses, il y a peu de preuves qu’il tient ses promesses.

Pour ne citer que quelques exemples :

– Xi Jinping a promis à Barack Obama en 2015 que la Chine ne militarisera pas ses îles artificielles en mer de Chine méridionale.

– La promesse de Xi Jinping de prendre des mesures pour arrêter le flux de la drogue fentanyl de la Chine aux États-Unis – la drogue qui tue des dizaines de milliers d’Américains, de Canadiens et d’Européens chaque année.

– La Convention sur le génocide – un traité que la Chine a signé.

– L’engagement de la Chine à respecter les règles de l’Organisation mondiale du commerce.

– L’engagement de la Chine à respecter la Convention des Nations unies sur le droit de la mer.

– Les accords sur le changement climatique. Il suffit de regarder le récent accord entre les États-Unis et la Chine sur le climat. Les vagues promesses de Pékin de ne faire rien en particulier ont été faites par des personnes qui savent qu’elles ne seront plus en vie lorsque leurs vagues engagements arriveront à échéance et qu’elles n’en seront pas tenues responsables, y compris par les militants du climat (qui savent d’ailleurs que la Chine ne les écoutera pas).

La liste des engagements que Pékin a tenus est beaucoup plus courte. Le seul accord international que les communistes chinois ont respecté est peut-être le traité Chine-Corée du Nord. Ils ont maintenu le régime nord-coréen à flot pendant près de 70 ans. Pourtant, les Occidentaux n’ont toujours pas renoncé à essayer d’amener Pékin à les « écouter » au sujet de la Corée du Nord.

Revenir au parler pour parler

Malgré les dures leçons tirées de décennies d’expérience – ainsi que les tentatives réussies, bien que de courte durée, de l’administration Trump de renverser la situation et de ne pas perdre de temps à parler alors que les communistes chinois n’écoutent pas – les Américains sont à nouveau déterminés à parler avec les Chinois.

Les commandants militaires américains s’empressent de rétablir les communications avec l’Armée populaire de libération, comme s’ils pouvaient « convaincre » leurs homologues chinois de se comporter correctement (selon les normes occidentales). Le président des chefs d’état-major des armées des États-Unis, le général Mark Milley, semble le plus enthousiaste de tous, y compris pour avertir Pékin si le président américain prépare quelque chose qu’il n’approuve pas.

Les milieux d’affaires américains insistent auprès de l’administration Biden pour qu’elle commence à discuter et fasse tout ce qui est nécessaire pour donner au régime chinois tout ce qu’il veut afin qu’ils puissent reprendre leurs affaires habituelles avec la Chine. Et l’équipe Biden le fera probablement. La représentante américaine au Commerce, Katherine Tai, et la secrétaire américaine au Commerce, Gina Raimondo, sont toutes deux impatientes de « se réassocier » avec la Chine et de tracer une « voie du milieu ». On peut supposer qu’elles veulent dire des relations « gagnant-gagnant » ?

Apparemment, John Kerry, le patron du climat de l’administration Biden, n’a jamais cessé de parler et de donner à l’État-parti ce qu’il veut…

Apprendrons-nous un jour que le régime chinois n’écoute pas ? Et que lorsqu’il le fait, il n’écoute pas pour les mêmes raisons que nous le pensons. Et que lorsque Pékin négocie, il ne le fait que pour nous épuiser et nous piéger.

Probablement pas.

Toutefois, certains leaders occidentaux ne peuvent tout simplement pas s’en empêcher.

Grant Newsham est ancien diplomate et chef d’entreprise américain qui a vécu et travaillé pendant de nombreuses années dans la région de l’Asie-Pacifique. Il est chercheur principal du Center for Security Policy.


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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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