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Médecines alternatives

L’ostéopathie bientôt exclue des garanties des mutuelles ?

Le gouvernement étudie la possibilité d’exclure l’ostéopathie et d’autres médecines douces du champ des contrats responsables, une décision qui pourrait priver la quasi-totalité des assurés d’un remboursement jusqu’ici proposé de manière optionnelle par leurs complémentaires. Appuyée par plusieurs rapports, cette orientation suscite une levée de boucliers parmi les professionnels et de nombreux élus, inquiets d’un report massif vers le système de soins traditionnel et d’un surcoût pour l’Assurance maladie.

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Photo: Shutterstock

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Durée de lecture: 5 Min.

Alors que plus de la moitié des Français ont consulté un ostéopathe au cours des cinq dernières années, cette perspective relance un débat sensible où se croisent contraintes budgétaires, enjeux de santé publique et attentes fortes des patients.

Un coût en hausse pour une efficacité contestée

L’ostéopathie ne figure pas aujourd’hui dans les garanties obligatoires des contrats responsables, mais leur exclusion explicite constituerait une nouvelle interdiction. Le cahier des charges impose déjà la prise en charge du ticket modérateur ou du panier 100 % santé, tout en interdisant le remboursement des franchises, de certaines participations forfaitaires ou de dépassements d’honoraires hors parcours.
Le Sénat souligne que les prestations « connexes » comme les médecines douces ont « quintuplé en huit ans » et atteignent « 1 milliard d’euros » (rapport 2024), un niveau jugé préoccupant, d’après Public Sénat. Les sénateurs pointent une inflation des garanties qui renchérit mécaniquement les cotisations.
Le rapport recommande de recentrer les contrats responsables sur leurs objectifs essentiels et de rendre optionnelles les prises en charge de médecines douces, dont « l’efficacité n’est pas prouvée scientifiquement ».
Le HCAAM critique ouvertement ces pratiques, estimant qu’elles constituent « un gaspillage total des ressources de l’État employeur » et entretiennent la confusion « entre la science et la croyance ».

Un déremboursement jugé risqué par les professionnels

Le gouvernement dit s’en remettre aux conclusions de récents travaux du Sénat et du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (HCAAM), qui préconisent d’interdire la prise en charge de l’ostéopathie par les contrats responsables. Une mesure qui inquiète le syndicat français des ostéopathes. « Plutôt que d’aller voir un ostéo, les patients iraient voir un kiné et un médecin. Cela conduirait à une inflation d’actes d’imagerie médicale puisque quand vous allez chez le médecin pour un mal de dos par exemple, le premier réflexe est de prescrire une radio », alerte son porte-parole Philippe Sterlingot, selon BFMTV.
Aujourd’hui déjà, l’ostéopathie n’est pas remboursée par l’Assurance maladie obligatoire, mais les mutuelles proposent souvent un forfait dédié. Sa suppression ferait grimper la facture pour les patients et pourrait peser sur l’activité des cabinets, comme l’indique Capital.

Des députés alertent sur les conséquences pour les patients

Plusieurs députés mettent en garde contre les effets collatéraux d’un tel choix.
Guillaume Lepers, élu LR du Lot-et-Garonne, rappelle que « l’ostéopathie est une profession de santé réglementée […] aujourd’hui plébiscitée par les Français : 55 % d’entre eux y ont eu recours au cours des cinq dernières années et 82 % se déclarent opposés à son déremboursement ». Selon lui, « les conséquences d’une telle mesure seraient multiples » : renoncement aux soins, hausse des arrêts maladie et des prescriptions.
La députée socialiste Sophie Pantel estime qu’un déremboursement contraindrait de nombreux patients « à se tourner vers des assurances supplémentaires coûteuses, voire à renoncer aux soins ».
De son côté, Sandrine Josso, députée Modem, avertit que « la majorité [des patients] recourraient alors à des soins pris en charge par le régime obligatoire […], ce qui aboutirait à une inflation de consultations, prescriptions médicamenteuses, examens complémentaires et arrêts de travail ». La parlementaire avait déposé un amendement au PLFSS 2026 pour garantir la présence de l’ostéopathie dans les contrats responsables. Déclaré irrecevable, il n’a pas pu être examiné.

Un casse-tête pour la fonction publique

L’exclusion de l’ostéopathie poserait également un problème dans la réforme de la protection sociale complémentaire des agents publics.
« Je vous renvoie au cahier des charges de l’Éducation nationale qui a inscrit l’éthiopathie dans les garanties obligatoires », explique Séverine Salgado, directrice générale de la Mutualité française. La MGEN a dû intégrer ces prestations dans son offre, illustrant l’ambiguïté d’un État à la fois régulateur et employeur.

Une réforme sous pression budgétaire

Entre la nécessité de contenir les dépenses de santé, l’augmentation continue du coût des complémentaires et la popularité des médecines alternatives, l’exécutif avance sur un terrain politique explosif. Le rapport sénatorial, qui s’inquiète aussi des hausses excessives de cotisations, appelle à un meilleur encadrement des garanties et à des arbitrages plus cohérents.
La décision du gouvernement, attendue dans le cadre des prochains travaux sur les contrats responsables, pourrait profondément redessiner l’accès aux médecines non conventionnelles pour des millions de Français.