Incendie de l’usine Lubrizol : 5 253 tonnes de produits chimiques détruits, près de 2 000 manifestants à Rouen

Par Epoch Times avec AFP
1 octobre 2019 19:07 Mis à jour: 2 octobre 2019 12:01

La préfecture de Seine-Maritime a publié la liste des 5 253 tonnes de produits chimiques de l’usine Lubrizol qui ont brûlé dans l’incendie. Plus de 2 000 manifestants dont plusieurs parlementaires, ont réclamé la vérité mardi dernier.

Dans l’après-midi de mardi, le Premier ministre Édouard Philippe avait promis la publication de cette liste devant l’Assemblée nationale.

Le soir même, la préfecture a annoncé sur son site internet que 5 253 tonnes de produits chimiques avaient été détruits dans l’incendie de l’usine Lubrizol, dont plus de 60 % d‘ »additifs multi-usages ». « Tous les produits ne sont pas dangereux. La dangerosité dépend de la quantité présente, du devenir des molécules après avoir brûlé et de la manière dont on est exposé [contact cutané, inhalation, ingestion] », est précisé sur un des documents publiés.

La préfecture publie également la liste des produits chimiques présents dans les principaux « additifs multi-usages » et les 479 fiches de sécurité qui « précisent les caractéristiques des produits et les risques associés, notamment en cas de combustion ».

« Lubrizol coupable, l’État complice »

« Lubrizol coupable, l’État complice », « Nos enfants en danger », « le préfet doit sauter » scandaient les manifestants dont plusieurs parlementaires partis du palais de justice en direction de la préfecture de Normandie. « Ils cachent la vérité, à nous tous d’enquêter », lisait-on aussi sur une affiche brandie par une manifestante, tandis qu’une banderole réclamait le retour d’un « air normalement pollué ».

Un peu plus tôt, le préfet Pierre-Yves Durand avait d’ores et déjà exclu devant la presse tout « risque lié à l’amiante au vu des premières analyses, tout en évoquant 160 fûts en état délicat » qui attendent toujours d’être évacués.

« Vous mentez, monsieur le Préfet ! », a rétorqué dans un communiqué l’Association nationale de défense des victimes de l’amiante (Andeva). « L’important est ce qui s’est passé dans la colonne de fumée où une masse de fibres d’amiante a voyagé avec les suies. »

Constatant « le climat de suspicion généralisée », le préfet de Normandie Pierre-André Durand s’est demandé « quel serait l’intérêt des pouvoirs publics de mentir ».

Selon Guillaume Blavette, représentant France Nature environnement au Conseil départemental de l’environnement et des risques (Coderst), Borealis contient « la plus grande cuve d’ammoniac d’Europe ». « Il y a de quoi vitrifier la moitié de Rouen« , a-t-il dit.

Les agences publiques chargées des risques industriels (Ineris) et de la santé (Anses) vont être consultées sur l’éventualité de rechercher de nouveaux produits dans les retombées, a annoncé la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne.

Depuis l’incendie, le gouvernement multiplie les propos rassurants et promet « la transparence » mais sans convaincre.

Plusieurs recours devant les tribunaux

Le parquet de Rouen, qui s’est dessaisi de l’enquête au profit du pôle de santé publique de Paris, a lui annoncé avoir recensé « plus d’une quarantaine de plaintes » à la suite de l’incendie. Le parquet a en outre précisé que l’origine du feu était pour l’heure impossible à déterminer « avec certitude ». La société Lubrizol avait affirmé lundi que l’incendie avait vraisemblablement commencé à l’extérieur du site, en se basant sur « la vidéosurveillance et des témoins oculaires ».

Des rapports officiels consultés mardi par Mediapart évoquaient en 2016 la présence dans l’usine Lubrizol de produits « très dangereux pour l’environnement » et « nocifs », et estimaient qu’un incendie pourrait donner lieu à la « formation de substances toxiques ».

Le média en ligne écrit également qu’un mur couvre-feu demandé en 2010 à Lubrizol par arrêté préfectoral n’avait pas été construit en 2016. Enfin, une augmentation, début 2019, de l’autorisation de stockage de produits inflammables dans l’usine n’aurait pas, selon Mediapart, fait l’objet d’une procédure spécifique et obligatoire d’autorisation.

Selon le cabinet du maire, mardi cinq à six écoles rouennaises sont « soit fermées car les enseignants ont fait usage de leur droit de retrait, soit ont demandé aux parents de venir chercher leurs enfants quand ils le pouvaient à cause de l’odeur ».

Sur le front judiciaire, l’association Respire a notamment engagé lundi soir un référé-constat auprès du tribunal administratif de Rouen pour obtenir la nomination d’« un expert afin de constituer les éléments du dossier de manière contradictoire », a expliqué à l’AFP Me Corinne Lepage.

Côté police, Yan Bertrand, secrétaire du syndicat Unité SGP police Seine-maritime, a indiqué avoir saisi le préfet. « Nous voulons savoir si toutes les dispositions ont été prises pour assurer la sécurité des fonctionnaires qui sont intervenus au moment du sinistre ». 

Des avocats rouennais ont décidé d’organiser « des consultations gratuites spécifiques » sur l’incendie. A titre personnel, plusieurs d’entre eux ont aussi porté plainte.

Au moins 1 800 agriculteurs ont été touchés par les suies de l’incendie de l’usine Lubrizol, selon le ministère de l’Agriculture. Les premières indemnisations pourraient intervenir sous une dizaine de jours.

 

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