L’Ukraine a rapatrié les corps de 77 de ses soldats décédés

Par Epoch Times avec AFP
26 janvier 2024 16:40 Mis à jour: 26 janvier 2024 16:42

Les autorités ukrainiennes ont annoncé vendredi avoir rapatrié les corps de 77 soldats ukrainiens décédés, la procédure prévue « de longue date » ayant été conclue malgré le récent crash d’un avion militaire russe dans des conditions troubles, pour lequel Moscou accuse Kiev.

La Russie accuse l’Ukraine d’avoir abattu mercredi un avion de transport militaire dans une région russe frontalière, tuant selon Moscou 65 prisonniers de guerre ukrainiens qui allaient être échangés ce jour-là. Mais Moscou n’a apporté aucune preuve soutenant ces allégations et Kiev, qui n’a ni confirmé ni infirmé son implication, a exprimé des doutes sur la présence de prisonniers ukrainiens à bord.

« Les dépouilles de 77 défenseurs ukrainiens ont été renvoyées vers le territoire contrôlé par le gouvernement », a indiqué vendredi le centre ukrainien de coordination chargé des prisonniers de guerre. « Ce rapatriement était prévu de longue date », a-t-il précisé.

Cette procédure, qui ne semble donc pas liée au crash de l’appareil russe, se produit néanmoins à un moment où la question des soldats se trouvant aux mains des forces de Moscou et de leur échange est particulièrement sensible.

Des enquêtes ouvertes de deux côtés

L’Ukraine et la Russie ont toutes deux ouvert des enquêtes sur le drame. De son côté, le Kremlin a rejeté vendredi l’idée de publier des preuves de la présence de prisonniers ukrainiens à bord de l’avion. « Les enquêteurs travaillent, je n’ai rien à dire sur ce sujet », a balayé son porte-parole Dmitri Peskov à des journalistes qui l’interrogeaient à ce propos.

Jeudi soir, le Comité d’enquête russe, chargé de l’enquête ouverte par Moscou pour « terrorisme », a diffusé une vidéo de près de 40 secondes montant des plans d’une zone boisée et d’un champ enneigé.  Plusieurs arbres couchés et un gros morceau de tôle froissée sont visibles, mais aucun signe de l’énorme carcasse de l’avion militaire Il-76 dont la longueur atteint presque 50 mètres.

Au sol, sur la neige, des débris sont difficilement identifiables. Des restes humains d’un ou deux corps, floutés, ainsi que quelques traces de sang sont visibles. L’AFP n’était dans l’immédiat pas en mesure d’identifier le lieu ou de vérifier la date du tournage de ces images.

Vendredi, le Comité d’enquête a publié une deuxième vidéo montrant davantage de débris ainsi qu’une équipe de médecins légistes refermant un sac mortuaire. Trois documents d’identité, présentés comme ceux de militaires ukrainiens tués, sont également visibles. L’AFP n’est pas en mesure de confirmer leur authenticité, ni celles des vidéos.

Des interrogations sur la version russe accusant l’Ukraine

Le commissaire ukrainien aux droits humains, l’une des personnes chargées des échanges de prisonniers, Dmytro Loubinets, a dès lors appelé jeudi l’ONU et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à aller « inspecter les lieux » du crash. Il s’est toutefois dit « convaincu » que Moscou n’autoriserait « personne à voir le site ». Le CICR, se refusant à toute « spéculation », a affirmé « ne pas savoir ce qu’il s’est passé ».

Kiev n’a pas confirmé avoir abattu l’avion, mais a souligné sa volonté de continuer à viser des cibles militaires en territoire russe. Et le renseignement militaire ukrainien (GUR) a insisté sur le manque « d’informations fiables et complètes » concernant les passagers de l’avion. Le Président Volodymyr Zelensky a demandé une enquête internationale.

Le commissaire ukrainien aux droits humains a relevé que la Russie était dans tous les cas « responsable de la sécurité » des détenus, selon la Convention de Genève. Dmytro Loubinets a aussi affirmé « que rien n’indique qu’il y avait autant de gens à bord ». Kiev reconnaît qu’un échange de prisonniers était prévu, mais assure n’avoir « pas été informé » de la nécessité de sécuriser l’espace aérien dans la zone du crash.

L’Ukraine n’a reçu « aucune information » de la Russie à ce sujet, a-t-il regretté, demandant, comme son président Volodymyr Zelensky, une enquête internationale indépendante.

Signe de l’incertitude et des nombreuses interrogations, les réactions internationales ont été plutôt rares. Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Christophe Lemoine, a dit ne pas être « en mesure de dire si les assertions russes sont vraies ou pas ». « La Russie nous a habitués à mentir sur ces sujets », a-t-il ajouté.

La région de Belgorod, où a eu lieu le crash, est régulièrement visé par des frappes ukrainiennes en représailles aux nombreuses attaques russes. Kiev a déjà revendiqué la destruction d’appareils russes qui jusqu’à récemment semblaient hors de portée des armements ukrainiens.

La semaine dernière, le pays a dit avoir abattu deux avions russes, ce que Moscou n’a ni confirmé, ni infirmé. La Russie a été mêlée à plusieurs catastrophes aériennes dont les circonstances sont encore floues et où la version des faits russe suscite bien des questions.

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