L’Union européenne fait pression sur la Chine sur les questions du commerce et des droits de l’homme

Par Ella Kietlinska
24 juin 2020 20:38 Mis à jour: 24 juin 2020 20:38

Les présidents de l’Union européenne ont déclaré lundi aux dirigeants chinois de tenir leur promesse d’ouvrir l’économie chinoise, en pressant la Chine de respecter les droits de l’homme et en mettant en garde contre les « conséquences très négatives » si Pékin va de l’avant avec sa nouvelle loi dite de sécurité nationale pour Hong Kong qui, selon beaucoup, portera atteinte à l’autonomie de la ville.

Le président du Conseil européen, Charles Michel, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, accompagnés du haut représentant de l’UE, Josep Borrell, ont tenu une réunion au sommet le 22 juin avec le Premier ministre chinois Li Keqiang, suivie d’échanges avec le secrétaire général du Parti communiste chinois (PCC) et dirigeant chinois Xi Jinping.

L’UE est désormais le principal partenaire commercial de la Chine, a déclaré Mme von der Leyen. Mais malgré le fait que les deux parties échangent environ un milliard € (1,13 milliard $) par jour, les relations en matière de commerce et d’investissement ont été déséquilibrées, a déclaré M. Michel lors de la conférence de presse qui a suivi le sommet.

« Pour que nos relations se développent davantage, elles doivent être davantage fondées sur des règles et réciproques, afin de parvenir à des conditions de concurrence réellement équitables », a déclaré M. von der Leyen.

« Nous devons résoudre des problèmes concrets tels que l’accès au marché, les subventions, les questions réglementaires, les marchés publics, les transferts de technologie forcés, l’égalité des conditions de concurrence et les réformes de l’OMC [Organisation mondiale du commerce] », a ajouté M. Michel.

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« S’engager et coopérer avec la Chine est à la fois une opportunité et une nécessité. Mais, […] nous devons reconnaître que nous ne partageons pas les mêmes valeurs, les mêmes systèmes politiques ou la même approche du multilatéralisme. Nous nous engagerons de manière claire et confiante, en défendant fermement les intérêts de l’UE et en restant fidèles à nos valeurs », a poursuivi M. Michel.

Le leader chinois Xi Jinping (à gauche) et le Premier ministre Li Keqiang (à droite) arrivent pour la session d’ouverture de l’Assemblée populaire nationale (APN) dans le Grand Hall du peuple à Pékin le 22 mai 2020. (LEO RAMIREZ/AFP via Getty Images)

Qualifiant la Chine de partenaire et de rivale, Mme von der Leyen a déclaré que Pékin n’avait pas donné suite à l’accord bilatéral de 2019 visant à permettre un meilleur accès des entreprises européennes au marché chinois ou à supprimer ses règles exigeant des investisseurs qu’ils partagent leur savoir-faire dans les coentreprises chinoises.

L’UE s’est félicitée que la Chine ait déclaré qu’elle mettrait en œuvre la phase 1 de l’accord commercial entre les États-Unis et la Chine tout en se conformant pleinement aux obligations de l’OMC et sans discrimination à l’égard des exportateurs européens.

Un précédent sommet prévu en mars a été reporté en raison de la pandémie du virus du PCC* et, pour la même raison, un sommet des dirigeants européens avec Xi en septembre a été reporté.

Depuis le printemps 2019, l’UE réévalue ses relations avec la Chine afin de relever les défis posés par le PCC au pouvoir. Mais le Covid-19 a exacerbé ces problèmes, a déclaré l’institut Mercator pour les études sur la Chine, basé en Allemagne, dans son analyse de la politique chinoise.

La Commission européenne a adopté le 17 juin un livre blanc sur la prévention des rachats subventionnés d’entreprises européennes par des États étrangers « pour éviter de nuire à la compétitivité et à l’égalité des conditions de concurrence sur le marché de l’UE », indique le document.

Les entreprises européennes affaiblies par la pandémie Covid-19 pourraient être particulièrement vulnérables face à de telles pratiques déloyales.

Le 3 juin, le groupe politique européen Parti populaire européen (PPE) a demandé à la vice-présidente de la Commission européenne Margrethe Vestager, dans une lettre, d’agir pour « bloquer les rachats étrangers d’entreprises européennes vulnérables qui luttent pour survivre à la crise ».

Mme Vestager, qui est également commissaire à la concurrence, a déclaré : « L’économie européenne est ouverte et étroitement liée au reste du monde. […] nous avons besoin des bons outils pour garantir que les subventions étrangères ne faussent pas notre marché, tout comme nous le faisons avec les subventions nationales. »

« Le marché unique est la clé de la prospérité de l’Europe, et il ne fonctionne bien que si les conditions de concurrence sont équitables », a-t-elle ajouté.

Le commissaire européen au commerce, Phil Hogan, a déclaré dans un communiqué : « L’ouverture [de l’UE] est de plus en plus mise à mal par des pratiques commerciales étrangères, notamment des subventions qui faussent les conditions de concurrence pour les entreprises de l’UE. »

L’UE demande instamment au PCC de respecter les droits de l’homme, la liberté

Des manifestants marchent sur une route lors d’un rassemblement pro-démocratie contre une proposition de nouvelle loi sur la sécurité à Hong Kong le 24 mai 2020. (Anthony Wallace/AFP via Getty Images)

Les dirigeants européens ont également fait part de leurs inquiétudes quant à la répression des droits de l’homme en Chine – en particulier le traitement des minorités ethniques au Xinjiang et au Tibet, les défenseurs des droits de l’homme et les restrictions imposées par le PCC aux libertés fondamentales de chacun.

L’UE a abordé avec les dirigeants chinois des cas individuels de victimes de violations des droits de l’homme, telles que la disparition de citoyens qui ont eu le courage d’alerter ou de signaler la propagation du virus du PCC, communément appelé le nouveau coronavirus.

« Pour l’Union européenne, les droits de l’homme et les libertés fondamentales ne sont pas négociables », a déclaré Mme von der Leyen.

L’UE a également abordé les cyber-attaques contre les hôpitaux et les centres informatiques, ainsi que la montée de la désinformation en ligne, en disant aux dirigeants chinois que « cela ne peut être toléré », a déclaré Mme von der Leyen.

Michel et von der Leyen ont déclaré avoir fait part à MM. Li et Xi de leurs inquiétudes concernant la loi de sécurité nationale du PCC pour Hong Kong, qui, selon les militants de la démocratie, les diplomates et certaines entreprises, mettra en péril l’autonomie promise à l’ancienne colonie britannique et son rôle de centre financier mondial.

Samedi, le parlement chinois a réagi avec colère à une résolution de l’assemblée européenne protestant contre la loi de sécurité.

Les présidents de l’UE ont exprimé leurs « graves préoccupations concernant la loi de sécurité nationale proposée pour Hong Kong » et ont exhorté la Chine à tenir les promesses qu’elle a faites à la population de Hong Kong et à la communauté internationale concernant « le degré élevé d’autonomie de Hong Kong et les libertés garanties », a déclaré M. Michel.

Cette autonomie est ce qui a permis à Hong Kong de prospérer et connaître le succès, a déclaré Mme von der Leyen, ajoutant que la Chine ferait face à « des conséquences très négatives » si « elle va de l’avant avec l’imposition de cette loi ».

Bien que la partie chinoise ait un point de vue différent sur cette question, les dirigeants de l’UE, ainsi que d’autres partenaires du G7, ont déclaré qu’ils avaient clairement indiqué que le régime chinois devrait reconsidérer son imposition de la loi de sécurité à Hong Kong.

* Epoch Times qualifie le nouveau coronavirus, à l’origine de la maladie Covid-19, de « virus du PCC » parce que la dissimulation et la mauvaise gestion du Parti communiste chinois ont permis au virus de se propager dans toute la Chine et de créer une pandémie mondiale.

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