Malgré les efforts du PCC, les protestations continuent en Chine

Les manifestants défient la brutalité policière pour défendre la liberté

Par Mary Hong
2 mars 2023 08:05 Mis à jour: 2 mars 2023 08:33

Depuis le « mouvement des feuilles blanches » en novembre dernier en Chine, des manifestations de grande ampleur ont éclaté dans tout le pays. Le régime a tenté de les réprimer en engageant une campagne de harcèlement contre les manifestants potentiels. Cependant, ces efforts ont échoué, comme en témoigne la protestation des personnes âgées de Wuhan le 15 février. Le peuple chinois se réveille.

Selon certains retraités de Wuhan s’exprimant pour Epoch Times, la police a mené une vaste campagne d’avertissement et de coercition à leur égard au cours de la semaine qui a précédé la mobilisation du 15 février. Toujours est-il que ce rassemblement contre la réduction des versements à liés leurs cotisations médicales a tout de même eu lieu.

Epoch Times s’est entretenu avec des aînés mobilisés autour de ce problème de cotisations non remboursées. Deux retraités de Wuhan ont abordé les protestations.

Epoch Times s’est également entretenu avec  un habitant de Shanghai âgé d’une vingtaine d’années du nom de Lin. Il s’est retrouvé pris dans le mouvement des feuilles blanches en novembre 2022. Son expérience de la brutalité policière l’empêche encore de dormir la nuit.

La « terreur blanche »

M. Liu est un retraité de Wuhan qui a rejoint la manifestation contre la coupe des versements le 8 février.

Quelques jours avant la manifestation du 15 février, au nom du « maintien de la stabilité », la police avait déjà commencé à rendre visite à ceux qui étaient dans la ligne de mire du Parti, explique-t-il.

Selon M. Liu, la « terreur blanche » – terme désignant les actions qui créent un climat de peur – rendait très difficile la résistance.

M. Li, un autre retraité à Wuhan, raconte que les autorités ont installé des caméras de surveillance supplémentaires dans un rayon de 2 kilomètres entre le parc Zhongshan et la place Shouyi, lieu des manifestations.

Il ajoute que Wuhan a mobilisé presque toutes les forces de police le 15 février. Depuis le jour de la manifestation, la technologie de reconnaissance faciale a permis à la police de harceler les personnes présentes sur les lieux.

La Chine est le leader mondial de la technologie de surveillance. Extrait de « The Final War : The 100-Year Plot to Defeat America ». (Production originale d’EpochTV)

Selon M. Li, la police a fait sortir un de ses amis de son appartement et l’a emmené au poste de police.

« Le 18 février, ils l’ont traîné jusqu’à la camionnette et ont appuyé sa tête sur le plancher de la camionnette. Ils l’ont interrogé pendant plusieurs heures. » La police n’a pas libéré son ami jusqu’à ce que, grâce aux efforts des membres de sa famille à Wuhan et à Pékin, un diplomate étranger intervienne en sa faveur.

M. Li précise que les autorités de Wuhan s’engagent désormais dans une action de représailles et de punition des participants.

Bien que certaines personnes âgées aient été arrêtées, M. Liu pense que les autorités de Wuhan se sont concentrées sur l’arrestation des jeunes spectateurs de la scène. « Je ne sais pas combien de personnes ont été arrêtées, mais ce qui est sûr, c’est qu’aucun des jeunes qui ont été arrêtés n’a été libéré jusqu’à présent. »

Quant à la suite de ces événements, tout est entre les mains des autorités. « Il n’y a [pas] de formalités légales pour les proches des jeunes arrêtés. »

Epoch Times a tenté de contacter le Bureau de la sécurité publique de Wuhan pour s’informer de l’arrestation des manifestants, mais les appels n’ont pas abouti. Un effort a également été fait pour appeler le centre de commandement du Bureau de la sécurité publique de Wuhan. Quelqu’un a répondu, puis a raccroché au nez.

Cauchemars récurrents

Selon un rapport de Human Rights Watch, le Parti communiste chinois (PCC) a riposté au mouvement des feuilles blanches en arrêtant de nombreux manifestants.

Lin a confié à Epoch Times le 14 février qu’il a eu envie de s’engager dans le mouvement des feuilles blanches après avoir vu des vidéos et des photos en ligne de manifestations à Shanghai l’année dernière.

Tôt le 27 novembre, il a assisté aux manifestations sur la rue Urumqi à Shanghai, un endroit où les gens rendaient hommage aux victimes de l’incendie d’Urumqi.

Sur place, il a vu comment la police traitait les manifestants.

« J’ai roulé à vélo vers le carrefour de la rue Urumqi. Là, j’ai vu quatre hommes faire monter de force un homme dans une voiture de police. » Il a sorti son téléphone portable pour filmer la scène, mais il a immédiatement été approché par deux hommes qui l’ont pointé du doigt en lui disant : « Pas de tournage ! » Il a tout de suite arrêté d’enregistrer et remis le téléphone dans sa poche.

Cependant, après avoir pris quelques photos, il s’est fait violemment agresser par six policiers. « J’ai vu que d’autres personnes me filmaient. Je me suis débattu avec les policiers (…) J’ai essayé de leur faire gagner du temps autant que possible, en espérant qu’ils [enregistreraient] le moment et le diffuseraient sur Internet. »

Les policiers l’ont jeté à l’intérieur de la voiture de police et l’ont frappé à la tête.

Au poste de police, il a vu quatre autres jeunes manifestants de son âge. Il a également entendu une conversation entre la police et le garde de sécurité. Selon leurs paroles, le nombre d’arrestations entre le soir du 26 février et le début de la matinée du 27 février était si élevé qu’ils ont dû les transférer dans d’autres postes de police.

Lin déclare que la police a pris ses photos d’identité, ses empreintes digitales et l’empreinte de ses paumes. La numérisation de l’iris a échoué en raison d’un dysfonctionnement de la machine. La police a essayé de recueillir des échantillons de sang, sa signature et d’enregistrer sa voix, mais il a refusé de coopérer.

Torture appelée « banc du tigre ». L’élévation des jambes au fil du temps provoque une douleur atroce. (Minghui)

Il ajoute que la police a frappé sa tête contre le mur en béton, et qu’un policier lui a donné un coup de pied si fort que le policier a perdu sa chaussure. Il a fait l’expérience de la torture du « banc du tigre ». « C’est très douloureux, je n’osais pas bouger le moins du monde. »

Le banc du tigre est une des tortures souvent employées par la police communiste. La victime est assise sur un banc, les jambes tendues et attachées au banc par des sangles. Des briques ou d’autres objets durs sont placés sous les talons de la victime, et d’autres couches sont ajoutées jusqu’à ce que les sangles soient tendues, provoquant une douleur insupportable.

« Je proteste contre la restriction de ma liberté d’expression », a déclaré Lin à la police. « J’ai demandé à un policier pourquoi il m’avait battu, et il m’a répondu : ‘Qui va prouver que je t’ai battu ?' »

Lin n’a été libéré que dans la matinée du 28 novembre.

La police lui a expliqué qu’il avait été arrêté au motif de « provocations et troubles », et qu’il avait été « convoqué verbalement ».

Lin confirme qu’il a discuté avec la police. Selon lui, lorsqu’un pays fait preuve d’une telle peur à l’égard de son peuple qu’une personne ordinaire peut être arrêtée pour être passée à bicyclette, avoir pris quelques photos et avoir filmé les bâtiments voisins et les vues de la rue, la situation est déjà désespérée.

Il a exigé que la police consigne les dommages corporels qu’il a subis dans les documents supplémentaires. Cependant, la police a refusé de délivrer des papiers pour son arrestation. Seule une convocation écrite donne lieu à un document, lui a-t-on expliqué.

Une fois rentré chez lui, il a découvert que sa famille avait appris qu’il avait été arrêté pour trouble de l’ordre public. « C’est complètement différent de ce qu’ils m’ont dit au poste de police. C’est totalement absurde. »

Les jeunes intransigeants

Lin admet qu’il est traumatisé par l’incident. « Quelques secondes de plus dans le poste de police, et j’aurais pu m’effondrer totalement. Il est difficile d’imaginer comment j’ai réussi à m’en sortir. »

Des cauchemars le poursuivent depuis, et il se réveille souvent.

Il est très inquiet à l’idée que le régime puisse exercer des représailles contre lui, et que la police puisse venir l’emmener à nouveau.

« Je suis profondément déçu par le système politique et judiciaire et le niveau de liberté en Chine aujourd’hui. »

Par contre, il ajoute que rien n’arrêtera sa détermination à poursuivre la démocratie et la liberté. « Je pense que tout le monde devrait se lever courageusement et que nous devrions créer ensemble l’atmosphère nécessaire pour accélérer l’effondrement du PCC. »

Il souligne que l’incendie d’Urumqi a fait jaillir une colère longtemps refoulée.

Lorsque l’occasion se présentera, Lin espère « fuir la Chine dès que possible ».

Zhao Fenghua et Hong Ning ont contribué à cet article.

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