Les retraités de Guangzhou manifestent contre la coupe drastique des versements liés à leurs cotisations médicales

Par Sophia Lam
4 février 2023 17:58 Mis à jour: 4 février 2023 18:17

D’importantes foules se sont rassemblées le 11 janvier 2023 devant un bureau local des ressources humaines et de la sécurité sociale à Guangzhou. Ces manifestants protestaient contre une réduction soudaine des versements sur leurs comptes personnels de l’assurance médicale, selon une vidéo de l’événement mise en ligne.

Il s’agit de la plus récente manifestation d’une série de mobilisations massive à Guangzhou. La capitale du Guangdong est un pôle majeur du commerce dans le sud de la Chine. Certains manifestants ont déclaré à l’édition chinoise d’Epoch Times qu’ils protestaient depuis que les coupes sur les paiements ont commencé au mois de décembre.

« Le gouvernement [de Guangzhou] a réduit notre assurance médicale individuelle de deux tiers depuis décembre dernier. Celle-ci est passée de 484 yuans (65 euros) par mois à 160 yuans (20 euros) par mois », explique M. Lin, un habitant de Guangzhou, au micro d’Epoch Times.

M. Lin n’a donné que son nom de famille par crainte de représailles de la part du régime.

L’assurance médicale personnelle est une ressource financière très importante pour les retraités. Ils l’utilisent pour couvrir une variété de frais médicaux. Elle est utile pour payer les frais de consultation externe, certains traitements médicaux, les examens, les scanners et les médicaments achetés dans les hôpitaux ou les pharmacies.

M. Lin ajoute que les retraités ont également protesté devant les bâtiments des gouvernements provinciaux et municipaux au mois de décembre.

« Nous sommes allés au Bureau des lettres et des visites de la province de Guangdong et au Bureau de la sécurité des soins de santé de la municipalité de Guangzhou le mois dernier, mais les responsables ont refusé de venir nous rencontrer. »

M. Liu (pseudonyme), un employé retraité d’une usine de production d’acier, explique à Epoch Times que plus de 1000 retraités ont participé à la manifestation devant le Bureau de la sécurité des soins de santé de Guangzhou le 11 janvier.

« Nous nous rendons désormais deux fois par semaine aux Bureau des lettres et des visites, pour exiger que le gouvernement nous rende notre argent. »

Le régime utilise le Bureau des lettres et des visites pour gérer les pétitionnaires chinois qui déposent des plaintes contre les autorités. Wu Shaoping, avocat chinois spécialisé dans les droits de l’homme, qualifie ce bureau de « piège du système » pour les pétitionnaires, car il s’agit « d’un simple stratagème pour que la population épuise à la fois son temps et son argent ».

Comme on peut le voir dans les vidéos de la manifestation du 11 janvier mises en ligne, des véhicules de police étaient alignés dans la rue et surveillaient de près les manifestants. D’autres policiers attendaient à l’intérieur des bus garés à proximité. La police a barricadé le site de la manifestation. Dans une des vidéos disponibles en ligne, des manifestants négociaient avec un homme à l’extérieur du bâtiment du gouvernement. Dans une autre vidéo, un retraité était battu par la police.

Epoch Times n’a pas été en mesure de vérifier l’authenticité des vidéos.

M. Lin a publié les revendications des manifestations sur les médias sociaux. Elles ont rapidement été supprimées par les censeurs Internet du régime.

Les retraités dénoncent des déductions de paiement illégales

Les retraités expliquent que les versements effectués sur leurs comptes personnels d’assurance médicale sont le fruit de leurs propres cotisations et de celles versées par leurs employeurs durant toute leur vie active.

M. Lin a cotisé pour ses fonds d’assurance médicale pendant plus de 20 ans.

« L’argent sur nos comptes personnels d’assurance médicale n’est pas un crédit du gouvernement. C’est notre propre contribution prélevée sur nos revenus mensuels. Le gouvernement n’a pas le droit de prendre notre argent de notre compte personnel, c’est illégal. »

Les habitants de Guangzhou et leurs employeurs, explique M. Lin, devaient verser respectivement 2% et 8% de leur salaire mensuel à l’assurance médicale commune de la ville. Les retraités recevaient des versements mensuels de 65,85 euros sur leur compte personnel d’assurance médicale avant que les autorités locales ne modifient leur politique pour réduire ces versements.

Les autorités provinciales et municipales, ont publié de nouveaux documents sur l’assurance médicale en 2021 et 2022, mais aucun ne mentionnait les montants spécifiques qui seraient versés aux employés ou aux retraités.

Le gouvernement provincial a toutefois publié un article d’un média public local expliquant les changements apportés aux politiques d’assurance médicale. L’article indique que les retraités reçoivent 169 yuans (environ 23 euros) par mois sur leur compte médical personnel, conformément aux nouvelles politiques. Il est également écrit que le gouvernement municipal va « échanger » les fonds d’assurance médicale personnelle contre une assurance médicale sociale commune.

M. Liu explique qu’il a été contraint de payer plus de 100.000 yuans (13.500 euros) au titre de la sécurité sociale et de l’assurance médicale avant de pouvoir prendre sa retraite avec une pension de retraite et une assurance médicale. « Ce sont des assurances privées que nous avons achetées avec notre propre argent. »

M. Li (pseudonyme), un retraité de Guangzhou, reproche aux gouvernements locaux d’avoir un comportement abusif et de violer la loi chinoise.

« Les gouvernements ont dit que notre argent [l’assurance médicale personnelle] était du gaspillage, car c’est de l’argent qui dort à la banque. Ils ont dit qu’ils n’avaient pas besoin de nous payer autant puisque nous n’utilisions pas cet argent déposé, que cela voulait dire que nous n’avions pas besoin d’autant d’argent », explique M. Li en colère.

« Veulent-ils aussi prendre l’épargne personnelle des gens à la banque ? Peuvent-ils dire qu’ils ne vous paieront pas de salaires parce que vous avez des dépôts à la banque ? »

Déficits croissants

M. Lin pense que les paiements ont été réduits parce que les gouvernements locaux souffrent de déficits financiers, causés par les trois dernières années de politique zéro Covid.

« De nombreuses entreprises ont fait faillite au cours des trois dernières années en raison des confinements. Comment le gouvernement peut-il avoir de l’argent quand les entreprises s’effondrent ? »

En plus des revers économiques, les autorités ont dépensé des sommes importantes pour les mesures de prévention et de contrôle du Covid. La province de Guangdong a dépensé un total de 146,8 milliards de yuans (21,65 milliards de dollars) pour maintenir au cours des trois dernières années ses mesures de contrôle de l’épidémie, comme les tests PCR de masse et la vaccination forcée.

« Cela dit, ils ne peuvent pas simplement piller l’argent des personnes vulnérables que nous sommes », explique M. Lin. Il ajoute que les retraités comptent sur les paiements de l’assurance pour payer leurs frais médicaux quotidiens.

« Dans le cas d’une maladie grave, qui va payer pour nous ? Même avec les 65, 85 euros qui nous ont été versés par le passé, nous n’avons pu économiser que 58.080 yuans (12.000 euros) en dix ans, à condition de ne pas dépenser un centime pendant cette période. Maintenant, avec 20 euros, nous ne pouvons même pas nous offrir des masques N95. »

Les multiples appels d’Epoch Times aux bureaux administratifs du Bureau municipal de la sécurité des soins de santé et du Bureau des ressources humaines et de la sécurité sociale le 24 janvier sont restés sans réponse.

Mais un homme qui a répondu à un appel sur la ligne d’assistance téléphonique du Bureau des ressources humaines et de la sécurité sociale. Il a refusé de donner son nom, mais a confirmé que 320 yuans soit 43 euros avaient été supprimés des paiements mensuels d’assurance aux retraités locaux et que l’argent appartenait à des comptes personnels. Cependant, il a déclaré que l’action n’était pas illégale.

« Ce n’est pas une déduction. Il s’agit seulement de réduire le paiement mensuel sur les comptes personnels, ce qui a été approuvé par des documents gouvernementaux », a-t-il déclaré.

Lorsqu’on lui a demandé s’il était légal de prélever des fonds sur les comptes personnels sans obtenir l’approbation des propriétaires, l’homme a répondu : « Si les retraités ont des plaintes, je peux les écrire et les signaler aux départements [gouvernementaux] concernés pour qu’ils s’en occupent. »

Zhao Fenghua et Hong Ning ont contribué à cet article.

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