La Manif pour tous: le gouvernement affirme l’interdiction de la GPA

6 octobre 2014 16:29 Mis à jour: 23 novembre 2016 16:30

La Manif pour tous (LMPT) a réuni près de 100.000 participants dimanche à Paris et à Bordeaux. Le mouvement, commencé en 2012, a montré le visage d’une France traditionnellement attachée à la famille et ne se reconnaissant pas dans les propositions du gouvernement. Manuel Valls a voulu rassurer la semaine dernière en affirmant être opposé à la gestation pour autrui (GPA), une pratique de «commercialisation des êtres humains et de marchandisation du corps des femmes», intolérable selon lui. La France entend également promouvoir une initiative internationale pour la règlementation entre les États.

Ne pas toucher à l’intime et aux croyances

La Manif pour tous ce weekend a montré une nouvelle fois la pérennité du mouvement et de ses partisans. Commencé le 17 novembre 2012, en réponse au projet de loi Taubira sur le mariage pour personnes de même sexe, le mouvement a pris une ampleur qu’aucun sociologue ou politologue n’aurait su présager: six manifestations de grande ampleur, dont deux regroupant près d’1 million de personnes. Avec cette dernière manifestation, le gouvernement semble avoir compris le message venant d’une base solide de la population défendant un modèle familial «naturel» comme fondement de la société française.

C’est donc la carte de l’apaisement que Manuel Valls a jouée quelques jours auparavant, avouant avoir changé d’avis sur la GPA et reconnaissant au débat public la vertu d’avoir fait évoluer les positions du gouvernement. «Je crois qu’on ne peut pas aller vers ce type de procréation qui remettrait en cause nos valeurs et nos principes», a déclaré le Premier ministre lors du point presse du 3 octobre à Matignon. Il précisait sa pensée au journal La Croix: «La famille et les questions éthiques sont des sujets graves qui touchent à l’intime et aux croyances».

La GPA et la PMA pour les personnes de même sexe étaient en effet sous-jacentes au premier texte de loi sur le mariage pour tous de 2012. Ce qui appartenait aux règles naturelles de l’être humain allait être légiféré par des idées politiques de campagne. C’est pourquoi devant le tollé de l’opinion depuis deux ans, grâce à un débat plus approfondi, le gouvernement se dit maintenant strictement opposé à la légalisation de la GPA.

«Dans un monde ouvert où tout s’achète, où tout se vend, où les valeurs et les principes ne sont pas suffisamment hiérarchisés, le rôle de la loi, c’est de poser des limites, de garantir un socle de principes qui organisent la vie en société», a déclaré le Premier ministre.

Une question éthique sur la réglementation internationale

La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) avait condamné la France en juin dernier pour son refus de transcrire automatiquement les actes de filiation d’enfants nés par GPA à l’étranger. La France n’avait pas fait appel en insistant sur le fait que son droit national ne pouvait être remis en question par des actes commis à l’étranger.

Pour Manuel Valls, il est de la responsabilité des États de lutter contre la commercialisation des êtres humains. Une initiative politique sera ainsi menée au niveau international par le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius pour interdire la GPA à l’étranger aux ressortissants français. C’est une question éthique centrale pour la protection de l’enfant et la lutte contre la marchandisation du corps humain, qui doit être, selon le Premier ministre, au cœur des préoccupations de la communauté internationale.

La France est en effet un pays pionnier en matière d’éthique médicale à l’intérieur de ses frontières, mais n’a aucun moyen juridique d’appliquer cette loi lorsque que ses ressortissants vont à l’étranger.

Les exemples à l’étranger

L’évolution de la science médicale depuis 60 ans a largement dépassé les limites de son cadre éthique et juridique et des trafics parallèles de marchandisation du corps humain ont pris naissance dans le même temps.

Des fermes de mères porteuses sont apparues en Inde, profitant de la misère et de la détresse des femmes devenues des machines à gestation. En Amérique du Sud, aux Philippines, au Pakistan, au Kosovo, s’est développée une mafia des organes tenue par le crime organisé. En Chine, à grande échelle, on prélève les organes des prisonniers de conscience dans les sous-sols des hôpitaux militaires. Ce trafic très lucratif vient alimenter le tourisme de transplantation.

La marchandisation du corps humain ouvre ainsi un monde où l’homme, selon l’expression devenue courante, «est un loup pour l’homme» et se résumerait à la somme financière de ces organes, excluant ainsi les fondements de la civilisation: une âme indivisible et unique pour chacun de ses citoyens, un respect des valeurs et des principes éthiques, et un socle moral pour les générations à venir.

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