Mexique : les prêtres en première ligne paient un lourd tribut à la violence des cartels

Des personnes visitent la paroisse San Francisco Javier, où les deux prêtres jésuites Javier Campos Morales et Joaquin Mora ont été assassinés le 20 juin dernier, à Cerocahui, au Mexique, le 6 mars 2023.
Photo: PEDRO PARDO/AFP via Getty Images
Un nouveau prêtre catholique a été assassiné dans l’État mexicain du Guerrero, région gangrenée par les groupes criminels.
Le père Bertoldo Pantaleon Estrada, 58 ans, avait disparu lundi matin avant que son corps ne soit retrouvé quelques heures plus tard, a annoncé le parquet, qui a ouvert une enquête pour homicide volontaire. Selon un rapport cité par la presse locale, le religieux présentait plusieurs blessures par balles.
Originaire du diocèse de Chilpancingo-Chilapa, le père Estrada exerçait provisoirement dans une zone montagneuse du Guerrero. Il avait été vu pour la dernière fois dans la commune de Cocula, voisine du district d’Eduardo Neri, où son corps a été découvert. Le diocèse a confirmé son décès et indiqué que sa dépouille serait exposée dans une église de la région.
L’Église catholique, cible récurrente de la criminalité
Ce meurtre s’inscrit dans une série d’attaques qui visent depuis plusieurs années des membres du clergé mexicain. Selon les médias locaux, une dizaine de prêtres ont été tués depuis 2018 dans des contextes liés au crime organisé. Le 20 octobre 2024, le père indigène et défenseur des droits humains Marcelo Pérez avait été abattu dans le Chiapas, au sud du pays. Deux ans plus tôt, les jésuites Javier Campos Morales et Joaquín César Mora Salazar étaient exécutés dans leur église de Chihuahua, un drame qui avait suscité une vague d’indignation internationale.
Une Église engagée au milieu des cartels
Depuis près de vingt ans, le Mexique subit une violence endémique alimentée par les cartels de la drogue, responsables d’environ 30.000 homicides chaque année. Dans ce contexte, l’Église catholique s’est retrouvée à la fois victime et actrice : certains prêtres, notamment dans le Guerrero, ont servi de médiateurs entre bandes rivales, cherchant à instaurer des trêves locales pour protéger les communautés.
Ces tentatives de dialogue, menées au péril de leur vie, symbolisent le rôle de l’Église mexicaine dans une société minée par les enlèvements, les extorsions et les affrontements armés. Le meurtre du père Bertoldo Pantaleon Estrada rappelle tragiquement la vulnérabilité des religieux au cœur d’un pays où la foi côtoie quotidiennement la violence.
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