Au nom de la lutte contre la pandémie, la Chine renforce l’État de surveillance

Par Frank Fang
3 octobre 2020 15:42 Mis à jour: 4 octobre 2020 08:50

Le régime chinois a profité de la pandémie actuelle pour renforcer la surveillance des citoyens, notamment en faisant en sorte que les bureaux de sécurité locaux – comparables aux services de police – travaillent en étroite collaboration avec les hôpitaux et autres institutions médicales.

Sur la base d’un certain nombre de documents ayant fait l’objet de fuites, obtenus par Epoch Times, et d’un examen des annonces faites par les autorités chinoises, la police a obtenu de larges pouvoirs pour collecter des données sanitaires et suivre les mouvements des citoyens au fur et à mesure que les autorités ont tenté d’arrêter la propagation du virus du Parti communiste chinois (virus du PCC*), communément appelé le nouveau coronavirus.

Collecte de données

Dans un document divulgué par la commission de la santé du district de Daxing à Pékin le 26 juin, les autorités ont demandé que la police et les responsables de la santé travaillent en étroite collaboration pour « entrer dans les foyers et enquêter ».

L’opération a été baptisée « les bureaux de sécurité inspectent et recueillent des données importantes », la police enregistrant les entretiens avec les personnes à domicile. Les responsables de la santé devaient ensuite collecter des échantillons biologiques, y compris des prélèvements dans la gorge et du sang, auprès de « personnes à haut risque » qui s’étaient rendues sur un marché local appelé Xinfadi.

À la mi-juin, la ville de Pékin a connu une nouvelle vague d’infections. Les autorités locales ont affirmé que le marché Xinfadi était le point de départ de l’épidémie.

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Dans un avis daté du 26 juin, publié par les autorités sanitaires de la ville de Baoding, dans la province de Hebei, celles-ci ont énuméré les principales tâches des équipes gouvernementales spéciales mises en place pour combattre le virus. « L’effort de collecte de données importantes ne doit pas être relâché », indique l’avis. Les autorités doivent identifier des « cibles importantes » qui seront testées pour le virus dans les trois jours suivants, ajoute-t-il.

La collecte de données importantes implique également l’utilisation de caméras de reconnaissance faciale. Par exemple, le bureau de sécurité, ou la police, du comté de Wenshang, dans la province du Shandong, en Chine orientale, a annoncé sur son compte de média social Weixin en février qu’il venait de terminer la mise à niveau de ses caméras de surveillance dans la région afin de lutter contre le virus du PCC.

Selon le post sur Weixin, des caméras de reconnaissance faciale à haute résolution ont été installées dans 3 hôpitaux publics locaux, 14 centres de santé et 30 supermarchés.

La police de Wenshang a demandé à ces endroits de « renforcer leurs efforts » pour s’assurer que les caméras restent en ligne, car elles seraient utilisées pour des « enquêtes épidémiologiques ».

Les articles des médias d’État sur ces enquêtes décrivent la recherche des personnes avec lesquelles les patients infectés ont pu être en contact.

Et à Shanghai, la police a exigé que les établissements de santé de la ville installent des caméras de reconnaissance faciale capables de distinguer les visages des personnes même lorsqu’elles portent un masque, selon une annonce du 13 mars. Elle a également demandé à ces établissements d’acheter un système qui pourrait transmettre les données à la police.

Les autorités chinoises ont également adopté l’utilisation généralisée des applications du code de la santé pour surveiller les mouvements des personnes. Un code-barres indiquant le risque face au Covid-19 d’un citoyen est scanné aux points de contrôle publics ou, dans certains cas, à l’entrée de son immeuble d’habitation.

Dans au moins une région, l’application du code de la santé a été développée par la police locale. En février, la police de la bannière (division administrative) de Hure, située en Mongolie intérieure, a déclaré qu’elle avait réussi à étendre un système d’enregistrement existant pour surveiller les personnes entrant et sortant de la région à un système de code QR destiné à être utilisé dans toutes les « institutions médicales » de la région, selon les médias publics chinois.

Ce type de suivi des déplacements des personnes dans les lieux publics soulève des préoccupations en matière de protection de la vie privée, a déclaré Mme Chou Kuan-ju, responsable de projet au sein de l’ONG Taïwan Association for Human Rights, basée à Taïwan.

« La méthode est-elle proportionnée ? Collecte-t-elle le minimum de données nécessaires pour contenir la pandémie ? … Une fois les outils de surveillance mis en place, il pourrait être difficile de l’arrêter à l’avenir », a déclaré Mme Chou dans une interview par courrier électronique.

On ne sait pas non plus si les autorités supprimeront ou conserveront les données qu’elles collectent, a ajouté Mme Chou.

Elle s’inquiète également de savoir s’il existe un moyen pour les citoyens de « contester les décisions prises grâce à ces systèmes de traçage ».

Une étroite collaboration

La pandémie a également permis à la police chinoise d’étendre sa présence physique dans les établissements de santé.

La commission de la santé du gouvernement municipal de Pékin a publié un document le 18 juin, exigeant que les centres locaux de prévention des maladies envoient chacun une personne de leur équipe au bureau de police de la ville. Cette personne doit être disponible 24 heures sur 24. En outre, ces centres doivent communiquer immédiatement au bureau de police « les informations de base concernant tous les cas d’infection ».

La commission de la santé a affirmé que ces mesures étaient destinées à « faciliter la communication » dans le cadre d’un effort visant à mieux traquer les personnes qui sont entrées en contact avec les personnes infectées par le virus.

Deux annonces publiques montrent également que les unités de police ont été mobilisées pour imposer un contrôle social strict pendant la pandémie.

L’hôpital général de la marine marchande du fleuve Yang Tsé, situé à Wuhan – où le virus est apparu pour la première fois – a adressé une lettre de remerciement à la police locale en mars. L’hôpital a remercié la police d’avoir posté des agents à l’hôpital 24 heures sur 24 et de « faire un bon travail dans le contrôle de la stabilité de la pensée des patients et de leurs familles ».

Un mois plus tôt, le 15 février, la police du comté de Changbai, situé dans la province de Jilin au nord-est de la Chine, avait déclaré sur son compte Weixin qu’elle avait affecté ses agents aux hôpitaux du comté 24 heures sur 24 dans le but de « maintenir une forte stabilité ».

Les termes « stabilité de la pensée » et « maintenir la stabilité » sont le jargon du Parti communiste pour contrôler les populations locales.

Par exemple, le terme est utilisé dans les annonces des autorités du Xinjiang concernant l’élimination de toute indication de protestation ou de dissidence publique. Le régime chinois a fortement réprimé la population locale des Ouïghours et d’autres minorités ethniques musulmanes, notamment en détenant environ un million de personnes dans des camps de concentration.

* Epoch Times qualifie le nouveau coronavirus, à l’origine de la maladie Covid-19, de « virus du PCC » parce que la dissimulation et la mauvaise gestion du Parti communiste chinois ont permis au virus de se propager dans toute la Chine et de créer une pandémie mondiale.

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